Mounia Radouane est une jeune architecte et designer marocaine, originaire de Rabat. Diplômée de l’Ecole d’Architecture de Paris Val de Seine en 2014, elle suit une formation en céramique au Collège Royal de Rabat, avant de lancer sa propre marque de design en 2018.
Influencée par son père, très sensible aux objets d’art et de design, elle découvre très tôt en étant enfant, l’artisanat traditionnel islamique et maghrébin. Sa première collection « Tradition » réinvente les luminaires en sublimant les coutumes marocaines.
Suite à son expérience dans un cabinet d’architecture, Mounia décide d’explorer plus loin sa sensibilité d’architecte. A travers le design, elle renoue avec sa passion première : le plaisir de manipuler la matière de ses mains. Mounia Radouane suit alors une formation en céramique et commence à créer ses propres lampes dans son studio à Paris. En côtoyant les artisans, ces enchanteurs de la matière, elle crée son premier luminaire en béton, puis imagine, plus tard, sa première collection en céramique intitulée « Tradition ».
Dans cette collection, Mounia sublime le « fait main » et les matériaux nobles, à travers des formes sculpturales aux lignes épurées et minimalistes. Ses créations s’inspirent des objets du quotidien et des histoires populaires du Maroc. La lampe à poser « Qaleb Soukar » , par exemple ,s’inspire du pain du sucre, reconnaissable par sa forme conique. Elle la décline sous deux modèles : lustrée en or, et en céramique blanche.
La lampe « Tarbouch », quant à elle, s’inspire du chapeau de Fez : symbole historique de la protestation pendant l’occupation française. Ses lampes jouent avec différentes nuances de lumière : reflet d’ombres, lumière tamisée etc. Ainsi, ses créations ont deux vies : le jour, ce sont des objets décoratifs, la nuit, des luminaires.
A+E // Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Mounia Radouane // J’ai puisé mon inspiration d’abord dans mes souvenirs d’enfance à la maison de mes grands parents, dans l’ancienne médina de Rabat. Mes ballades à la médina m’ont imprégné de formes, de couleurs et de matières. Pour créer, je m’inspire toujours des souvenirs qui évoquent quelque chose dans ma vie.
A+E // Est-ce que vous continuez à exercer votre métier d’architecte ? Comment faites-vous pour concilier les deux ?
M.R // Oui, je continue à exercer en tant qu’architecte. D’ailleurs, j’y tiens beaucoup même si ce n’est pas toujours facile. J’aime la transversalité entre l’architecture, l’architecture d’intérieur et le design : c’est une façon de toucher à toutes les échelles du projet, ce qui intellectuellement intéressant.
A+E // Comment es-tu passée de l’architecture à la création d’objets de design ?
M.R // En travaillant dans un cabinet d’architecture où l’outil informatique est principale, je réalise que cela ne me suffisait pas. Il s’agit certes d’une filière artistique, mais je n’arrivais pas à satisfaire ma passion pour le travail manuel. Me tourner vers le design me permet de combler ce besoin.
A+E // En quoi votre formation d’architecte rend votre approche artistique particulière ?
M.R // Pour moi, le design comme l’architecture, c’est avant tout un signe de liberté. C’est une solution alternative : l’amour des belles choses. La clé vers de nouvelles idées. La joie d’une idée qui surgit en une étincelle.
A+E // Quelle est la valeur de objets que vous créez dans le quotidien des gens ? Qu’apportent-ils de plus ?
M.R // Dans mon travail, j’essaye de raconter les histoires derrière mes créations. Tout est fait à la main, je passe des matériaux brut à un résultat final esthétique. Les matériaux sont vivants, et parfois difficiles à apprivoiser. Parfois, les gens n’estiment pas à sa juste valeur le savoir-faire des artisans, le travail derrière chaque produit et le temps de réalisation. Je pense qu’il est important que ces produits deviennent des compagnons de vie, des objets qui durent le temps. La lumière, en particulier, a un impact sur l’espace de vie.