Saluant cette décade d’innovations bousculant les codes du mobilier d’intérieur, Maison&Objet nomme Fien Muller et Hannes Van Severen Designers of The Year 2023. Cette distinction leur sera remise lors de l’édition à venir du salon, du 7 au 11 septembre, pour laquelle le duo belge propose une « exposition-cocon », en plongée inédite dans leur imaginaire.
Le duo fusionnel conçoit un design égalitaire qui, à la croisée du Bauhaus radical ou du fonctionnalisme visionnaire, fusionne les vocabulaires des arts plastiques, graphiques et décoratifs, en plus de brouiller la frontière de l’intime.
EVERGEM, UNE OASIS CRÉATIVE
Promenade à travers leur foisonnant terrain créatif, l’exposition nous ouvre les portes de l’intérieur des designers et réunit une sélection d’œuvres iconiques du catalogue Muller Van Severen. Les trois lieux de ce décor planté au cœur du salon Maison&Objet Paris sont reliés par des chemins permettant une circulation triangulaire dans le cocon du couple. Là encore, la scénographie empreinte à l’architecture et permet un exercice de psychologie créative.
« L’exposition agit comme une installation globale et immersive où nos pièces existent comme autant de petites entités autonomes. Elle est un miroir de notre intérieur mais aussi de notre esprit »
Hannes Van Severen
COULEURS ET ÉPURE FORMELLE
Bulle suspendue, le stand déroule un panorama de toutes les explorations de Muller Van Severen, se jouant des matériaux et des couleurs. Cette approche caractéristique s’incarne en des « meubles-sculptures », envisagés comme autant de petites architectures indépendantes qui se répondent dans leur épure formelle, autant qu’elles invitent individuellement à renouveler une expérience sensorielle de l’objet. Les bleus, rouges, verts et jaunes vifs des cimaises ne sont pas sans rappeler les observations chromatiques du néoplasticisme d’un Piet Mondrian et de la troupe de De Stijl.
Ces couleurs se répètent par touches dans la collection Future Primitive, série fondatrice ordonnant le « style » Muller Van Severen : un minimalisme fondamental où riment sobriété, fonctionnalité et design de collection. Pour Maison&Objet Paris, le couple en présente les étagères de différentes hauteurs et configurations, incorporant des transats insérés à même les cadres, ainsi que des lampes sur pieds. Assemblages dépouillés, ces pièces fusionnent des fonctions pourtant complexes pour mieux valoriser l’essentiel :
« Le contraste entre la volonté de contrôler la forme et d’imposer des contours minimalistes, tout en laissant les couleurs s’exprimer librement, est une grande source d’amusement »
Fien Muller
UNE RENTRÉE «MAISON&OBJET» RICHE EN COLLABORATIONS
Une dextérité réjouissante toute en écho avec le thème « Enjoy » de cette édition de Maison&Objet et qui transparait également ici dans les lignes naïves et légères des néanmoins magistrales armoires murales en acier de la série Wire. Ou encore là, dans les répétitions tubulaires des bancs et cabinets ALLTUBE, qui réconcilient le regard et le toucher avec un aluminium trop souvent déprécié. Ces séries emblématiques dialoguent avec de toutes nouvelles productions et commandes, parmi lesquelles une série de vases pour Bitossi et une lampe de sol développée pour Valerie Objects.
En exclusivité française, Muller Van Severen profite aussi de Maison&Objet Paris pour présenter deux nouveaux tapis développés pour le leader du textile d’ameublement Kvadrat qui ont fait sensation lors du dernier Salone Del Mobile de Milan. Intitulés « March » et « July », les deux modèles dont les structures et surfaces s’inspirent des différents stades de tonte naturelle d’un mouton, partagent une méthode de production unique
En exclusivité pour Maison&Objet, Muller Van Severen présentera enfin de nouvelles productions développées pour la marque danoise HAY, venant enrichir une coopération déjà remarquée.
Muent par ce souci permanent de sonder tous les recoins des champs de la sculpture autant que du design, affranchis de tout académisme, Muller van Severen propose donc des objets qui s’exposent autant qu’ils s’éprouvent et se vivent, pouvant trouver leur juste place dans le white cube d’une galerie, aussi bien que dans le confort privé d’un salon particulier.
« Meubles » ou « œuvres » ? La réponse n’a peut-être que trop peu d’importance pour nos designers de l’année qui poursuivent, créateurs funambules, leur progression sur ce fil ténu et vacillant, suspendu entre les mondes de l’art et du design.