Plus qu’une toile de fond, les décors cinématographiques sont les architectes silencieux des émotions, des intrigues, et des histoires que le septième art a à offrir. Au cœur de chaque chef-d’œuvre cinématographique réside un univers visuel, une symphonie de décors soigneusement orchestrée pour éveiller les sens et donner vie aux histoires.
Dans la suite tant attendue, A+E Magazine vous plonge à nouveau dans l’univers captivant des décors de films, dévoilant une nouvelle trinité de joyaux cinématographiques.
1 // DON’T WORRY DARLING – OLIVIA WILDE (2022)
Prenant place dans les années 1950 aux États-Unis, le film Don’t Worry Darling d’Olivia Wilde remet à l’ordre du jour l’une des périodes historiques les plus emblématiques de l’histoire du design et de l’architecture – le Mid Century Modern. Caractérisé par la fusion distinctive de la fonctionnalité, de l’esthétique épurée et de l’innovation matérielle, le Mid Century Modern incarne une quête d’équilibre entre simplicité et durabilité.
Porté par une dimension visuelle saisissante, Don’t Worry Darling a pour objet d’interroger les normes et façades façonnées par la société ainsi que les rôles de genre.
Au-delà d’un apport esthétique, les décors constituent une extension de la psychologie des personnages. Les vastes espaces ouverts renferment de lourds secrets, créant une tension narrative tangible. La palette de couleurs neutres, en apparence minimaliste, occulte une complexité aux ramifications obscures, étoffant ainsi la contenance émotionnelle du récit. À l’intérieur, chaque détail du design et de la décoration est méticuleusement soigné. Du mobilier d’époque aux luminaires feutrés, le décor renvoie à une impression de bien-être et de prospérité.
©New Line Cinema
Imaginée en 1949 par l’architecte autrichien Richard Neutra, La Kaufmann Desert House est une résidence emblématique de Palm Springs. Constituant l’apogée de l’archétype des maisons californiennes, la Kauffman Desert House se caractérise par ses lignes épurées, ses toits en porte à faux et ses proportions élégantes. Introduite comme pièce maîtresse, la Kauffman Desert House constitue un élément visuel essentiel à la compréhension du long-métrage. L’architecture transparente et l’utilisation du désert comme fond de toile renforcent la dimension mystérieuse du récit.
©New Line Cinema
2 // THE GRAND BUDAPEST HOTEL – WES ANDERSON (2014)
Paru en 2014, The Grand Budapest Hotel constitue l’empreinte cinématographique du réalisateur Wes Anderson à son paroxysme. Ici, l’architecture et la décoration conditionnent la narration du film ainsi que le déroulement des événements. Prenant place dans un hôtel inspiré des grands palaces européens du XXe siècle, la décoration est imaginée à l’image d’un melting pot stylistique.
©Fox Searchlight Pictures
Généreusement décorés, les espaces intérieurs et les façades du Grand Budapest Hotel puisent leur inspiration dans les codes décoratifs des mouvements de l’Art Nouveau et de l’Art Déco. L’aspect nostalgique et fastueux de l’établissement, est matérialisé à travers des teintes chaudes et saturées tels que le rouge vif, le jaune et le violet, mais également par le biais de nuances plus tendres, telles que le rose poudré, le lilas et le bleu pastel.
©Fox Searchlight Pictures
La composition symétrique renforce l’identité stylistique de l’univers à la fois fantaisiste et despotique de Wes Anderson. Chaque détail ornemental est pensé et placé avec minutie, afin de conserver l’harmonie visuelle et l’équilibre artistique des décors. Des antiquités, des porcelaines raffinées, des papiers peints floraux et des ornements exquis sont présents dans chaque recoin du palace. Enfin, les espaces sont généreusement étoffés à travers des tapisseries, revêtements, lustres et mobiliers apportant une dimension opulente, frôlant la démesure.
©Fox Searchlight Pictures
3 // MIDSOMMAR – ARI ASTER (2019)
Réalisé par Ari Aster, Midsommar plante son décor au cœur des plaines suédoises, dans lesquelles se tient la célébration du solstice d’été au sein d’une communauté païenne. Toutefois, cette atmosphère festive et joviale devient progressivement, le théâtre d’une vision d’horreur.
Méticuleusement travaillée, la démarche cinématographique du film se caractérise par une approche hautement visuelle dont le mot d’ordre est le contraste. Le décor, à l’esthétique singulière, joue un rôle prépondérant dans la création d’une dissemblance entre les paysages apaisants et l’horreur inhérente au récit. En effet, l’environnement visuel du film constitue une clé de lecture dans cette dichotomie, servant non seulement de toile de fond visuelle, mais aussi d’élément narratif crucial.
©B-Reel Films + Parts & Labor
L’esthétique du film se déploie dans un tableau visuel captivant, imprégné d’une luminosité enchanteresse qui évoque initialement une ambiance idyllique. Cette harmonie palpable, renforcée par des palettes de couleurs vives et des compositions visuelles soigneusement élaborées, crée une atmosphère en totale contradiction avec la terreur imminente du récit. L’utilisation judicieuse de la lumière naturelle, des motifs floraux et des éléments architecturaux traditionnels confère au film une splendeur authentique qui masque subtilement la noirceur de son contenu.
©B-Reel Films + Parts & Labor
Le village suédois pittoresque, élément central du film, n’est pas simplement un cadre, mais un protagoniste silencieux qui préfigure l’horreur à venir. Chaque détail du paysage devient un élément symbolique, évoquant l’intrigue macabre qui se déroule au sein de cette communauté en apparence tranquille.
©B-Reel Films + Parts & Labor