Pour approcher Rabat rien de mieux que de la contempler d’en haut. Aucun belvédère n’est plus approprié que ce point de vue exceptionnel sur la terrasse de La Tour Mohammed VI, l’édifice le plus emblématique de la ville. L’horizon émerveille avec une vue panoramique où les lignes aérodynamiques de l’architecte De La Hoz imposent leur architecture afro futuriste : Un gratte-ciel à usage mixte toujours en construction à Rabat sur les rives du fleuve Bouregreg tout près du Grand Théâtre, projet phare conçu par feu l’architecte anglo-iraquienne Zaha Hadid.
Une fois achevée en 2024, elle mesurera 250 mètres sur 55 étages et sera utilisée à des fins résidentielles, hôtelières et de bureaux. Les bureaux seront occupés par la banque marocaine BMCE Bank commanditaire du projet. Les quatre derniers étages abriteront un observatoire.
Conçue par l’architecte espagnol Rafael de La Hoz dans un style « afro futuriste » mêlant les fondements utopiques tels que ceux de Wakanda (pays fictif le plus technologiquement avancé sur terre et situé en Afrique) et pouvant être interprété comme la représentation d’un courant esthétique partagé entre sociétés africaines, amazighes et méditerranéennes, d’aspect contemporain : la Tour Mohammed VI geyser technologique et symbolique qui sort du sol pointant le ciel. Autrement dit un gratte-ciel au profil elliptique pour les uns, pure silhouette pour les autres, en tout cas, le plus haut gratte-ciel du Maroc. Selon les termes de son créateur il représente une révolution dans le concept de construction en hauteur dans une ville qui se bat pour s’ériger en capitale africaine.
LA FORME DE TOUR CRAYON MARQUE UNE LIGNE COURBE AU COURS ÉLEVÉ
L’architecte cordouan a expliqué que La Tour Mohammed VI aura une base de locaux commerciaux, sur laquelle sera construite La Tour elle-même, composée de trois parties : des bureaux, des appartements résidentiels et un hôtel de luxe dans la partie la plus haute. Ladite Tour aura une forme de crayon, « avec une double courbure », le projet comprend également un podium à deux niveaux en béton armé de 26 650 m² avec un toit en acier. Les structures de la tour et du podium sont conçues pour résister aux vents violents, aux soubresauts sismiques et aux inondations potentielles de la rivière Bouregreg voisine. La solidité de la tour provient d’un noyau en béton armé à 70 % et d’une structure en acier Vierendeel à 30 % au niveau de la façade. Les fondations sont constituées d’un radier de 3,5 mètres d’épaisseur et de 104 fondations profondes de type « barrettes », tandis que le podium est soutenu par 1800 pieux.
À la question de savoir s’il s’agit d’une œuvre à caractère utilitaire ou ornemental les deux tendances qui, selon lui, ont défini l’architecture du XXe siècle – Rafael de La Hoz a répondu qu’il a essayé de rendre la tour « expressive dans sa structure » et en même temps « proche de ceux qui vont y vivre ». Avec sa structure élancée, ayant nécessité 13.000 tonnes de béton pour ses fondations et 8.520 tonnes de charpente métallique.
INGÉNIERIE AVANCÉE : UN SYSTÈME STRUCTUREL INNOVANT POUR LA TOUR MOHAMMED VI
Le système structurel adopté est un tube dans un tube, constitué d’un noyau intérieur en béton et d’un tube métallique extérieur qui, après plusieurs études, a adopté une configuration de tube rigide. Les dalles de planchers sont réalisées avec une structure mixte, composée de poutres métalliques disposées radialement et d’une dalle en tôle composite.
Les bâtiments de grande hauteur nécessitant des configurations structurelles robustes et des systèmes de construction compliqués, La Tour Mohammed VI offre également de nombreuses particularités remarquables. Son emplacement dans un estuaire a ainsi imposé des fondations profondes, adaptées aux conditions géotechniques, utilisant des modules de murs diaphragmes de 65 mètres de profondeur.
À cette fin, le noyau des flux verticaux (ascenseurs et escaliers) est placé de manière excentrique, de même que l’ensemble des zones techniques situées du côté Sud de chaque étage, renforçant la continuité et la verticalité de la tour. Cette configuration tubulaire a également permis de revêtir la façade sud de panneaux photovoltaïques participant ainsi aux actions d’efficacité énergétique portées par le projet.
LA TOUR MOHAMMED VI : SYMBOLE DE MODERNITÉ ET D’ANCRAGE CULTUREL
Le dessein de l’architecte Rafael de La Hoz fut de construire un gratte-ciel du XXIème siècle, synthèse de tout savoir architectural, avec un ensemble complexe de symbolismes et de visualisations afro futuristes.
Ce brillant architecte émerveillé par un univers magique, mythologique et riche de symboles : la fiction Wakanda et particulièrement envoûté par les aspects distinctifs de l’esthétique afro futuriste et amazighe. L’architecte a voulu doter la tour d’une dimension verticale spectaculaire. Ce n’est pas un gratte-ciel au sens américain du terme ; issu de la commande passée par le promoteur privé Othman Benjelloun, cet édifice longuement réfléchi et inventif montre la fascination pour ce type de constructions. Il se distingue par un contour ovoïdal, affiné mais sans rupture de la base au sommet, enserré d’une parure métallique qui joue avec la lumière et la couleur du ciel.
L’INSPIRATION WAKANDA ET AMAZIGHE : DES RACINES DANS LA TOUR MOHAMMED VI
Parmi les architectes actifs espagnols d’aujourd’hui, De La Hoz est, à notre sens, la figure de proue d’un courant où l’architecture navigue entre le moderne et la tradition. Il est à la fois un chercheur passionné né et un praticien engagé, persuadé de la nécessité de développer une nouvelle architecture pour réinventer un art de construire contemporain qui soit au diapason de l’architecture populaire locale et moderne.
De la Hoz décrit son projet Rbati comme une contribution purement marocaine à l’architecture contemporaine : nous avons intégré modernisation et rationalisation, Rafael de La Hoz pourrait être vu comme le grand éclectique de l’architecture moderne espagnole, une personnalité complexe, attirée par des thèmes aussi variés que l’exotisme de Wakanda, l’avant-garde et l’ingénierie. Son œuvre impressionnante, débutée à la fin de la décade 80 auprès de son père, reste pertinente et résonne encore à l’orée du XXIème siècle. À la fois artiste, inventeur et architecte, il a exploré de nombreux styles, passant de l’utilitarisme au futurisme. La géométrie et les lignes plates jouent également un rôle très important dans la partie artistique interne de ses œuvres.
À l’instar de Gaudi dans le projet inédit des missions catholiques de Tanger, Rafael de La Hoz s’est inspiré aussi des formes d’architecture africaine (Wakanda) et amazighe (Les Kasbahs de l’Atlas) pour réaliser sa grande œuvre à Rabat : la Tour Mohammed VI, hautement technologique, durable et respectueuse de l’environnement qui ne laisse personne indifférent.