Immeuble Mado – Casablanca

Une vitrine à l’architecture métallique

KARIM BENNIS

En mars 2008, BP SHORE IMMO lance un concours d’architecture pour la conception et la réalisation d’un immeuble de bureaux – Immeuble Mado – situé à l’angle du boulevard d’Anfa et de la rue Molière à Casablanca. Le projet consiste en la transformation d’un bâtiment en un immeuble de bureaux. Le projet est réalisé par l’architecte Karim Bennis.

La réglementation du site limitait la hauteur constructible à 9 étages avec un recul de 5 mètres sur les deux voies perpendiculaires du terrain à bâtir. Au cours des travaux, le maître d’ouvrage émit le souhait de compenser la grande perte de surface à construire due au recul imposé. L’architecte propose alors l’idée d’une surélévation de trois étages supplémentaires au motif d’égaler en hauteur les deux immeubles bordant le projet et donnant sur le boulevard d’Anfa.

Une requête a donc été introduite auprès des autorités administratives en arguant du fait que les immeubles mitoyens, bordant le projet sur le boulevard d’Anfa, comprenaient déjà douze étages et que la perspective de gabarits homogènes des héberges commandait une surélévation de trois étages supplémentaires qui serait la bienvenue. C’est donc après avoir réalisé sept étages que l’accord administratif de principe pour la surélévation est intervenu, non sans contraintes techniques puisque le bâtiment devenait maintenant assujetti à la réglementation IGH.

Le terrain est situé à l’angle de la rue Molière et du boulevard d’Anfa, enchâssé de part et d’autre de deux immeubles de 12 étages (issus d’une ancienne réglementation) avec une orientation sud-est, sans vis-à-vis, de la façade principale face à une voie d’aménagement. C’est l’analyse urbaine de ces spécificités qui a présidé à la conception architecturale du projet.

En effet, à l’analyse des caractéristiques urbaines de la parcelle, il est apparu impérieux de traiter simplement et sobrement l’angle du bâtiment (partie déterminante dans la perception du projet) à l’image d’une architecture « pliée » ou qui se retourne, laissant apparaître délibérément l’arrête formée par l’angle de l’immeuble.

Les façades, revêtues de blanc en hommage à la ville de Casablanca, sont implantées à l’exact alignement règlementaire, les fenêtres et ouvertures étant issues des « vides » résultant du découpage des voiles de béton armé de la structure portante. Seul un pilier, habillé de rouge, parcours de bas en haut l’immeuble pour en retrouver en hauteur ses « coreligionnaires », également habillés de rouge.

Au-dessus des rez-de-chaussée et premier étage, qui constituent le socle du bâtiment, une structure métallique accessible mais volontairement inhabitable se déploie en hauteur sur les neuf niveaux qui composent le corps principal du bâtiment. Elle enchâsse l’angle du bâtiment avec parcimonie, offrant profondeur et vibration de l’angle urbain. L’encorbellement, saillant et léger, est constitué de cette structure métallique, telle une cape agrippée au corps principal du bâtiment. Elle habille délicatement les façades et confère à l’édifice son statut d’immeuble de bureaux, alimentant le jeu des contrastes par opposition au corps massif du bâtiment. C’est précisément ce jeu des dualités contrastées mises en scène publiquement, entre fragilité/solidité, opacité/transparence, couleur claire/foncée, ombre/lumière, qui imprime au projet cette tension architecturale recherchée.

Composée de profilés métalliques en U, de passerelles couvertes d’une double nappe de caillebotis et d’une maille métallique tissée, la structure a vocation à filtrer le rayonnement solaire (diminution de 70% du rayonnement), d’accès extérieur pour la maintenance des façades (nettoyage des fenêtres) et d’espace à l’air libre pour les fumeurs. Au-delà de la structure métallique, dans la partie haute en léger retrait de la façade principale, les deux derniers niveaux présentent une pergola ajourée en guise d’attique.

Les cages d’ascenseurs et leur hall de distribution articulent, à chaque étage, les deux plateaux de bureaux en « open space ». La façade donnant sur la rue Molière exprime le caractère étroit et d’horizontalité de la rue. De larges bandeaux de béton peints en blanc font office de brise-soleils, légèrement décalés de la façade à proprement parler.

FICHE TECHNIQUE

MAîTRISE D’OUVRAGEBP SHORE IMMO – FILIALE GROUPE BANQUE POPULAIRE
MAîTRISE D’OEUVREKARIM BENNIS
SITUATIONCASABLANCA – MAROC
SURFACE COUVERTE9 000 M2
LIVRAISONNOVEMBRE 2014

ARTICLE PAR Cabinet Karim BENNIS
CRÉDIT PHOTO SIFE EL AMINE

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