Essaouira que j’aime

L’auteur de l’ouvrage poétique, Essaouira à vol de mouette témoigne, L’architecte s’émerveille de l’abord des remparts de la vieille cité sans subir l’assaut de la laideur de friches ou de banlieues, préliminaires à la découverte de villes mythique comme Venise, Florence, Paris…

Quelle est l’Essaouira que j’aime ?

D’abord, c’est Souira, et non pas cette appellation trop convenue à mon goût. Souira, c’est plus naturel et c’est plus intime.

Je me souviens de mes premiers voyages dans des villes mythiques : Venise, Florence, Paris… On commence par traverser des banlieues innommables et, tout à coup, on voit le nom de la ville qui nous faisait brûler d’envie apparaître sur un panneau ordinaire au milieu du chaos.

Je me souviens de ces déceptions dues au décalage entre l’idée que l’on a de la ville et les premières vues qui s’offrent au regard : banlieue, zones industrielles, friches, grands ensembles affreux… Bien sûr, on découvrira par la suite le centre historique et l’émerveillement effacera ces sordides images.

Essaouira, Souira, je ne connais pas d’autre ville au monde qui s’offre au visiteur immédiatement, dans toute sa splendeur, sans lui imposer ce rituel de souffrances quasiment physiques que nous offrent les banlieues : une première vue depuis le promontoire puis un peu plus tard, le monument de Miloudi, Barakat Mohammed et là, tout de suite : l’océan, les îles, les mouettes, le vent… puis les remparts, les maisons blanches, les volets bleus et encore le vent, les mouettes et ces Souiris, uniques par leur simplicité, leur décontraction, leur naturel.

Nul ne vient ici pour ceci ou pour cela. Souira n’est pas une cité balnéaire, ni une ville impériale, ni un Saint Trop’ comme j’ai entendu dire ici ou là. Ce n’est pas non plus un simple port de pêche, ni un concentré de monuments. Souira est un peu tout ça, mais bien plus encore. Souira, c’est le frisson de l’océan fougueux qui vous traverse, c’est l’alignement des rugueux remparts qui se mêlent aux cris obstinés des mouettes, c’est l’éternité qu’expriment ces canons tournés vers un ennemi qui ne viendra jamais, c’est le rythme pénétrant du hajhouj et du tambour des gnaouas aux paupières alourdies par le spleen, c’est une infinité de sensations, des plus futiles aux plus puissantes, des plus furtives aux plus éternelles, c’est le bonheur de se sentir dans l’histoire et dans le présent, véritable ubiquité spatiotemporelle…

Vous l’avez compris, au-delà de la beauté de l’océan, des remparts, de l’architecture, au-delà de la convivialité… il y a la poésie : c’est ma Souira à moi, mais c’est une Souira très fragile.

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