J’aime le parfum de la terre, les moissons de nuit, la musique du vent dans les oliviers. Ô combien ce métier est près de la terre, dans sa vision holistique, en ce qu’il a de considérer les phénomènes comme des totalités. Partout où Karim et Anna ont été, ils constatent que les mêmes hommes aiment la terre, les mêmes la gâchent. Pour l’atelier A17, l’architecture relate l’histoire des hommes et leur passage, par sa vocation d’ancrer la pensée. Partout où l’Homme est en accord avec lui-même, son architecture est en accord avec son environnement.
1// HAFIDOME MENTION TERRA AWARD SAHEL+ / 2019
Ce projet est né, lovée dans une oasis du grand sud, alors que Hafid, Ana et Karim discutaient de la valorisation du patrimoine oasien. D’une croisée bienveillante alliant traditions et innovations, au détour par la réponse de Nader Khalili, la conception du dôme autoportant en super adobe a suscitée le débat. En effet, comment se libérer du dôme pour trouver une écriture plus libre tout en profitant de ses nombreux avantages de mise en œuvre. De nombreux avantages dont certains trouvent écho dans une culture locale où la construction en blocs de terre damée est toujours présente gardant une pérennité séculaire du geste et de la façon. La réintroduction d’un modèle d’habitation en terre faisant la relation entre traditions et modernité s’imposait donc et avec lui le souci de mise en valeur d’un territoire sur le modèle de la cité-jardin originel : autonome et blotti au cœur d’un océan de jardins vivriers.
Tel fut le postulat de base de Marrakech et le critère de choix du site, la relation du projet à son environnement : exploiter les ressources in-situ et apporter les connaissances suffisantes pour restituer au site ce qui lui est pris, une boucle vertueuse. Mettre en œuvre une unité d’habitation en terre autonome permet de démontrer l’efficacité du procédé, une économie énergétique quasi-inégalable et une emprunte carbone extrêmement faible. L’enjeu est de le faire en périmètre urbain dans une ville connectée au monde et que cette habitation de terre soit en adéquation avec l’environnement qui l’entoure et tous les atouts technologiques actuels : une maison intelligente qui réponde aux besoins de ses occupants via un système informatique dédié. Le tout dans un esprit de prise de conscience sociale sur l’intemporalité de ce matériau et sa capacité à répondre aux besoins actuels par sa qualité de mise en œuvre, son intérêt économique et sa capacité plastique, le tout en ayant un impact minimal sur notre environnement.
2// VILLA AM MENTION TERRA AWARD SAHEL + 2019
Ce projet a été conçu pour un couple dont le rythme de vie diffère : la femme travaille de jour, l’homme de nuit. Il fallait donc un habitat qui permettrait à ce couple de vivre-ensemble tout en gardant la liberté de pratiquer la maison sans que l’un n’importune l’autre. Les architectes ont donc conçu cette maison en privilégiant deux parcours différents, basés sur le rythme et les besoins de chacun des deux membres. Une seule maison avec deux parcours et deux entrées.
La typologie particulière du terrain situé en bout de « villas en bande » a permis de « détacher » une partie de la villa du mur mitoyen, créant ainsi une ruelle intérieure. Cette dernière, végétalisée, donne accès à la double entrée de la maison. Par ce détachement, une quatrième façade sur la moitié nord a été créée, apportant lumière naturelle et aération à l’intérieur de la maison.
Les deux volumes, au Nord et au Sud de la maison, sont reliés par un système de passerelles, symbolisant le « pont » créé entre les deux modes de vie de ses habitants.
Cette dualité est aussi exprimée par des techniques de construction aux atouts divers : la terre damée brute de décoffrage et la brique de terre compressée.
Mais au-delà des techniques et technologies intégrées à cette maison, le souhait, constant chez ses architectes, a été d’intégrer dès la genèse, les moindres détails permettant une optimisation maximale des usages. Une ergonomie spécifique à chaque lieu, ainsi, toutes les ambiances, lumineuses, sonores, tactiles et olfactives sont mises en concert pour en extraire la quintessence de toute expérience. Rien n’est laissé au hasard, tout est pensé, détaillé, dessiné sur-mesure et exécuté par les mains d’orfèvres et d’artisans.
C’est cette passion et ce souci d’accompagnement qui les poussent à dessiner, en même temps que la conception des plans, les moindres détails faisant de leurs projets une expérience continue et harmonieuse.
3 // MOULAY ALI C
Comment décrire l’atelier A17 sans évoquer leur passion pour le retail design ? Le Baromètre, le Blend Brothers, La palette, ou encore récemment le Bazard Gourmand. Leur amour pour celui-ci vient de la richesse que les projets commerciaux permettent dans leurs approches et architecture.
Il y a autant de cuisines de restaurants que de chefs, autant d’optimisations des usages et des fonctions qu’il y a de business plan fins et précis. L’architecture commerciale, si elle se donne aux foules chalandes chaque jour, c’est inlassablement qu’elle diminue la pénibilité au travail pour ceux qui la pratique et qu’elle optimise le produit mis en avant de manière structurée et stratégique.
C’est donc auprès de Moulay Ali C, glorieux résistant, que plusieurs de leurs projets sont accueillis, dans cette même rue. C’est prêt de lui qu’ils résistent. Une architecture commerciale contre une architecture de consommation, la pérennité contre l’effet de mode, l’efficience durable à l’encontre de l’efficacité surdimensionnée.
4 // VILLA VP
Ce pavillon d’invités a pour vocation de recevoir des hôtes de styles hétérogènes, certains rendant visite pour affaires, d’autres pour le loisir de passer un moment en famille ; et tous coïncident… des générations allant de celle des arrières petits enfants de l’amphitryon à celle de ses amis.
Le projet a été ainsi pensé afin de permettre d’isoler, à l’opposé d’une bande d’espaces communs, deux ailes d’habitation, chacune disposant d’un style, d’une ambiance et de sa propre entrée.
Prévu sur un parc de deux hectares en prolongement de la résidence principale, l’agence a dédié deux années de travail en amont de l’ouverture du chantier pour dessiner et sculpter le paysage qui accueillera dans son écrin cet ouvrage délicat de terre et de jardins suspendus.
Ici, le parcours prend des airs d’arrière-pays, depuis l’accès à la propriété. Chaque perspective, point de fuite, mouvement de terrain contribue à une déambulation heureuse et onirique, faisant l’éloge des jardins historiques de Marrakech.
A PROPOS DE A17 :
Établie dès sa création entre Marrakech et Madrid, A17 se place volontairement en pont culturel, privilégiant l’altérité de regards croisés sur la pensée architecturale pour une lecture prônant l’émergence de concepts singuliers, inscrits entre tradition et modernité, durabilité et innovation technique.
Ana Camiruaga Rueda – Universidad Europea de Madrid.
Karim Jamali – Ecole Spéciale d’Architecture de Paris.