La trajectoire de l’agence s’est construite autour de projets divers qui cherchent à définir dans une pratique des limites : les limites de la pratique. La structure internationale de l’agence permet un dialogue entre les cultures, les méthodes et les territoires : nous intervenons de manière spécifique à une échelle globale. Nos stratégies architecturales démarrent “avant” le projet architectural et se terminent “après”.
1//PAVILLON DU MAROC-EXPO 2020 DUBAI
L’un des seuls ensembles destinés à ne pas être démantelé au lendemain de l’exposition universelle du Dubaï, le Pavillon Maroc célèbre à la fois l’innovation et la durabilité, à travers une mosaïque de volumes, tous connectés. Il s’agit moins de pénétrer dans un bâtiment que de traverser un quartier, un véritable tissu urbain.
Avec des façades en terre battue de 4000 m2, le bâtiment repousse les limites techniques et créatives de ce matériau en culminant à 37 mètres, une hauteur inédite pour ce matériau. Une prouesse que l’on doit à l’association de la terre crue, compactée et préfabriquée, à une ossature en béton allégée, répondant aux exigences réglementaires, d’usage et de durabilité de ce matériau.

Matériau primordial par excellence, la terre a cessé d’être utilisée depuis la fin du XIXème ne se maintenant qu’à très petit échelle. Aujourd’hui, c’est l’urgence climatique qui pousse des constructeurs du monde entier à envisager le retour à la terre. Et si le Maroc veut jouer un rôle de pre- mier ordre, ce n’est pas seulement au nom de la tradition qu’illustrent les kasbahs et villages de l’Atlas. Il est depuis un siècle un territoire de modernité sur les questions urbaines et architecturales, offrant de réinventer le rapport à la nature et l’organisation du vivre ensemble.
A travers ses 22 volumes rectangulaires superposés, qui rappellent visuellement les villages en terre battue du sud, le Pavillon Maroc illustre l’effort d’aller vers une durabilité radicale, en jouant de l’épaisseur des murs, de la ventilation à travers les jardins et de la fraîcheur du patio.Il s’agit aussi de réduire au maximum les espaces climatisés, quitte à solliciter nos corps, à les réactiver, en les réhabituant à des températures rendues supportables par le bâtiment, mais naturelles.
Le lieu choisi pour implanter le CCM est particulièrement symbolique. Le 115 Bd St Michel est un des hauts lieux de la présence du Maroc à Paris. Depuis les années 30, le 115 est le siège de l’AEMNA (l’Association des Etudiants Musulmans et Nord Africains). Faire revivre ce lieu était aussi un projet de mémoire et de patrimoine. Pour ce nouveau bâtiment, le projet se voulait à la fois profondément parisien et intimement marocain. Il a donc fallu éviter les présences architecturales symboliques et anachroniques. Les architectes ont cherché non pas à imposer une tradition architecturale ou même une écriture d’un autre temps ou d’un autre lieu, mais plutôt à s’intéressés à des expériences communes dans la grande tradition architecturale et urbaine marocaine et le tissu parisien.
La ruelle médiévale qui se retrouve aussi bien dans les médinas marocaines que dans le tissu médiéval parisien du quartier latin est le point d’ancrage de ce projet. La ruelle :c’est à la fois un passage mais aussi une expérience spatiale de compression et de verticalité. La parcelle du CCM traverse l’îlot entre le boulevard St Michel et la rue Henri Barbusse. Cette typologie a permis de faire de l’ensemble du bâtiment un territoire traversé. L’espace au rez-de- chaussée dédié aux galeries d’exposition est conçu comme un lieu public traversé.
Ici, ce n’est pas dans les surfaces intérieures que le motif existe comme dans la tradition marocaine, mais il s’interprète dans la peau du bâtiment. La façade est une marqueterie de verre composée d’un module unique mais traitée avec des degrés d’opacité différente et en travaillant les inclinaisons. Le projet s’exprime par familiarité et réminiscence plutôt que par la forme et les signes à la culture marocaine qui s’invite à Paris.


2//CFC CUBE
Le projet de ce bâtiment de bureau au cœur du nouveau centre financier de Casablanca est d’abord un geste d’une grande générosité urbaine. Dans ce nouveau quartier aux densités inédites à Casablanca et aux prospects probléma- tiques, l’espace public est ténu, fragile et désarticulé. Pour apaiser cette situation, la parcelle est creusée, inventant ainsi un espace qui est rendu à la prérogative publique. Ainsi la place, la rue qui font face au projet se prolonge naturelle- ment le long d’un grand amphithéâtre urbain au cœur de la parcelle vers une place commune, véritable cœur du projet et du quartier. Cette offrande urbaine est marquée, par une portée exceptionnelle qui fait de cet ouvrage un bâtiment/ pont. Cette structure héroïque marque un seuil et résout l’îlot.

Comme dans nombre de nouveaux quartiers, l’architecture à l’AUDA est un reflet instantané des préoccupations et des écritures, souvent bruyantes, faites de volumes « habillés » et de doubles peaux plus ou moins réussies ; c’est une col- lection d’objets qui se pensent indépendants. En résistance
à cette tentation de gesticulation architecturale, O+C ont inventé une architecture silencieuse, presque muette. Ici, tous les éléments de l’architecture disparaissent, rendant impossible la perception de l’échelle, accentuant d’autant la présence abstraite de ce bâtiment. Cette volonté de so- briété n’est pas du tout une volonté d’effacement, bien au contraire, nous proposons une architecture d’une grande radicalité qui est là pour renforcer l’identité de CFC, mais qui ne parle pas que d’elle-même : elle dialogue avec son environnement.


C’est un monolithe de béton. Il est constitué d’un empile- ment d’immenses blocs en béton blanc et brut, tous de di- mensions différentes. Les variations très subtiles d’un bloc à l’autre fabriquent une vibration musicale et dialoguent avec la lumière de façon puissante.
Ce bâtiment s’inscrit dans une longue tradition architecturale Casablancaise, celle de l’expérimentation, de la recherche et de l’invention. Celle qui ne vient pas plaquer des modèles génériques, mais qui les fait se lever du territoire.
A PROPOS DE TARIK OUALALOU / OUALALOU+CHOI

Tarik Oualalou et Linna Choi ont fondé l’agence OUA- LALOU + CHOI, basée à Paris et à Casablanca, avec la volonté de développer une pratique construite autour d’une critique des modes de fabrication de nos territoires. Récipient de nombreux prix d’architecture et d’urbanisme, Tarik et Linna sont également enseignants d’architec- ture, ayant mené des studios à plusieurs universités de renommée : M.I.T., Rice University, American School at Fontainebleau, RISD, Ecole Spéciale d’Architecture, et Venice IAUV University.





