La galerie African Arty vous invite à découvrir, en collaboration avec le Sofitel Marrakech, l’exposition collective « Transmission » regroupant les artistes Franck Kemkeng Noah, Amadou Opa Bathily, Chiderah Bosah, Victorien Bazo et Dieudonne Dijela, et ce à partir du 18 mars 2023.
À l’heure de l’information en continu, des réseaux sociaux et d’un certain individualisme, que signifie transmettre? Qu’en est-il de cette passation? De ce geste destiné à confier à une autre personne une mémoire mais aussi des savoirs et savoir-faire, des traditions, rituels ou encore des objets ?
Les propositions plastiques, qu’elles interrogent ou interpellent, qu’elles soient allégoriques, poétiques ou engagées, se trouvent au cœur des débats contemporains. Comment les artistes abordent-ils les notions d’héritages, d’influences et de circulations, de frontières et de migrations, de liens entre générations ? Quels sont les mécanismes de diffusion linguistiques, politiques, spirituels et sociaux dans le temps – entre passé, présent et futur – et dans l’espace ? Quelles sont enfin les limites, les fragilités, les pertes et ruptures de la transmission dans un monde globalisé ?
C’est à toutes ces question que les différents artistes tentent d’apporter leurs réponses a travers leurs œuvres qui s’inspirent directement de leurs différents vécus et les histoires qui leurs sont propres.
FRANCK KEMKENG NOAH
Né à Yaoundé, au Cameroun, en 1992, Franck Kemkeng Noah s’intéresse très tôt au dessin. Il obtient un master en arts plastiques à l’Institut des Beaux-Arts de Foumban (IBAF) dans son pays natal. En 2017, il s’installe en France et suit un second master, cette fois en recherche en art à l’Université de Picardie Jules Verne à Amiens.
Ses racines dans l’ethnie Bamileke du Cameroun et sa culture deviendraient l’une de ses principales sources d’inspiration. Kemkeng Noah peint sur des morceaux de tapis et des objets ménagers qu’il trouve dans la rue. Ils constituent un nouveau support pour une série d’œuvres qui fonctionnent comme des points narratifs dans l’histoire de la migration. Souvent qualifié d' »art hybride », le travail de Kemkeng Noah poursuit une approche expérimentale qui se caractérise essentiellement par la peinture. La recherche esthétique de l’artiste, au cœur de laquelle émergent des œuvres mixtes, propose un regard singulièrement vivant sur les concepts d’interculturalisme, d’identité et de civilisation. La fusion des cultures humaines est au centre de ses préoccupations.
DIEUDONNÉ DJIELA
« Un peuple sans la connaissance de son histoire passée, de son origine et de sa culture est comme un arbre sans racines. »
Marcus Gavey
Le travail de Dieudonné Djiela Kamkang aborde la question de la jeunesse et de l’importance de connaître son histoire afin de donner aux nouvelles générations des bases solides. A travers ses œuvres, l’artiste explore la notion et la question de la « restitution » tout en montrant le rôle et la place de la culture traditionnelle dans le développement et l’avenir.
VICTORIEN BAZO
Bien qu’ayant suivi un enseignement primaire et secondaire classique, Victorien Bazo se passionne très tôt pour le dessin à travers les bandes dessinées et les mangas. Une fois à l’université, son choix est fait en entrant à l’Institut des Beaux-Arts de l’Université de Douala à Nkongsamba (IBA) en 2010. Il y pratique la peinture de genre (portrait, paysage, nature morte), et entre dans le bain de l’art contemporain. Très intéressé par l’histoire et la culture africaine, Victorien Bazo tente de faire le lien entre les us et coutumes des sociétés qui ont laissé une forte trace historique et ceux qu’auraient pu vivre les Africains du passé. En effet, on connaît très peu d’images, notamment des dessins, gravures et peintures, de l’histoire africaine. C’est pourquoi il crée sur la toile des vignettes à la manière d’un bédéiste qui raconte des fictions inspirées par les scènes de vie qui nous rappellent le passé. Un autre aspect de son œuvre tente de mettre l’homme africain contemporain devant ses responsabilités en l’exhortant à continuer à valoriser sa culture tout en célébrant les pratiques culturelles du passé.
En 2021, Victorien a remporté le prestigieux prix Barthelemy Toguo.
CHIDERAH BOSAH
Chiderah Bosah Samuel est un artiste plasticien contemporain autodidacte dont le flair pour l’art est né à un âge très tendre, lorsqu’il reproduisait – au crayon sur papier – toutes les figures visuelles qu’il trouvait dans les livres et les bandes dessinées. Cet intérêt précoce et aléatoire pour l’art s’est finalement métamorphosé en une carrière à part entière pour cet artiste visuel nigérian basé à Port-Harcourt.
Ayant grandi en Afrique, et avec le récit commun qui incombe à une personne noire typique, Chiderah a toujours voulu communiquer ces expériences quotidiennes – les luttes et les bénédictions – de son propre point de vue. Ce désir de longue date lui a permis de passer de la simple commande de portraits au début de sa carrière à la détermination d’un objectif pour son art depuis 2017. Il s’en sert comme d’un exutoire pour s’exprimer et être la voix du peuple.
Il explore actuellement le médium de l’huile sur toile, son genre d’art s’étend à la représentation figurative, au réalisme simplifié et au portrait, les employant comme un moyen de dépeindre principalement les vies résilientes des Africains dans la mère patrie. La singularité du style de peinture de Chiderah est l’utilisation prononcée de teintes calmes et pâles pour consommer sa niche particulière.
Les œuvres de Chiderah Bosah ont été exposées dans de grandes foires en Afrique, en Europe et à New York. Bien qu’il ait déjà fait l’objet de reportages et de quelques gros titres sur des blogs notables, Chiderah est toujours en train d’explorer, d’apprendre et de s’améliorer.
AMADOU OPA BATHILY
Qu’il s’agisse de lumière ou de bruit, nous sommes entourés de particules en mouvement. Les peintres impressionnistes l’ont interprété de cette manière. Et les compositeurs de musique aussi. Une mosaïque de sons, diffus, des éclairs vifs, des paillettes scintillantes dans un souffle. Le peintre malien Amadou Opa Bathily travaille de manière similaire, avec une sensibilité et une fragilité de l’instant, des gens qui le vivent et de leur destin aussi.
Opa Bathily se concentre sur la vie quotidienne ordinaire. Il ne sacralise pas l’instant. L’un de ses tableaux s’intitule « Diplomatie au coin de la rue ». Deux hommes sont en conversation, un adolescent est près d’eux, mais il ne prend pas part à la discussion. De quoi s’agit-il ? D’une chose ordinaire. À quoi pense cet homme, assis sur une marche, visiblement abattu ? Au quotidien ! La question abyssale de ce qui va se passer ensuite.
Diplômé de l’Institut national des arts (INA) et du Conservatoire des arts et métiers (CAMM-BFK) de Bamako, Amadou Opa Bathily a suivi le cursus habituel des artistes maliens. Très jeune, il travaille dans l’atelier Miria et perfectionne depuis lors sa technique avec des matériaux de récupération. Ce savoir-faire est remarquable lorsqu’il s’agit de métal. Ses assemblages, la proximité qu’il entretient avec le plastique et le tissu, donnent à ses compositions la légèreté d’un voile. Le froissement nous entoure, et tous les matériaux participent à cet état de mosaïque sonore et lumineuse. Leur fragilité et leur poésie sont là, dans le sens qu’ils portent.