L’école centrale de Casablanca

L'école dans la forêt

AGENCE EL HALEQ MOHAMED KAMAL ARCHITECTE (MANDATAIRE), AGENCE LEAD ARCHITECTURE, AGENCE GOLHEN, AGENCE MAP

Le projet de l’école centrale de Casablanca offre un regard profondément poétique sur la relation intime entre l’Homme et la forêt. En révélant la corrélation organique qui les unit, l’ensemble s’articule autour d’une voie centrale, pensée comme un axe vital. Celle-ci évoque, d’un côté, la colonne vertébrale humaine et ses connexions nerveuses qui irriguent chaque organe, et de l’autre, le tronc de l’arbre, support vivant de son feuillage.

Ancré dans une lecture fine du contexte, le projet s’imprègne des détails les plus sensibles, de ces bribes de vies perçues au détour d’un échange, d’un silence ou d’un regard. Il en découle une écriture architecturale empreinte de sens, traduisant les résonances profondes d’un lieu habité, à la fois par la nature et par ceux qui la traversent.


Inséré en périphérie de la forêt de Bouskoura, le projet se fond dans la masse des arbres. Fusionnant avec son espace, l’École Centrale de Casablanca est en parfaite symbiose avec son environnement. Prenant son élan dans la forêt, en prolongement d’une allée existante entre les arbres, un chemin piéton dessert les différents espaces. Il forme la colonne vertébrale du projet. Ce dernier sculpte deux entités ; le bloc pédagogique et la résidence étudiante. C’est sur la partie inclinée du terrain que s’organise le bloc pédagogique, prédisposé à profiter des vents réguliers, rafraichissant l’espace naturellement.

Cette pente permet une ascension sur trois niveaux, offrant ainsi un projet compact, facile à distribuer. Par leurs portées, variant entre sept et quatorze mètres, de grands porte-à-faux génèrent une symphonie d’ombres sur les façades. Défiant la gravité, ils symbolisent le défi relevé par les ingénieurs en permanence, dans un souci d’innovation.

L’utilisation de dalles alvéolaires et de structures métalliques permet le franchissement des grandes portées, et libère ainsi les espaces intérieurs des blocs, les rendant ainsi facilement réaménageables, sans contrainte structurelle.

L’espace a pour ambition de devenir le lieu du possible en se libérant d’un maximum de contraintes. Il devient à l’image d’une scène de théâtre, ouvert aux différentes interprétations, évoluant selon les besoins de ses usagers. S’inspirant des ramifications des branches d’arbres le long du tronc, et des feuilles le long des branches, les volumes s’organisent autour d’un grand atrium. Ce dernier communique visuellement avec le jardin intérieur, se trouvant un niveau en dessous.

Un immense toit parasol, poinçonné de moucharabieh en aluminium, filtre la lumière du soleil et en laisse passer quelques rayons, faisant de la partie centrale du lieu un véritable poème en prose. Cet élément architectural protège également de la chaleur et de la pluie, permet la ventilation naturelle des lieux et vient par son allure marquer l’horizon. En plus, L’intégration des doubles vitrages et des doubles cloisons, permet de limiter les surchauffes et les déperditions thermiques, réduisant ainsi la consommation d’énergie pour la climatisation.

La nuit, ce paysage protégé est une oasis de lumière sous une toiture étoilée. L’espace résidentiel occupe la partie basse du terrain, et accueille les logements pour les étudiants, les enseignants et pour les personnes à mobilité réduite. Il forme l’extension quasi-naturelle du bloc pédagogique, s’organisant également autour de la même colonne vertébrale, faisant du tout un seul et même corps. Et comme, rien n’est plus semblable à l’identique que ce qui est pareil à la même chose (pour reprendre les mots de Pierre Dac), l’espace résidentiel, composé de plusieurs blocs, s’organise d’une manière plus fluide et plus organique, à l’inverse du bloc pédagogique ordonné de façon orthogonal. Incarnant un esprit de détente et d’évasion, il se matérialise par l’organisation des blocs autours de ruelles sinueuses.

l'école centrale de Casablanca
© Alessio Mei

Par le choix du revêtement des façades en bois, la composition et les arbres qui les entourent, on croit voir au loin, des cabanes dans les bois. Intégrer est une mission qui réclame tout à la fois, de la justesse, de l’équilibre et de l’audace.

Par son approche sensible du lieu, le projet mène une profonde réflexion sur la question de la « modernité » au XXIe siècle. L’architecture ne saurait se réduire à une matière ou une forme sans aspérité, sans signification. Le lieu étant la base de chaque conception, l’architecte trace son chemin au fil des yeux et des pages, une sorte de déambulation dans l’espace et dans le temps, rythmée par les projets et leurs histoires particulières.


FICHE TECHNIQUE


MAITRISE D’OUVRAGE
MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE, DE L’INVESTISSEMENT, DU COMMERCE ET DE L’ÉCONOMIE NUMÉRIQUE
GROUPEMENT D’ARCHITECTESAGENCE EL HALEQ MOHAMED KAMAL ARCHITECTE (MANDATAIRE), AGENCE LEAD ARCHITECTURE, AGENCE GOLHEN, AGENCE MAP
LIVRAISON
JUIN 2021
SURFACE COUVERTE
24 550 M²
COÛT215 000 000 DHS

GALERIE PHOTO DU PROJET


ARTICLE PAR Kenza EL IDRISSI
CRÉDIT PHOTO Alessio MEI

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