En plein centre de Casablanca, au beau milieu des nombreux espaces tertiaires qui ne cessent de pulluler, Mahfoud Laasri se met au défi de concevoir et réaliser le réaménagement d’un Cabinet d’orthopédie et de traumatologie sur des bases résolument conceptuelles, loin des gestes habituels du décorum et de la compilation. Scénographie et état pur des matériaux ont été les maîtres-mots de ce projet minimaliste aux détails fins et subtils.
MISE EN SCÈNE D’ÉLÉMENTS VERSUS COMPILATION DE MEUBLES
Le Cabinet d’orthopédie et de traumatologie se place aux antipodes des gestes qui ont tendance à priver les espaces de leurs personnalité et singularité. Ces choix qui font généralement d’un espace un amas aléatoire d’« objets tendance », le faisant sombrer dans une cacophonie visuelle. La démarche de l’architecte provient essentiellement d’une volonté de créer une mise en scène propre à chaque espace, où le meuble sera l’acteur parfait pour le rôle, de par son « accoutrement », mais surtout de par son « éloquence » lors du « dialogue » qu’il entretient avec les différents éléments qui composent chaque espace. Il a donc été question de créer des meubles pour chaque espace à partir de la matière même composant ces espaces, où ces derniers s’articulent autour de l’objet tel un fond théâtral. Chacun de ces meubles sera ancré à l’endroit parfait pour son « acte », sous une lumière à la fois fonctionnelle et poétique, et avec des matériaux en parfaite harmonie à la fois en premier-plan et en arrière-plan.
DES MATÉRIAUX ENTRE BRUTALISME ET MODERNITÉ
Dans la lignée de la sobriété choisie par l’architecte au service de la mise exergue du concept, un choix minutieux a été opéré sur les matériaux : seulement 3 textures allaient être utilisées, sur fond de canevas blanc. Afin de préserver un langage architectural épuré, les matériaux choisis devaient être naturels, et appliqués dans leur état le plus brut possible. Le choix s’est porté sur le béton pour sa minéralité naturelle, l’acier pour son agressivité élégante, et le bois pour la chaleur naturelle de ses teintes.
LIGNES, LIMITES ET GÉOMÉTRIE
La création d’une scène nécessitant un arrangement et une composition, la mise en harmonie et la création de sens à l’intérieur des espaces du Cabinet ont nécessité l’application d’un casting précis. Pour cela, l’architecte a choisi de faire s’exprimer les différents matériaux de façon inhabituelle. L’acier servira donc de revêtement, le béton sera disposé en opus quadratum et le faux-plafond conçu tel un appareillage. Autant de gestes purement architecturaux explorant les limites esthétiques et mécaniques de la matière, en exploitant savamment mais différemment chaque détail du Cabinet.
UNE AMBIANCE ENTRE TRANSPARENCE ET LUMIÈRE
Contrairement à la matière, voulue sobre et peu abondante, la lumière quant à elle, a été exploitée à l’extrême. Pensées comme théâtrales, les lumières naturelle et artificielle de ce projet ne sont pas seulement un outil d’éclairage, mais aussi de mise en scène.
La lumière naturelle déjà abondante a été intensifiée avec un choix particulier de cloisons entièrement transparentes. Une panoplie de sources de lumière artificielle ont été disposées, pour servir tantôt d’éclairage fonctionnel, tantôt d’éclairage d’ambiance, avec une mise en exergue particulière de certaines sources comme objets artistiques qui complètent la mise en scène.
FICHE TECHNIQUE
MAITRISE D’OUVRAGE | DR. A.K. – MÉDECIN TRAUMATOLOGUE ORTHOPÉDISTE |
MAITRISE D’OEUVRE | MAHFOUD LAASRI ARCHITECTE DENA |
SITUATION | QUARTIER DES HÔPITAUX – CASABLANCA |
SUPERFICIE | 123,50 M² |
LIVRAISON | 01/02/2022 |
COÛT | 1.200.000 DHS |
GALERIE PHOTO DU PROJET
A PROPOS DE MAHFOUD LAASRI
Lauréat de l’Ecole Nationale d’Architecture de Rabat, Mahfoud Laasri a fait ses premiers pas dans le monde professionnel au sein d’agences d’architecture de renom, encadré par des grands noms de l’architecture à l’instar de feu l’architecte Abderrahim Sijelmassi. Il a par ailleurs pu participer à plusieurs concours internationaux, dont celui relatif à la construction du Grand Théâtre de Casablanca, en partenariat avec Mecanoo Architecten BV. Son intérêt pour la sémiotique de l’espace fit de sa production architecturale un vecteur de sens à travers l’expression plastique, avec une tendance particulière vers le geste minimal, et un penchant inconditionnel pour l’élément naturel.