Youssra Soufiani, architecte marocaine DPLG et également architecte du patrimoine; est diplômée de l’École Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux en 2007 et de l’ENA et Chaillot en 2017. Après 3 années en agence à Paris elle revient au Maroc pour intégrer une grande structure à Rabat. Une belle expérience qui a duré onze années.
Ce n’est que récemment, en 2020, qu’elle décide de fonder 83ARCHITECTES, agence d’architecture et d’architecture du patrimoine, où elle expérimente humblement tous les champs des possibles, avec un vision architecturale épurée, insérée, renouvelant la ville à travers ses différents patrimoines.
A+E // Quelle est votre définition du métier d’architecte ?
Youssra Soufiani : « Être architecte pour moi, c’est être à l’écoute des besoins et des moyens des maîtres d’ouvrage, de l’environnement, du site, de la culture ; les synthétiser et les traduire en un espace adapté où le bien être est roi. C’est avoir comme outil de travail, en plus du crayon et du carnet, les rayons du soleil, l’ombre des arbres la texture et la robustesse des matériaux et enfin les rêves des clients. »
A+E // Quel a été votre leitmotiv vers les études d’architecture ?
Y.S : « L’obsession du dessin et le rêve d’un toit pour tous. La justice sociale a toujours été une question majeure depuis mes premiers questionnements philosophiques. »
A+E // Pensez-vous avoir fait le bon choix, ou auriez-vous préféré exercer un autre métier ?
Y.S : «Oh oui !! J’ai toujours été trop rationnelle et raisonnable pour être artiste ou historienne de l’art en me plongeant corps et âme dans une discipline comme celles-ci (Alors que je suis passionnée par ces deux domaines). Et en même temps j’étais trop attirée par l’esthétisme de l’espace, la plastique des matériaux et l’équilibre que produit la lumière pour ne pas devenir architecte. Donc oui, l’architecture est le bon compromis pour moi, entre le premier art et l’ancrage social et culturel, je suis comblée.»
A+E // Quel autre métier auriez-vous aimé exercer ?
Y.S : «Peut-être curatrice. Toujours dans les arts et leur disposition dans l’espace.»
A+E // Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes futur(e)s architectes ?
Y.S : «Je dirais d’abord, ne pas baisser les bras trop vite. On essaye, on recommence, encore et encore et ça finit par payer. Le sérieux et la persévérance payent. Travailler son réseau aussi. Être confiant et constamment optimiste fait pousser des ailes, libère l’esprit en plus de rendre heureux. Ensuite je conseille de se spécialiser autant que possible et d’approfondir tous les sujets sur lesquels on bute. Et il va y en avoir plusieurs. Et c’est normal de ne pas être au point en quittant l’école d’architecture.»
A+E // Qu’avez-vous à dire aux jeunes architectes diplômés à l’étranger qui hésitent à rentrer exercer au Maroc ?
Y.S : «Le choix peut parfois être cornélien (pour être moi-même passée par là) mais nous vivons une phase de changement et de renouveau en architecture au Maroc. Nous assumons ce que nous sommes culturellement ce qui libère notre imaginaire et donne plus d’assurance à la production architecturale du Maroc d’aujourd’hui et de demain. Beaucoup de choses restent à faire et tout le monde peut y trouver son compte. Alors venez, et si jamais vous n’êtes pas satisfaits, le chemin peut se refaire dans l’autre sens. Tout est réversible.»
A+E // Quel changement majeur pensez-vous qu’il serait nécessaire de faire dans le domaine de l’architecture au Maroc ?
Y.S : «Que le copinage et la corruption s’arrêtent et que l’objectivité règne.»
Sans transition :
A+E // Le métier d’architecte en 1 mot ?
Le rêveur déterminé ( Je sais ça en fait deux …)
A+E // Le métier d’architecte en 1 proverbe ou citation ?
“Toute beauté est fondée sur les lois des formes naturelles. L’architecture d’une ville est d’émouvoir et non d’offrir un simple service au corps de l’homme.” John Ruskin.
A+E // Si le métier d’architecte était une personne ou un personnage ?
Sinan, dans le roman de Elif Shafak, L’architecte du Sultan.
A+E // Le métier d’architecte en 1 poème ?
Plutôt, un texte, un extrait de : Espèces d’espaces, Georges Perec
A+E // Au final être architecte c’est ……. ?
C’est avoir les pieds dans le ciment, la tête dans les nuages et l’esprit dans les étoiles.
A+E // 1 image de votre choix qui illustre la question :pourquoi avez-vous fait de l’architecture votre métier ?
