O VILLAGE : une année de succès et de nouvelles ambitions

Depuis son inauguration, OVILLAGE s’est imposé comme une adresse incontournable à Sidi Maârouf. Installé sur le site historique de l’ancienne usine Coca-Cola, ce projet du groupe Yasmine Immobilier allie patrimoine industriel, modernité et convivialité. Plus qu’un simple centre commercial, OVILLAGE propose une expérience immersive où commerces, espaces de détente et animations rythment le quotidien des visiteurs.


À l’occasion de son premier anniversaire, Omar Berrada, directeur général de Yasmine Immobilier, et Younes Diouri, architecte fondateur de l’agence YDA Architects, reviennent sur cette première année d’exploitation, les défis relevés et les ambitions futures du projet.

Questions à Omar Berrada – Directeur Général de Yasmine Immobilier

A+E // OVILLAGE est bien plus qu’un espace commercial : c’est un véritable lieu de vie. Comment avez-vous réussi à créer une identité forte et à offrir une expérience unique aux visiteurs ?

Omar Berrada. : Nous avons eu la chance d’être bien accompagnés. Avant de construire l’identité d’Ovillage, nous sommes allés visiter des centres commerciaux de nouvelle génération en Europe et au Maroc. Nous avons alors été convaincu qu’il fallait prendre des risques pour affirmer une identité unique sans avoir peur de surprendre ou de contredire des codes préétablis. Puis l’équipe Yasmine a fait un travail remarquable pour créer une identité unique en cassant de nombreux codes du retail traditionnel : une place forte donnée au street art et à la culture pop marocaine, un choix assumé de l’anglais et de l’arabe comme langues de communication, des animations sans cesse renouvelées qui créent du lien et une offre de marques soigneusement sélectionnée.

A+E // Avez-vous prévu des évolutions ou des événements récurrents pour dynamiser encore plus ce lieu ?

O.B. : Comme Ovillage est un lieu de vie, nous investissons beaucoup de notre énergie à réfléchir à l’amélioration de l’expérience, à enrichir l’offre offerte, à surprendre nos visiteurs par des attentions et des animations. Cette année, une salle de sport (FITNESS PARK NDLR) de 2000 m2 ouvrira à Ovillage attirant davantage les salariés de Casa Near Shore. Deux restaurants sont en cours d’ouverture et viendront donner des options supplémentaires à ceux qui viennent 2 à 3 fois par semaine dans le centre. Nous étudions d’autres projets qui viendraient enrichir l’expérience et qui j’espère verront le jour d’ici fin 2025.

A+E // Quels sont les futurs développements prévus pour OVILLAGE ? Le groupe Yasmine Immobilier envisage-t-il de nouveaux aménagements ou projets similaires ailleurs ?

O.B. : L’équipe Yasmine étudie en ce moment plusieurs sites, à Casablanca et dans d’autres villes du Royaume pour développer le concept d’Ovillage : Un centre commercial à taille humaine, à ciel ouvert, avec une expérience unique. Nous lançons d’ailleurs un appel pour identifier des anciennes usines, en cœur de ville qui pourraient se prêter à ce type de projet.

A+E // En quoi OVILLAGE s’inscrit-il dans la vision plus globale de Yasmine Immobilier ? Ce concept est-il amené à évoluer ou à être dupliqué dans d’autres quartiers ?

O.B. : La mission de Yasmine Immobilier c’est d’offrir à la ville des bâtiments emblématiques qui offrent la meilleure qualité et la meilleure expérience à ses usagers. Cela peut être en bureaux, en centre commercial ou en résidentiel. Notre vision est que l’immobilier est en transformation profonde et suppose de non plus développer un segment, mais d’identifier des projets tout segment confondu qui puissent créer de la valeur pour l’entreprise et en même temps pour la ville. Quand ces deux conditions sont réunies, nous nous lançons.

A+E // Un an après l’ouverture d’OVILLAGE, quel bilan tirez-vous de cette première année d’exploitation ?

O.B : Nous sommes très heureux de constater que les habitants du quartier Sidi Maârouf se sont appropriés Ovillage comme lieu de vie où ils aiment venir et revenir. C’était notre objectif principal. Que cette usine que tous les habitants du quartier connaissaient de nom depuis des décennies soit un lieu accueillant, chaleureux qui offre aux visiteurs une expérience originale et unique.

Younes Diouri – Architecte, fondateur de YDA Architects

A+E // Le site de l’ancienne usine Coca-Cola confère à OVILLAGE une identité unique. Comment avez-vous abordé la transformation de cet espace tout en respectant son héritage ?

Younes Diouri : Cette ancienne usine emblématique a été conçue à la fin des années 60 par l’architecte Louis Rioux, figure emblématique de l’architecture brutaliste au Maroc. Dès les premières visites, nous avons été frappés par la force expressive de l’édifice, ses volumes francs, ses portées généreuses, sa matérialité brute. Nous avons choisi donc de composer avec cette mémoire construite, en menant un travail de lecture patrimoniale du bâtiment. Toute la structure a été préservée, d’autre aspects adaptés, mais toujours avec cette volonté de respecter l’intention initiale tout en ouvrant le site à de nouveaux usages. L’histoire industrielle du lieu devient alors le socle d’un projet tourné vers la ville, vivant et habité.

