Un projet est harmonieux dans sa conception par sa structure, sa technique, ses matériaux, son lieu, son environnement, son contexte socioculturel, son impact et son utilisateur. De ces caractéristiques ressort son identité, sa valeur, sa vision. Pour Ghali Berrada, l’architecture n’est rien d’autre que la coordination d’un récit dont les composantes sont constituées par un décor qui le porte…
1 // « EMBOITEMENT »
Ce projet se compose de quatorze villas d’une surface de 375 m2 chacune, au cœur de Dar Bouazza, toutes conçues avec le souhait d’insuffler des allures résolument contemporaines.
Résultant d’une recherche poussée sur la volumétrie, les formes et matériaux de la maison sont assemblées avec justesse et précision. Elle est loin de n’être qu’une accumulation de cubes monolithiques. Les volumes déstructurés et les lignes décalées donnent naissance à une maison de caractère ne répondant à aucun code. Son architecture linéaire suivant une trame verticale, s’oppose aux espaces traditionnels, le tout pour lui conférer élévation et vastitude.
Entre décalages et alignements des volumes, l’utilisation de différents matériaux apporte à la fois relief et homogénéité. Tout en légèreté, une grande baie vitrée et des fenêtres rythment la façade, facilitant ainsi l’entrée de la lumière naturelle au sein de l’habitation, brouillant la limite entre l’intérieur et l’extérieur. L’aspect brut et chaleureux du bardage en bois contraste avec la finition lisse et brillante de l’aluminium noir et de l’enduit blanc. Mat et uniforme, il s’inscrit dans un assemblage épuré, accentué par du béton qui englobe l’ensemble. Le jeu de matériaux, aux finitions et couleurs différentes, enrichit et affine la recherche volumétrique du projet pour créer une construction de qualité.
2 // L’OISEAU BLANC
Ce bâtiment, regroupant des studios, puise son inspiration du « vivant ». Situé non loin de la mosquée Hassan II, le projet reflète le climat océanique et ses oiseaux blancs. Ce sont ces idées maîtresses qui ont conduit à l’annexion inévitable de balcons à chaque logement, permettant aux utilisateurs de jouir du climat privilégié de la ville casablancaise.
Afin de ne pas tomber dans une construction « sans âme », la séparation des terrasses a été conçue de sorte à créer de gracieuses ondulations venant caresser la façade, à défaut d’intégrer de simples lames verticales inanimées.
C’est ainsi qu’à des endroits la dalle est simple, et à d’autres, doubles ou triples.
Au-delà des formes, les contraintes de séparation ont servi de stimulus à l’imagination et à la créativité, pour rendre hommage à un oiseau blanc vivant essentiellement près de la côte. À ce titre, les séparations, comme de grands épidermes vivants, s’ouvrent à l’image des ailes de ce dernier.
Ce bâtiment envisage l’habitat comme une expérience qui doit nourrir l’esprit en faisant ressentir l’émotion que dégage son environnement. L’architecture et la nature se complètent pour créer une puissance d’évocation spirituelle.
3 // LA MAISON Z
La Maison Z, basée sur un schéma savamment organisé, s’appuie sur trois éléments forts, qui interpellent le visiteur dès son arrivée.
Tout d’abord, elle présente une façade symétrique créant ainsi un aspect harmonieux. La villa est dès lors plus esthétique, équilibrée, stable et imposante. Principe important de la nature, cette symétrie, retrouvée notamment chez les êtres humains, les flocons de neige, les feuilles ou encore les étoiles de mer, est utilisée afin de dévoiler une habitation plus paisible, imprégnée d’effluves familière et rapprochant l’homme à son univers.
D’autre part, la forme circulaire, symbolisant le tout fini et infini, fait la jonction entre les deux axes droits représentant rigueur et détermination. Ce mariage géométrique laisse apparaître un ensemble homogène porteur de sens.
Enfin, la frontière entre l’intérieur et l’extérieur est consciencieusement effacée, pour obtenir un espace polyvalent, modulable, à l’esthétique impeccable, orientée uniquement vers le sud. De par les larges baies vitrées de la villa, chaque espace intérieur fait face au jardin et à la piscine pour profiter des apports solaires. L’environnement prend alors une place importante aussi bien autour qu’à l’intérieur de la Maison Z. La villa incarne une enveloppe translucide laissant entrer la lumière et sortir le regard.
A PROPOS DE GHALI BERRADA
Diplômé de l’École Spéciale d’Architecture de Paris où il remporte le prix des Meilleurs Diplômes, Ghali Berrada architecte marocain fait ses premiers pas à l’agence SpaceOddity, lancée par Laurent Zagury, à Casablanca.
Il intègre par la suite différentes structures notamment l’agence L35 Arquitectos, à Barcelone et l’atelier Castro Denissof et Associés à Paris, avant de rejoindre l’agence Khalid Fassi Fihri puis le groupe Kettani Immobilier, à Casablanca.
C’est en 2019 qu’il décide de créer propre agence « Archi Visions » à Casablanca, par laquelle il décide d’assumer son propre langage, valorisé par des formes pures et composé de multiples perceptions de l’espace, racontant chacune, sa propre histoire