La maison est intemporelle, créée par un couple d’architectes aux multiples facettes, un homme et une femme inspirés par la nature, la sculpture et la lumière…Leur travail se définit par ces allers-retours permanents entre l’infiniment petit et le glorieusement grand. Cette oeuvre est une introspection juste et pérenne sur eux-mêmes, une maison où il fait bon vivre, aux allures d’un voilier qui peut ‡ tout moment prendre le large.
Située à Dar Bouazza, la maison a été travaillée entièrement autour du thème de la navigation. L’angle pointu en façade représente la proue du bateau. Les pans de murs qui avancent vers l’angle sont inclinés vers l’avant. On peut ainsi ressentir le
mouvement du bateau qui se plante dans les vagues. On retrouve également le thème dans le mur de clôture, dont les courbes forment des vagues. Les petits trous tout le long nous rappellent ceux des galères, par où sortaient les rames. L’arrière de la maison, d’une forme arrondie, représente le pont arrière d’un galion transpercé par la cheminée sur les trois façades. Les courbes du jardin épousent les formes du bâti.
Ce jardin a été étudié par le paysagiste Patrick Coquil, qui lui a apporté le plus
grand soin. Le rez-de-jardin, qui éclaire le sous-sol, permet de créer un jeu de volumes intéressant à l’extérieur. On y accède par des escaliers en arrêtes de poissons. La structure de la maison prend ainsi appui au niveau du sous-sol qui devient un espace de vie. Au-dessus de cet espace, on trouve une terrasse avec tenture. Elle permet de profiter du paysage en le libérant de tout encombrement.
Lors de la première esquisse de la maison, le premier geste fut de dessiner le socle du piano. La maison fut ainsi dessinée autour du piano, partant du cercle vers le reste de l’espace et créant un rayonnement ordonné.
« Le cercle est le démarrage de tout ». Le hall d’entrée dessert l’escalier et les services à droite, ainsi que la suite d’amis à gauche. Sous l’escalier se trouve une inclinaison. Cette dernière est cachée par un subtil jeu de faux plafonds. Les architectes ont en profité pour réaliser un faux plafond acoustique qui suit la forme
du piano et répercute le son de manière optimale. Les architectes ont accordé une importance particulière à la lumière. Toute la maison est ouverte vers l’extérieur, grâce à des baies vitrées toute largeur et toute hauteur. La salle à manger, que
Bachir Namany s’amuse à appeler « l’aquarium », est un espace sans obstacle entre l’intérieur et l’extérieur, offrant aux convives de profiter pleinement d’un déjeuner comme au jardin. Le salon marocain a été cassé et le séjour s’est ouvert pour profiter de tout l’espace de la maison. La cheminée, telle celle d’un bateau, est toujours visible de l’extérieur, accentuant l’axe principal de la maison.
On ne peut parler de la maison de B. Namany et M. Zaz sans évoquer leur amitié profonde avec l’artiste sculpteur Karim Alaoui. La complicité qui les lie leur permet de créer ensemble, « de mouler et de démouler des objets à l’infini » dans l’atelier du
sculpteur. La sculpture de l’escalier a été vue dans une exposition par Bachir Namany, et lui a donné l’impression, quand il se tournait, que la tête bougeait. C’est ainsi que lui est venue l’idée d’utiliser cette sculpture pour créer un mouvement. En montant les marches de la maison, le premier visage nous regarde, puis chaque sculpture est tournée de 5° à chaque marche, accompagnant la montée et créant cette impression de mouvement chère à l’architecte.
L’œuvre de Karim Alaoui est omniprésente dans l’aménagement de la maison et reflète la grande osmose créative qui lie ces artistes. « Je passe des journées avec lui à l’atelier. Je mets une blouse et on reste toute la journée à mouler. J’ai un coté artiste qui me donne la possibilité de faire beaucoup de choses en même temps … Dans mon cursus, j’ai appris qu’on apprend toujours… Je suis un grand bricoleur. Je fais tout : le bois, la maçonnerie, la plomberie… Pour moi c’est un plaisir, une nature …», nous confie l’architecte.
FICHE TECHNIQUE
MAîTRISE D’OUVRAGE | MYRIAM ZAZ + BACHIR NAMANY |
MAîTRISE D’OEUVRE | MYRIAM ZAZ + BACHIR NAMANY |
SITUATION | DAR BOUAZZA – MAROC |
SURFACE COUVERTE | 600 M2 |
LIVRAISON | 2000 |