Dès le départ, nous avons perçu ce lieu comme bien plus qu’un simple projet à reconvertir. C’était un fragment de mémoire urbaine, un marqueur affectif pour de nombreux habitants. Notre volonté n’était pas d’effacer cette empreinte industrielle, mais de la réinterpréter, de l’habiter autrement. Nous avons travaillé autour des traces visibles et invisibles du passé, et laissé la possibilité aux volumes existants de raconter une autre histoire. C’est une approche à la fois sensible et ambitieuse : faire dialoguer la puissance brute de l’existant avec une architecture contemporaine ouverte sur la ville et sur la vie.

A+E // Allier patrimoine et modernité est un défi architectural. Quelles ont été les grandes lignes directrices de votre approche pour OVILLAGE ?

Y. D. : Pour nous, il ne s’agissait pas d’une opposition entre patrimoine et modernité, mais d’une rencontre à orchestrer. Nous avons cherché un équilibre entre respect et réinvention. L’héritage du lieu a été utilisé comme un socle, non comme une limite. Nous avons travaillé à révéler l’esprit du site à travers des formes épurées, une matérialité juste, des volumes sobres mais généreux. L’idée était de produire une architecture qui s’inscrit dans une continuité, mais avec une écriture contemporaine : pas de rupture violente. Une architecture qui assume le temps présent tout en étant enracinée dans un territoire, dans une histoire.

Notre approche a reposé sur trois piliers : la mémoire du lieu, la qualité de vie et l’ouverture vers la ville. Nous avons cherché à créer une architecture qui dialogue avec le passé sans le figer, en utilisant des langages contemporains sobres mais sensibles avec de grands vitrages. La structure originale du site a été utilisée comme trame pour organiser les nouveaux espaces, tout en introduisant une matérialité chaleureuse, des jeux de lumière, et des percées visuelles qui offrent à OVILLAGE une respiration urbaine. L’ensemble vise à être à la fois ancré et ouvert, respectueux de l’histoire mais tourné vers l’avenir.

A+E // OVILLAGE se distingue par son design et son atmosphère ouverte. Quels choix architecturaux ont permis d’en faire un lieu de vie attractif et convivial ?

Y. D. : Nous avons pensé OVILLAGE comme un lieu de convergence : entre générations, entre fonctions, entre rythmes de vie. Pour encourager cette mixité, nous avons multiplié les seuils, les transparences, les espaces partagés. L’ouverture n’est pas qu’une métaphore ici, elle est concrète : dans les façades, dans les parcours, dans la manière dont les bâtiments se connectent aux espaces publics. Le travail sur les matériaux – béton apparent, bois, métal – a permis de créer une ambiance à la fois urbaine et chaleureuse. Et le végétal, omniprésent, vient adoucir l’ensemble, créer du lien, filtrer la lumière, offrir des respirations. OVILLAGE est un lieu de vie, au sens plein du terme : il accueille, il relie, il évolue.

OVILLAGE a été pensé comme une structure vivante, à l’écoute de ses usagers, et profondément ancrée dans l’échelle humaine. Ce parti pris s’est traduit par des choix forts : une porosité assumée entre les espaces, des connexions visuelles et physiques fluides, des lieux propices aux interactions spontanées.

Nous avons cherché à créer une véritable communauté d’usages. Et pour cela, l’architecture devait parfois s’effacer, se faire discrète, pour mieux laisser place à l’expérience. Le végétal, omniprésent, agit comme un fil conducteur, un liant subtil entre les différentes entités du projet. Les matériaux, choisis pour leur chaleur et leur texture, renforcent cette sensation d’accueil et de convivialité.

OVILLAGE est un lieu que l’on traverse, que l’on habite, mais surtout… que l’on partage.

A+E // Durabilité et innovation sont devenues des enjeux clés dans l’architecture contemporaine. Comment ces éléments ont-ils été intégrés dans la conception d’OVILLAGE ?

Y. D. : La durabilité, dans le cas d’OVILLAGE, commence dès le principe fondateur du projet : celui d’une reconversion. Réutiliser un bâtiment existant, c’est éviter la démolition, réduire considérablement l’impact carbone lié aux matériaux, et préserver une mémoire constructive.

C’est un acte fort, à la fois écologique et culturel. Ensuite, nous avons poussé cette logique de sobriété dans chaque choix de conception. L’ensemble des circulations est traité en extérieur, ce qui permet d’éviter le recours à la climatisation et réduit drastiquement la consommation énergétique. Le dispositif d’éclairage extérieur a été pensé pour être peu énergivore, tout en garantissant une ambiance nocturne douce et qualitative.

Nous avons aussi tiré parti des ouvertures existantes en toiture – ces grandes lucarnes industrielles – pour favoriser une ventilation naturelle efficace et continue. Elles nous ont également permis d’intégrer discrètement les équipements techniques, en maintenant une lecture claire et épurée des espaces. Plutôt que d’ajouter de la complexité, nous avons cherché à valoriser l’intelligence originelle du bâtiment, en l’adaptant aux exigences de notre époque. C’est cette approche pragmatique, sobre et contextuelle qui, selon nous, donne à OVILLAGE sa véritable dimension durable.

Propos recueillis par Yasmina Hamdi

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