C’est une immersion dans des lieux empreints d’histoire témoignant du patrimoine marocain et de sa splendeur, non seulement par leur architecture mais aussi par les œuvres qu’ils suggèrent. Revitaliser les musées, en leur donnant un nouveau souffle de vie, est une démarche récente que la scénographie se tâche d’encadrer.
L’intervention vient se nicher dans une des plus emblématiques des bâtisses, le palais de Dar Si Saïd à Marrakech, que Ghita Adyel a su mettre en avant par sa touche de folie et ses transformations soignées. Son expérience, auprès d’un architecte scénographe à Paris, et les musées français sur lesquels elle a travaillé, font d’elle une habituée de cette discipline émergente qu’elle a su maitriser avec souplesse et fluidité.
Alors que les architectes scénographes se comptent sur le bout des doigts, Ghita a su trouver sa place dans cette discipline et compte persévérer sur sa lancée. Entre la Fondation nationale des musées, l’Office chérifien des phosphates, le Parlement marocain, ou encore Casa-patrimoine, plusieurs entités ont fait appel à son expertise pour valoriser des œuvres distinguées.
Dar si Said, palais édifié au XIXème siècle, met en avant la richesse et la diversité du tissage marocain. Des couleurs vivantes et chatoyantes, le bleu roi et l’orange, qui contrastent avec les tapis, habillent les murs du musée. Trouver le juste milieu entre l’architecture andalou-mauresque, et la touche de gaieté à apporter, était un réel défi à relever. Les tapis élancés, alliés aux couleurs vives des murs, créent une atmosphère chaleureuse et dégagent la beauté de l’artisanat marocain.
Pour mieux comprendre la démarche conceptuelle de Ghita Adyel, et sa vision sur le monde de la scénographie, nous lui avons posé quelques questions :
A+E / / Quelle a été la phase la plus difficile à traiter pour ce musée ?
G.A : « La répartition spatiale était un réel labyrinthe avec des pièces en enfilade. Il fallait trouver un parcours adéquat, avec des flux qui ne se croisent pas, tout en laissant le lieu s’exprimer. Le plus dur était de transformer l’espace en le rendant attrayant, avec un traitement des murs agréables avec des supports et des socles d’objets adéquats. »
A+E / / Comment se déroule le processus de la création en scénographie ?
G.A : « Je passe du temps à m’approprier la thématique, en abordant les sous-thèmes que j’attribue au lieu sous forme de zoning. Ensuite, je veille à avoir une chronologie dans l’étude, en m’imprégnant de l’histoire de l’espace pour ne pas toucher à son identité. Des phases entremêlées, mais qui associées au multimédia et à l’éclairage, forment une scénographie cohérente. »
A+E / / Comment se décline votre choix de couleurs, pour l’habillage mural d’un musée ?
G.A : « Généralement en fonction des objets exposés, pour faire ressortir l’œuvre d’art et la valoriser. Souvent, j’utilise des couleurs vives qui s’accordent aux tons de l’objet, pour attirer l’attention du visiteur et l’inviter à le contempler. »
A+E / / Quel avenir pour ce domaine au Maroc ?
G.A : « Le processus de la scénographie n’est toujours pas maitrisé, avec un grand manque de conservateurs de musées. La mise en lumière doit être réalisée par des spécialistes, afin de mieux illuminer les œuvres. De plus, la scénographie commence à se dématérialiser, avec un penchant pour les lectures audios et l’évolution de la technologie. Un monde qui perds place petit à petit, mais qui à mon sens nécessite un meilleur encadrement. »