Aménagement paysager du Club Wifaq – Rabat

Un verger habité

Atelier BERTRAND HOUIN

C’est une véritable renaissance qu’a connu le Club Wifaq. L’ancien complexe sportif du quartier chic Souissi s’est métamorphosé en un verger verdoyant et revivifiant pour les Rbati, heureux de retrouver ce lieu enchanteur et reposant. La trame paysagère de la parcelle, qui témoigne du passé agricole des faubourgs de Rabat et dont les traces sont encore présentes, forme un véritable écrin végétal protecteur autour de la pièce urbaine.


UN SITE SINGULIER EN LIMITE DE PLATEAU

Situé sur le plateau agricole de Rabat, la parcelle est installée sur l’ancienne trame agricole de vergers d’agrumes, compartimentée par de hautes haies brise-vents en Casuarina equisitifolia (Filao) et Cupressus sempervirens (Cyprès).

Cette trame est encore lisible sur ce site de 3ha dont la haie de périmètre est composée du brise-vent d’origine. Les Orangers constituent l’élément végétal dominant à l’intérieur de la parcelle, accompagnés par quelques beaux sujets de Palmiers et de Jacarandas.

Le principe d’aménagement tend à retrouver ce verger originel inscrit dans ses brise-vents.

UN VERGER HABITE

La trame de verger est réimplantée sur la parcelle afin de donner la sensation d’un couvert homogène de verger dans lequel on aurait évidé des clairières permettant l’installation des différents équipements (terrain de tennis, salle de sport, piscine, club house). Ces reliques du verger initial forment des bosquets (des plaques) cadrant les vues sur les terrains de tennis.

Une seconde strate de plaques s’éparpille au niveau du sol sous la forme de haie taillée en plateau de 1m de haut. Ces plaques cadrent les terrains de tennis et donnent la sensation aux joueurs de tennis d’être noyés dans une gangue végétale.

Plaques de vergers et plaques de haies jouent entre elles avec des décalages, décalages et décollements que l’on retrouve dans l’architecture avec les plaques des socles des bâtiments jouant de décalages avec les plaques des toitures.

Les sujets singuliers (Palmiers et Jacarandas) existant servent d’alibi à l’installation de placette innervant le site.

Sur la façade principale, un saut du loup s’étire le long de la parcelle. Il permet de laisser filer les vues vers l’intérieur du site tout en maintenant une protection efficace contre les intrusions. Le site participe alors à la présence végétale du quartier et devient un élément d’attrait des habitants.

Le parking se recouvre de la même manière que le site de différentes plaques de vergers, créant ombre et sensation de jardin sur cette grande plate forme. Le parvis d’entrée s’agrafe entre la rue et les bâtiments tout en irriguant flux piétons et flux véhicules.

L’ensemble est calepiné sous forme de plaques striées de différentes dimensions, unifiant parvis et parking.

UNE ECOLOGIE DU LIEU

L’ensemble des eaux pluviales est récolté dans un système de récolte allant des toitures plantées vers un bassin de rétention constitué par le saut du loup de la façade principale. Moins couteux qu’un réseau enterré de conduites et participant à la présence végétale du site, ce saut du loup permet de plus de faire percoler les eaux pluviales directement sur le site et contribuent ainsi à l’arrosage complémentaire des plantations ainsi qu’au maintien du niveau de la nappe phréatique locale.

Les espèces sélectionnées pour les plantations du site ont été choisies dans une palette de plantes indigènes, de l’écosystème originel du lieu. Ces plantes ainsi parfaitement adaptées au climat nécessitent moins d’entretien et un arrosage limité durant les premières années d’installation. Le système d’arrosage est alors lui aussi plus limité et moins couteux.

Les sols sont traités dans un même vocabulaire de plaques striées et dans un souci de limiter leur impact écologique. Le béton poli, matériau permettant d’utiliser les matériaux locaux (carrière de proximité pour les graviers) est ainsi utilisé pour la majorité des surfaces avec des variations de calepinage de joints suivant la hiérarchie des espaces piétons et véhicules. Des inserts en pierre de Khénifra (pierre utilisé pour les façades), de 10cm de large, strient de manière variable les plaques de béton. Cette pierre donne alors toute sa noblesse à ce sol « pauvre » en béton. Ce matériau est accompagné de stabilisé sur la piste d’échauffement et les trottoirs.

L’ensemble des terrains de tennis ont été refait à neuf. Un léger décaissé de ces terrains permet d’effacer la bordure périphérique au pied des grillages afin de donner la sensation que le grillage se fond dans le gazon. Cette bordure traitée de manière qualitative (visible depuis l’intérieur des tennis) est en béton préfabriquée dans un moule métallique afin d’avoir des faces vues parfaitement lisse au décoffrage.


ARTICLE PAR Atelier BERTRAND HOUIN
CRÉDIT PHOTO BAPTISTE DVA

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