La rénovation du siège de la BMCI soulève une polémique stérile

Pour ou contre le vert de la façade du siège de la BMCI de Casablanca ? La réhabilitation du vieil immeuble qui a certainement contribuée à l’amélioration d’un quartier en décrépitude tombe dans une polémique cocasse relayée par le lynchage médiatique d’un architecte de talent.

Dans la foulée de la rénovation de son siège social, la BMCI a gratifiée la ville de la réhabilitation et de la mise à niveau du passage souterrain de la place Mohamed V. Une action à saluer bien bas quand on connaît l’état de désuétude dans lequel se trouvait cette œuvre du grand architecte Jean François Zévaco construite par une des plus grandes entreprises de l’époque : la SMECC ( Société Marocaine des Entreprises Cantavénéra et Chisari).

L’architecte, très exigeant, avait trouvé à l’occasion de ce chantier, Guissepe Chisari, un entrepreneur sicilien compétent, venu avec son père au Maroc au début du siècle. La banque a donc restauré, non pas un simple passage souterrain, un banal ouvrage d’art pratique et essentiel à la mobilité des hommes et des véhicules, mais un monument de la ville que les Casablancais ont érigé en repère incontournable du centre ville historique. Rappelons qu’au temps de sa splendeur, la fontaine centrale de ce passage où scintillaient des pièces blanches ( anciennes 5 centimes ) et jaunes (au-delà) que jetaient les passants. Mais revenons à la polémique autour de la réhabilitation de ce bâtiment de l’architecte Courtois.

Cette banque, une des plus grandes de l’hexagone, aurait pu construire un nouveau siège ailleurs pour répondre aux nouvelles exigences du métier. Elle a choisi le parti, courageux, d’investir dans la rénovation coûteuse de la façade, et ainsi de mieux s’investir dans la restauration du quartier même.

On espèrerait qu’un tel geste pourrait contaminer positivement l’ensemble du secteur. Elle fait appel donc à un des architectes des plus connus et talentueux du Maroc, Aziz Lazrak. Ce dernier est au fait des derniers développements de l’architecture en Europe et outre Atlantique notamment en matière de rénovation de bâtiments anciens.

Qui ne connaît pas aujourd’hui l’intervention de l’architecte Pei au musée du Louvre avec sa célèbre Pyramide plantée dans la cour centrale. Bien entendu elle a soulevé, elle aussi, lors de sa construction, des débats houleux entre les « conservateurs » du touche pas à mon patrimoine et les « pragmatiques » tenant d’une approche contemporaine qui voudrait qu’un bâtiment, fut-il classé patrimoine historique doit être rénové et restauré dans une approche actuelle ou chaque époque doit laisser sa trace.
Ce qui n’enlève en rien à l’aspect historique originel. Bien au contraire celui-ci étant le plus souvent magnifié par son opposition au rajout heureux de circonstance qui lui donne la réplique. Et quelle réplique ! La Pyramide du Louvre est aujourd’hui érigée en monument national. Plus que ça, elle est devenu le symbole du musée à telle enseigne que le livre Da Vinci Code en a fait le décor d’un des plans les plus importants d’ailleurs abondamment repris par le film. Cet exemple n’est pas isolé et toutes les grandes villes d’Europe se targuent d’avoir un monument rénové par une star internationale de l’architecture.

L’Opéra de Lyon par Jean Nouvel, …. Aziz Lazrak est donc chargé de donner un nouveau look à la façade d’un bâtiment, certes intéressant mais qui n’est tout de même pas classé monument historique. Il le fait, tout en douceur, sans dénaturer le projet initial en changeant le granit du soubassement et des premiers niveaux (lui-même non original ) par un marbre vert. Clin d’œil sans doute au vert du logotype de la banque. Il rajoute une résille métallique aux derniers niveaux ce qui confère à l’ensemble du bâtiment une nouvelle dynamique plus aérienne.

L’architecte respecte à la lettre le règlement de la ville qui précise que les mûrs doivent être peints en blanc et les matériaux laissés dans leur couleur naturelle. Placé au début du boulevard Mohamed V, on espérait que cette rénovation puisse être le point de départ de la mise à niveau du centre ville historique tant attendue. Mais voilà que, les travaux étant presque finis, une polémique surgit relayée en cela par des journalistes incompétents en la matière et manipulés par des forces occultes non moins qualifiées. Ces derniers, soucieux soudain de l’esthétique de la ville, manifestent brutalement un sursaut d’orgueil pour celle-ci. Ils s’en prennent à un architecte dont le talent n’est pas à démontrer.

La commission esthétique, autrefois malvoyante tant les irrégularités et autres atteintes à la beauté de la ville sont flagrantes, est brutalement ranimée, instamment priée de réagir dans le sens de ceux qui en détiennent les rennes. Que cache cette agression orchestrée par des personnes, qui si elles sont certainement ingnarantes en la matière, devraient se rincer l’œil chaque matin et, du haut de leurs bureaux, au demeurant bien situés, relever les multiples infractions faites au règlement de la ville ?

ARTICLE PAR La Rédaction
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