L’empreinte architecturale est une figure physique et sensitive à la fois. Physique, car l’ouvrage bâti s’inscrit dans un territoire avec lequel il instaure un dialogue silencieux, contemplant modestement son environnement. Sensitive, car l’espace architectural raconte une histoire : celle du lieu, celle de l’occupant. La vision développée au sein de l’Atelier Selma Khamlichi s’inscrit ainsi, non pas dans un style, mais dans un paradigme narratif.
LA VILLA F
La Villa F est un projet d’habitation secondaire situé dans une station balnéaire emblématique du sud marocain, à quelques dizaines de kilomètres de la ville de Laâyoune. La maison se trouve sur un petit terrain d’une superficie de 200m2, au creux d’un lotissement de villas en bande. Les notions de mitoyenneté et de reculs établies par la réglementation relative à l’urbanisme de ce lotissement ont défini le périmètre d’implantation du projet. Selon Selma Khamlichi, ces obligations règlementaires créent une contrainte positive pour l’architecte et lui offrent l’opportunité de mettre sa créativité et son ingéniosité au service du projet.
Prenant appui sur ces contraintes, l’atelier Selma Khamlichi a cherché à développer (par le biais de plusieurs propositions conceptuelles fortes) une vision du projet s’inscrivant dans le récit spécifique à cette famille et à sa façon de vivre l’espace. La solution architecturale retenue pour la Villa F a été tissée à travers un maillage délicat, situé à la croisée entre la volonté de la famille d’habiter un espace aux volumes ouverts sur l’extérieur et son respect pour la « culture locale », bâtie autour des notions de discrétion et d’intimité. Dans une ruelle où l’ancien s’efface peu à peu en faveur des nouvelles constructions modernes, se dresse la Villa F : un écrin affichant un style architectural résolument minimaliste, avec ses lignes pures et ses volumes blancs.
La composition des façades de la villa F est rythmée par des débords et des ensembles de brise-soleils verticaux qui offrent une lecture du volume en plusieurs temps. Placés devant les ouvertures de l’étage, les brise-soleils sont également les remparts protégeant l’intimité des espaces de vie de la maison. Amusant paradoxe, les volumes intérieurs de la maison entretiennent par ailleurs un lien direct avec les espaces extérieurs. À l’étage, les pièces de vie sont prolongées par le biais de terrasses et loggias abritées, offrant des vues dérobées sur le paysage environnant et invitant la lumière mais pas les regards à pénétrer au coeur du foyer. Au rez-de-chaussée, une large baie vitrée ouvre complètement l’espace living sur une piscine à débordement, créant ainsi une continuité entre le jardin et l’intérieur de la maison et amplifiant la sensation de profondeur de l’espace.
LA VILLA C – CASABLANCA
La Villa C, située dans une petite impasse calme du quartier Polo à Casablanca, est un projet de rénovation d’une maison construite durant les années 1980. Un projet de rénovation de villa présente la particularité de plonger l’architecte en immersion dans un lieu chargé de souvenirs et d’histoires.
Pour Selma Khamlichi, être à l’écoute de cette histoire (tout en apportant son savoir-faire à travers ses propositions) est indispensable à la formulation d’une réponse architecturale adaptée aux besoins du client.
Dans le cadre de ce projet, la famille a exprimé le besoin d’habiter un espace plus ouvert, plus adapté à leur mode de vie entretenant une liaison directe avec des extérieurs quelque peu oubliés. La traduction architecturale de ce besoin s’est matérialisée par la restructuration spatiale des espaces de vie de la maison et l’effacement des seuils et limites entre intérieur et extérieur.
LE CABINET A – CASABLANCA
Le cabinet A est un projet d’aménagement d’un cabinet médical, niché au coeur du quartier Gauthier, à Casablanca. La conception de ce projet a été guidée par l’intention très précise des clientes : imaginer un espace fonctionnel, répondant aux contraintes intrinsèques à la nature du projet, mais également un lieu doté d’une identité singulière.
Selma Khamlichi a basé son approche sur la compréhension des valeurs que les clientes souhaitaient véhiculer, afin de formuler la réponse la plus adéquate à leur demande. Le cabinet A a été pensé comme un espace empreint de douceur, avec des prestations de qualité. Les murs, peints dans des tons pastel, ont été sublimés par des cimaises et moulures en plâtre. Le mobilier rose poudré confère à cet espace une aura féminine. Des accents noirs et dorés ponctuent régulièrement l’espace de ce projet où les langages classiques et modernes cohabitent en harmonie.
A PROPOS DE SELMA KHAMLICHI
Diplômée d’état de l’ENSA Paris Val de Seine en 2014, Selma Khamlichi obtient ensuite son Habilitation à la maîtrise d’oeuvre en nom propre à l’ENSA Versailles en 2015, avant de suivre un master spécialisé en aménagement urbain à l’ENPC l’année suivante. Selma débute sa carrière en collaborant sur des projets à très grande échelle au sein de l’agence d’architecture Groupe-6 à Paris, puis dans le cabinet Omar Alaoui Architectes, à Casablanca. Elle poursuit aujourd’hui son questionnement du rapport entre le bâti et la ville, au sein de sa propre structure, au travers de projets à l’échelle de l’habitat, dans une volonté constante de créer une architecture identitaire trouvant son équilibre entre esthétisme et sémantique.