Les femmes-vibrations d’Elisabeth Bouillot, dans leurs sublimations figuratives, leurs allégories transgressives, leurs métamorphoses génératives se façonnent en paraboles sensitives. Ces archétypes se formulent en louanges optatives, s’inscrivent d’emblée dans l’alchimie du palpable et de l’impalpable, du visible et de l’invisible, du dicible et de l’indicible. Le regard instantanément saisi par le jeu des lignes serpentines, des courbes cabotines, des ombres mutines découvre des contrastes imprévisibles, des formes extensives, des ellipses allusives au creux d’artefacts d’apparence anodine. Le pinceau sculpte le plein et le vide, le tout et le rien, l’imaginable et l’inexplicable, dans l’entre-deux générateur de motifs inattendus.
Le bichrome jaune diarylide et rouge quinacridone, entrelace le limpide et l’opaque, le fluide et le compact, le cristal et le santal, taquine l’incandescence volcanique la dans une malicieuse fertilisation des paradoxes. La chair se fait esprit, l’esprit se fait chair. La posture insolite jaillit d’indécelables étincelles visionnaires , s’incarne en silhouettes originaires, se projette en miroirs lunaires.
L’approche mystique transparaît dans l’intitulé des toiles. Ici, la peinture voile ses thématiques, dissimule ses sources mythiques, brouille ses décryptages symboliques. Le nu s’ouvre sur l’incommensurable infini des questionnements métaphysiques. La muse en transfiguration, tour à tour contemplative, méditative, mélancolique, présence-absence toujours tournée vers le lointain, camouffle les secrets impénétrables de la sphynge.
S’invoque au passage la déesse-mère fondatrice, fécondatrice, protectrice, sylphide indiscernable, ondine insaisissable, océanide indécelable, baignée de lueur volatile, surgie d’une forêt vaporeuse, d’une mer imperceptible, d’un espace-temps sans repères. La toile s’immerge dans une nimbe onirique, secrète invite à l’exploration d’horizons insoupçonnables.