The Water Cabinet : une nouvelle exposition collaborative à l’Artist Room du MACAAL

Du 2025-07-10 - au 2025-09-07

Le Musée d’Art Contemporain Africain Al Maaden (MACAAL) est heureux de présenter The Water Cabinet, une installation vidéo à quatre canaux du duo d’artistes Hanakam & Schuller, sous le commissariat de Stella Reinhold-Rudas, en collaboration avec le Jardin Anima de Marrakech. L’exposition sera visible du 10 juillet au 7 septembre 2025 et sera accompagnée d’une table ronde réunissant les artistes, la directrice artistique du MACAAL Meriem Berrada, et le paysagiste Marius Boulesteix qui oeuvre, à Marrakech, en faveur des paysages à la fois résilients, sobres en entretien et respectueux des cycles naturels.


Développé en réponse à la forte sécheresse qui a touché le Maroc durant l’été 2022, ce projet prolonge des recherches des artistes sur le paysage dans le contexte du changement climatique. Entre vidéo, écologie et pensée critique, The Water Cabinet se déploie en une série de vignettes audiovisuelles explorant l’eau comme élément écologique, politique et symbolique. Par le prisme du travail paysager, enrichi de savoirs situés, l’exposition explore la fiction climatique (Cli-Fi), la gestion des ressources et la micro-écologie, pour interroger les réalités de l’approvisionnement en eau dans la région MENA et les dynamiques de pouvoir qui en découlent.

Pensée comme une suite à leur projet de 2021, The Moist Cabinet (Freiburg, Allemagne), cette nouvelle oeuvre déplace le regard vers le Jardin Anima, un jardin-oasis prototypique, pour explorer son infrastructure et les tensions, à la fois pratiques et symboliques, liées à son entretien en contexte de crise climatique.

Tournée dans le décor onirique d’Anima Garden, l’installation donne la parole aux jardiniers et techniciens Mohamed Ait Tiguert, Mustapha El Barde, Aziz Ait Mtai et Abdellatif Chagour, qui s’expriment en darija et en amazighe sur leurs gestes quotidiens, leurs outils et leurs motivations. Leurs gestes, mêlant routine et rituel, traduisent un soin, un héritage, et une forme de résistance silencieuse. Leur savoir-faire révèle le jardin comme un espace de beauté, mais aussi comme un lieu façonné par des héritages historiques et les défis climatiques.

Le film met l’accent sur ce que les artistes appellent « le côté miroir » du jardin : ses mécanismes cachés d’irrigation, de drainage et de maintenance, alors même que l’oued Ourika, habituellement source principale d’eau du jardin, s’était entièrement asséché.

« La question de l’accès à l’eau, de sa gestion, est une question de pouvoir. Le fait de pouvoir forer des puits profonds, d’avoir les ressources nécessaires pour accéder à l’eau, relève aussi d’un rapport de pouvoir. Cet élément vital, indispensable à la croissance des plantes, devient un bien âprement disputé. » Extrait de « The Water Cabinet: The Animated Oasis » par Susanne Rohringer, artmagazine.cc, mars 2025.

Réinterprétant le jardin comme artefact culturel, un espace où nature, savoirs et pouvoir s’entrelacent, The Water Cabinet invite les visiteurs à déconstruire les récits hérités et à imaginer des écologies alternatives et décoloniales.

À la fois poétique et troublante, l’œuvre joue sur les dualités : l’image de pétales de rose flottant dans une fontaine contraste avec celle d’un lit de rivière asséché, suscitant une réflexion sur la beauté, la rareté et la précarité de nos écosystèmes. Ancré dans des paysages réels et des voix locales, le projet demeure une vision artistique assumée, une « machine à images », selon les mots des artistes, qui explore non seulement la manière dont les jardins sont entretenus, mais aussi comment ils sont perçus, interprétés et mythifiés.


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