Espace Magh – Bruxelles

La culture comme refuge

SYNERGY-INTERNATIONAL ET COOPARCH

Le centre culturel bruxellois Espace Magh s’intègre courageusement dans la politique de lutte contre la pauvreté que mène le Centre Public d’Aide Sociale de Bruxelles, un peu à l’écart des programmes classiques d’aide financière et sociale, de logement social, d’accueil des migrants ou d’hébergement des SDF. Ce projet est engagé, courageux et rare, car les responsables du CPAS ont compris que le développement par la culture est une stratégie intelligente et éclairée de lutte contre le déficit de dignité, et le sentiment d’exclusion que génère la précarité.


Lieu de création, de production et de diffusion, l’Espace Magh est un projet artistique engagé, métissé, pluridisciplinaire et contemporain. En plus de proposer une programmation de spectacles variés, ce centre culturel organise divers ateliers ouverts au public ainsi que de nombreuses collaborations avec le quartier.

À l’origine hôtel de maître converti en 1925 en siège du syndicat et de la mutualité des conducteurs de tramway, le 17 rue du Poinçon devient dans les années 90 une des discothèques les plus fréquentées de la capitale avant d’être racheté par le CPAS de la ville,  qui décide de le rénover pour en faire un centre culturel pluridisciplinaire.

À l’instar de sa belle façade Art déco, dont il ne subsiste que peu de choses, l’intérieur du bâtiment ne conserve rien de cette époque, les nombreux éléments architecturaux de valeur ayant malheureusement été démolis par les derniers propriétaires.

Après quatre années de rénovation intensive, c’est dans un bâtiment flambant neuf, mêlant l’architecture d’origine, inspirée de l’Art déco, et des éléments empruntés à la culture maghrébine que l’Espace Magh s’est installé en 2009.

En accueillant un centre culturel maghrébin laïc, l’architecture d’origine Art déco se devait de faire référence, sans mimétisme, à la culture architecturale maghrébine. Cette dernière n’est pas seulement héritière de l’architecture arabo-musulmane, mais aussi berbère, ainsi que d’une longue histoire de métissages culturels, notamment romains, portugais, espagnols…

Les architectes ont donc choisi une expression résolument contemporaine, basée sur une spatialité en phase avec les activités futures du Magh, tout en utilisant quelques éléments archétypaux maghrébins, comme le patio, la fontaine, le puits de lumière, la ruelle médinale (le « derb ») et une palette de couleurs évocatrices, aux antipodes de la grisaille du Nord. On y retrouve aussi un hommage au grand maître de l’architecture mexicaine Luis Barragán, qui a lui-même été marqué par l’architecture marocaine.

Le bâtiment est composé de trois volumes distincts : 

le corps de logis (donnant sur la rue), le patio et la salle de spectacle de 450 places. L’objectif des architectes a été de relier ces trois espaces par une rampe continue afin de lier tous les niveaux et les espaces entre eux. La salle de spectacle offre, dans ses différentes configurations, l’opportunité d’espaces très intimes, ou plus spectaculaires.

Le bâtiment de 6 000 mètres carrés comprend un café, une salle de spectacle et ses dépendances, des salles de répétition et d’activités diverses (danse, musique, expression graphique, multimédia…), une bibliothèque publique, deux logements pour les artistes en résidence et des bureaux administratifs et associatifs, le tout accessible autour d’un haut patio créé entre le bâtiment côté rue et la salle de spectacle en fond de parcelle.

Le patio concentre toutes les circulations mais aussi des terrasses aux étages pour les salles de cours ou la bibliothèque. La volonté du groupement de maîtrise d’œuvre a été de développer l’« esprit de patio intérieur » des maisons arabes, plus particulièrement maghrébines. À cela, disent-ils, s’adjoint la conception plus européenne de l’espace piranésien1.

Le projet comporte une série d’éléments évoquant les ambiances architecturales du Maghreb, à savoir : le puits de lumière, les textures, la musique d’une fontaine… 

Les couleurs elles, s’inspirent autant du Maghreb que de l’art islamique perse (l’ocre, la terre rouge, les camaïeux de bleu…) ; le tout suivant une interprétation contemporaine.

FICHE TECHNIQUE

MAîTRISE D’OUVRAGECENTRE PUBLIC D’AIDE SOCIALE (CPAS) DE BRUXELLES
MAîTRISE D’OEUVRESYNERGY-INTERNATIONAL ET COOPARCH
SITUATIONBRUXELLES – BELGIQUE
SURFACE COUVERTE6000 M2
LIVRAISON2009
COUT2 000 000 €

ARTICLE PAR Salwa Bouchareb
CRÉDIT PHOTO SYNERGY-INTERNATIONAL ET COOPARCH

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