Il y a des moments où il faut vaincre la tristesse profonde et trouver la force pour rendre hommage à ceux qui le méritent. C’est un lieu commun de dire que les meilleurs s’en vont toujours. Mais il est impossible de bannir cette phrase face au départ de Fouad Akalay, qui nous a quittés en juin dernier : « L’architecture, c’est la vie, en tout cas pour moi », a-t-il déclaré dans une vidéo.
Fouad Akalay est décédé. Le vide qu’il laisse est grand. Fini les rencontres, les conversations et le sentiment d’avoir rencontré un homme incontournable. Il était complaisant et modeste. Mais surtout, il était inoubliable.
Fouad Akalay, en tant que tangérois transnational, était un voyageur invétéré. Il lui arrivait de visiter l’Europe et d’autres pays sans savoir quand il reviendrait. Il était un peu bohème. Cela ne l’empêchait pas de se consacrer avec ténacité à sa profession. Il était toujours dans son bureau, « Il me disait que la réussite passait par le travail, mais il le faisait aussi parce qu’il aimait ça ». C’était un homme visiblement passionné par son métier. En tant que personne, il était un modèle. Il dégageait de la noblesse et de l’honnêteté.
Il semblait vivre dans une transe méditative. Il travaillait avec une grande concentration. Il prenait beaucoup de temps pour analyser en détail tout ce qu’il faisait. Il avait un goût exquis et sa vocation était totalement axée sur l’architecture.
Dans son travail, il a choisi une voie différente, en phase avec ce qui se passait dans le monde, et il l’a développée avec un talent extraordinaire. Derrière son humanisme , Fouad Akalay cachait aussi un esthète. Il était à la fois un chercheur passionné né et un praticien engagé, persuadé de la nécessité de développer une nouvelle architecture pour repenser un art de construire contemporain qui soit au diapason de l’architecture vernaculaire et moderne.
Pour Fouad, l’architecture était « émotion, surprise, différence et poésie ». Je le considérais non seulement comme un collègue estimé, mais aussi comme un cousin: j’avais toujours plaisir à discuter avec lui lors de mes séjours à Tanger, Rabat, Casablanca et Fès. Il me manquera beaucoup. Ces qualités ont fait de lui une personne très apreciée parmi les architectes. In Memoriam.
Biographie
Mostafa Akalay Nasser est docteur en histoire de l’art de l’Université de Grenade et urbaniste formé aux Universités de Paris VIII (Saint-Denis) et Paris IV La Sorbonne-CNAM, ainsi qu’à l’École des Ponts et Chaussées de Paris. Il est actuellement directeur de l’École Supérieure des Métiers de l’Architecture et du Bâtiment de l’Université Privée de Fès (Maroc). Au cours des dernières années, il a multiplié ses activités d’étude et de recherche dans des domaines comme l’urbanisme, l’histoire de l’architecture, la gestion du patrimoine, l’anthropologie de l’espace, l’interculturalité et l’ingénierie culturelle.
Auteur du livre :
La ville nouvelle de Tétouan (1860-1956) : Synthèse de son histoire urbaine et architecturale. Documents écrits, témoignages inédits. En Espagnol et bientôt en Français.
