L’exposition consacrée à Farid Belkahia (1934-2014, Marrakech) – aujourd’hui considéré comme l’un des fondateurs de la modernité artistique marocaine et, plus largement, arabe – s’articule autour de deux périodes constitutives de son œuvre : la période pragoise et expressionniste de l’artiste à partir de 1959 et son retour à Casablanca en 1962 avec une salle spécifiquement consacrée à ses cuivres. Le parcours se clôt par un ensemble d’œuvres réalisées à partir de peau de chèvre qui font dialoguer avant-garde et culture traditionnelle.
C’est avec ses œuvres sur peau que Farid Belkahia va acquérir la place essentielle qui est désormais la sienne dans l’histoire de l’art des dernières décennies. L’exposition accorde également une place importante aux travaux sur papier, cette pratique quotidienne à travers laquelle l’œuvre se projette vers ses possibles et s’abandonne au pur bonheur de la création. Le Centre Pompidou poursuit ainsi sa collaboration au travail d’écriture en cours de l’histoire des modernités non-occidentales.
En 1959, Farid Belkahia sait déjà qu’il ne sera pas un peintre marocain de la Seconde École de Paris. Aussi décide-t-il de quitter la France où il étudiait pour aller à Prague étudier la scénographie. Là, l’expressionnisme qui était le sien va se délester de ce qui appartient encore à la tradition picturale occidentale. C’est à Prague que les premiers chefs-d’œuvre voient le jour.
Le deuxième temps de l’exposition débute en 1962, lorsque Farid Belkahia rentre au Maroc et prend la direction de l’École des beaux-arts de Casablanca. Avec l’aide de quelques personnalités, il va radicalement transformer l’enseignement en s’efforçant de reconnecter la modernité artistique avec les traditions vernaculaires et l’artisanat ancestral que le regard colonial avait, avec condescendance, rangés au rayon d’insignifiantes pratiques folkloriques. C’est durant cette période que naît une mouvance, l’École de Casablanca, dont Farid Belkahia est l’un des protagonistes, désormais tenue pour l’une des manifestations cardinales d’une modernité post-coloniale.
En 1963, un an après sa nomination à la tête de l’École des beaux-arts, Farid Belkahia donne à son travail une inflexion décisive : l’adoption du cuivre. Ce choix entérine sa rupture avec la peinture occidentale : « J’ai délibérément opté pour le choix d’un matériau hautement inscrit dans la tradition artisanale du Maroc ». En 1975, alors qu’il a quitté la direction de l’École, Farid Belkahia approfondit encore cet enracinement de son travail dans la tradition artisanale, en substituant la peau de chèvre au cuivre.
Les généreuses contributions et prêts du Mathaf de Doha et de la fondation Farid Belkahia de Marrakech permettent de proposer au public un large ensemble d’œuvres et de mettre en lumière l’un des fondateurs historiques de la modernité arabe.Lire la suite
Exposition réalisée en partenariat avec le Mathaf : Arab Museum of Modern Art, Doha et avec la collaboration de la fondation Farid Belkahia, Marrakech.
INFORMATIONS
19 mai – 19 juil. 2021
11h – 21h, tous les jours sauf mardis