L’architecture est l’expression de notre culture contemporaine. Son essence réside pour moi, dans l’intégration de chaque projet dans son environnement : au sens culturel, social, anthropologique mais aussi dans le rapport à la lumière, aux saisons et à l’élément végétal. Je pense que ces éléments doivent se retrouver dans chaque projet, indépendamment de sa taille et de son budget.
1 // MGO – PARTI ARCHITECTURAL
MGO – maison numéro 32, avait subi plusieurs transformations au moment de son acquisition. Dès ma première visite, j’ai ressenti l’intérêt spatial et le potentiel que pouvait avoir cette maison. Traversante, organisée en bande avec 32 autres maisons, cette dernière bénéficiait d’une double orientation favorable avec vue sur le grand jardin de la copropriété.

Par ailleurs, plusieurs fonctions essentielles avaient été supprimées comme la cuisine qui avait disparue contre un espace « séjour », la deuxième salle de bain de l’étage avait été remplacée par un wc, l’entrée n’existait plus … Tout cela rendait le challenge encore plus intéressant.
L’idée de travailler sur une construction ancienne, un patrimoine dit « ordinaire », du quotidien, m’a poussé à questionner les matériaux avant de les choisir et de les faire dialoguer au mieux afin de produire une réponse contemporaine en partant d’une base datant des années 70.
L’objectif était de réconcilier cette maison avec elle-même, en restituant ses particularités effacées par les différentes transformations. C’était le moyen d’offrir à ses nouveaux acquéreurs un véritable socle pour leur nouveau projet avec un caractère assumé. La conception du projet a commencé, en tenant compte des nouveaux besoins, tout en respectant l’esprit du lieu : un espace avec des volumes épurés à retrouver, des matériaux locaux, durableS et pérennes, et le respect d’un budget limité. Ça nous a mené à des choix efficaces et sans fioritures.




L’objectif était de faire une maison familiale évolutive, simplement moderne et naturellement lumineuse. Avant de s’attaquer aux lots architecturaux, tous les lots techniques ont été revus (électricité, plomberie, sanitaires…), gardant uniquement le squelette structurel de la maison. Le cloisonnement des espaces a été repensé, afin de réorganiser les fonctions par niveau.
Enfin, pour les travaux de finition, les sols, les murs et les plafonds ont été complètement remis au goût du jour. Pour le choix du mobilier et des accessoires, il a été fait avec beaucoup de patience et de soin, intégrant des touches marocaines (y compris de jeunes designers), permettant ainsi à chaque objet de raconter son histoire. Ainsi va la nouvelle vie de MGO, maison de ville moderne et contemporaine, nichée dans un quartier sobre, entourée de verdure et baignée de lumière.

2 // CDYTM – PARTI ARCHITECTURAL :3 AXES DE RÉFLEXION

– Densité et transparence : Le programme était très chargé et la parcelle très modeste. Ainsi, nous avons creusé une masse compacte à l’aide de boîtes transparentes. La simplicité des volumes et la transparence des circulations ont favorisé une légèreté et ont permis une dilatation de l’espace par effet d’optique.
– La boîte à lumière : Au vue des besoins de clarté nécessaires à la pratique dans la clinique, nous avons conçu une boîte à lumière, qui amène un maximum d’éclairement, tout en améliorant le bien-être des médecins et des patients.
– Le végétal indissociable : il est incontournable pour transformer l’atmosphère de la clinique, et constamment en dialogue avec les espaces intérieurs. Les essences sélectionnées sont originaires du Maroc et peu consommateurs en eau et en temps d’entretien.

DESSINER L’OMBRE

Exercer l’architecture dans un cadre existant ne signifie pas s’effacer face à celui-ci. Au contraire, pour l’architecte, c’est un moyen d’aller plus vers l’abstraction afin d’extraire l’essence des éléments. C’est ainsi qu’il a produit une série de recherches graphiques, progressives.
L’objectif étant de saisir l’ombre dessinée sur une masse afin de déterminer un rapport de pleins et de vides, de clairs et d’obscurs, … C’est un moyen de faire un aller-retour entre les échelles urbaines et architecturales, partant du détail pour atteindre une vision plus large avant de revenir vers un espace ciblé.
C’est un outil d’analyse de site, privilégiant le graphisme, et entrainant l’œil à une précision dans la perception des volumes, des lignes et de ombres.

A PROPOS DE YOUSSRA SOUFIANI

Après des études à Bordeaux, une expérience de 5 années à Paris, Youssra Soufiani retourne à Rabat. Après une riche expérience de 10 ans en agence, elle lance sa propre structure, 83 ARCHITECTES. Elle y défend une production architecturale épurée mais enracinée, sans artifices et en équilibre avec son environnement. Une architecture détachée de l’image de synthèse redondante et vulgarisée et particulièrement liée à son patrimoine, sa culture et sa société. Une vision clairement énoncée lors des cours qu’elle donne à l’ENA de Rabat. Profondément optimiste et combative, elle croit en un urbanisme qui recycle la ville et milite pour une architecture démocratisée, celle du quotidien, englobant entre autres, le “patrimoine ordinaire”.