L’ approche de ce duo d’architectes se veut contemporaine, simple et non ostentatoire, tout en intégrant l’héritage architectural marocain. Un bâtiment est tout d’abord un lieu de vie. À l’architecte d’être créatif tout en sachant rester humble et discret, mais aussi à l’écoute du maître d’ouvrage, garantissant ainsi, une qualité de l’usage quotidien des futurs utilisateurs.
1 // LE THÉÂTRE D’AL HOCEIMA
Le théâtre d’Al Hoceima fait partie des projets du programme « Al Hoceima Manarat Al Moutaouassit » présenté à sa majesté, Le Roi Mohammed VI le 17 octobre 2015 à Tétouan.
Le projet est conçu en tenant compte de la contrainte spécifique et conjoncturelle actuelle du terrain ainsi que sa configuration future. Son emplacement au centre-ville est stratégique pour le tissu difforme de la trame urbaine d’Al Hoceima. Ce nouveau pôle urbain rehaussera le niveau de l’urbanité de cette ville, en faisant un pôle d’activités culturelles.
L’expression architecturale tente de répondre au mieux au permanent dilemme conceptuel auquel est confronté tout décideur et concepteur. L’architecture se veut résolument moderne, et cela s’exprime à travers l’allure du bâtiment, le jeu de plein et de vide, et la double peau percée avec les motifs arabo-musulman. Ces derniers sont, par ailleurs, la signature du projet ; repris dans le calepinage de l’esplanade, des portes, des murs aveugles en sculpture, et dans les claustras et grilles de protections. La double peau percée avec un motif arabo-musulman, imposante de par sa hauteur, vient habiller en grande partie la façade principale. Durant la journée, une danse de l’ombre et de la lumière, rythmée par le soleil, vient animer et caresser le sol du hall principal et des salles de répétition. Tandis que le soir, cette double peau scintille, tel un bijou urbain se parant des lumières intérieures provenant des percements. Le hall, d’une hauteur sous-plafond de onze mètres, accueille les visiteurs dans une ambiance digne des mille et une nuit, avec son habillage en bois et son impressionnante fresque murale de pierre et de lumière. Du rez-de-chaussée, deux entrées permettent d’accéder à la grande salle d’une capacité de cinq-cents spectateurs. Au centre du hall, de somptueux escaliers mènent à l’étage où deux entrées supplémentaires permettent l’accès au balcon de la grande salle. La conception à également tenue compte de l’importance que peut jouer la forme de la salle sur sa qualité acoustique. Les murs latéraux et arrière sont courbés et habillés en bois avec un calepinage formé de panneaux inclinés, lui permettant d’avoir un bon rendu acoustique naturellement.
2 // CONSERVATOIRE DE MUSIQUE ET DE DANSE – AL HOCEIMA
Le projet se situe au dos du Théâtre d’Al Hoceima. Il a fait partie des projets présentés à sa majesté le Roi Mohammed VI dans le cadre du programme ‘Alhoceima Manarat Al Moutaouassit’. Le conservatoire vient répondre à un besoin pressant de la ville en termes d’expression artistique. De nombreux jeunes artistes professionnels et amateurs sont à la recherche d’un cadre académique permettant de prendre des cours de solfège, d’apprendre à jouer d’un ou de plusieurs instruments de musique, de progresser et d’enregistrer leurs compositions. Sans parler des jeunes danseurs désirant un espace qui répond aux normes internationales pour pratiquer leur art.
L’architecture du projet se veut moderne à travers les gestes marqués par les matériaux. Elle se présente en deux ailes distinctes, séparées par un élément central, saillant sur la façade principale pour annoncer l’entrée marquée par un auvent surplombant le parvis. Le rez-de-chaussée accueille une grande salle de solfège, un studio avec sa salle d’enregistrement et d’écoute dans l’aile droite, et la salle de dance et ses vestiaires dans l’aile gauche. Au centre, le hall donne sur un escalier à la forme courbé et marque la verticalité du bâtiment. Il mène à l’étage où se trouvent les autres salles de solfèges, permettant aux groupes de prendre part à des cours, mais aussi des petites salles prévues pour des cours individuels. Nul besoin de préciser que toutes les salles prévues pour les cours de solfège, d’instruments et de danse ainsi que le studio, sont traités acoustiquement dans les règles de l’art. Une bibliothèque à l’étage permettra aux férus de musique de consulter les ouvrages à leur guise.
3 // BIBLIOTHÈQUE DE QUARTIER – TANGER
C’est dans le quartier Khossafat, non loin de la place du 9 avril et du quartier Merchane à Tanger, que se situe le projet. De surface modeste, il n’en reste pas moins d’une importance capitale au développement intellectuel des habitants du quartier. Il offre un espace de lecture pour ses enfants, et soutien l’analphabétisme.
Concevoir une bibliothèque renvoi directement à la lecture et au voyage qui s’en suit. Liberté, évasion et rêve sont des mots qu’on ne peut ignorer durant le processus de conception. Ainsi est pensée celle-ci.
Elle se présente sous la forme d’un livre qui émerge de la terre et s’ouvre vers le ciel, invitant le piéton à découvrir cet iceberg du savoir. Deux salles de lecture et une salle de cours s’articulent autour d’un patio inondé d’une pluie de lumière.
4 // SALLES COUVERTES – CITÉ SPORTIVE DE TANGER
Tanger a révolutionné les tendances urbanistiques au Maroc. Elle est devenue la première à lancer une mise à jour urbaine intégrée, baptisée « Tanger-Métropole ». Entre les différents secteurs et domaines touchés par ce plan, le sport constitue un des vecteurs de développement les plus importants, faisant de Tanger une véritable capitale sportive. Le cabinet a posé son empreinte dans cette cité sportive à travers le boulodrome et la salle couverte de mini-foot. Deux projets caractérisés par l’utilisation d’une charpente en bois lamellé-collé. La noblesse chaleureuse du bois confère une force tutélaire et un profil bienveillant à ces deux salles. Il assure une esthétique naturelle qui se conjugue par une créativité architecturale, faisant profiter ces projets d’une légèreté imprégnée de modernité, de sobriété et d’élégance, avec un intérieur éclairé et aéré naturellement.
A PROPOS DE OTHMANE EL BARDI ET ANOUAR AKROUH
Ces deux architectes marocains, Othmane El Bardi et Anouar Akrouh, diplômés de l’ENA Rabat en 2014; ont décidés de s’unir pour former une société d’architecture. Othmane et Anouar sont de véritables aficionados d’art. Le premier est passionné de musique et de moto, tandis que le second est passionné de photographie. Leur grande passion pour leur métier leur permet de s’exprimer artistiquement.