La sixième édition du festival « JIDAR – Rabat Street Art » vient tout juste de s’achever. Des artistes de renommée, ont sillonnés les quartiers de la capitale du 16 au 26 septembre 2021, pour offrir aux Rbatis un spectacle coloré. Ce festival d’art urbain, qui a enchaîné réussite et succès, a été reporté l’année dernière à cause des restrictions sanitaires, et a enfin pu enjoliver les rues de la capitale.
Entre les murs pâles de quartiers inanimés, et les façades d’avenues très fréquentées, divers recoins de la ville ont été revêtus de talent et de passion, pour satisfaire un public diversifié. La touche artistique proposée, a su éveiller les regards des passants, et égayer les âmes captivées d’une ville au cachet modernisé. Vingt artistes au timbre particulier, aux techniques diverses, et aux multiples nationalités, ont concoctés des œuvres finement pensées en 9 murs sélectionnés avec soin. Avec leur originalité, les fresques murales sont venues habiller des quartiers à forte identité, sans effacer le style inné des concepteurs. Couleur à la main et inspiration à portée, chaque mouvement des créateurs a fait vibrer les murs de la capitale culturelle. Dix jours de travail acharné, ont donné naissance à un patchwork artistique, qui a su mettre en valeur le « Street Art », cette discipline qui ne cesse d’évoluer.
En plus de ces fresques à grande échelle d’artistes marocains et internationaux, JIDAR met en avant le don de jeunes amateurs, en travaillant sur un mur collectif. Cette pratique artistique qui lie 9 artistes à l’empreinte diversifiée, leur permet d’étoffer leur technique et d’aiguiser leurs pinceaux. En parallèle à cette immersion collective, JIDAR a également organisé des rencontres et débats, pour mieux discuter du Street Art et son impact urbain sur les habitants de la ville.
Pour mieux en savoir sur cet évènement phare de la scène artistique marocaine, nous avons posé quelques questions au directeur artistique du projet, Salah Malouli :
A+E // Entre des artistes de plusieurs nationalités et des sites d’interventions éloignés, comment s’est déroulée l’organisation d’un tel festival ?
Salah Malouli // Cette édition était assez compliquée à gérer vu le manque de visibilité pour la date de lancement. Une partie de l’organisation a été faite pour l’édition programmée en 2020, qui n’a malheureusement pas aboutie, mais qui nous a permise de l’adapter à cette année. La tâche la plus importante était de choisir les murs à embellir. Cette édition représentait un réel défi qui, je pense, a été relevé avec brio.
A+E // Quels sont les obstacles les plus fréquents que vous avez eu à affronter avant le début de Jidar ?
S.M// J’ai dû changer deux artistes à la dernière minute puisqu’ils ne pouvaient plus se déplacer. Il fallait trouver des créateurs de qualité, ayant le temps et les conditions nécessaires pour intégrer Jidar 2021. C’est grâce à une équipe compétente, qu’on a pu réaliser le travail de huit mois, en seulement deux cette fois ci. Une équipe formée de professionnels, mais aussi d’étudiants de l’école nationale d’architecture de Rabat, qui nous ont grandement aidés.
A+E // Comment s’est fait le choix des fresques à reproduire parmi les œuvres des artistes ?
S.M// On leur laisse la liberté de s’exprimer et de nous surprendre avec des propositions originales. Ils se retrouvent dans un contexte qu’ils ne connaissent pas forcement, et font des propositions uniques. Toutefois, pour les artistes figuratifs, il est important de vérifier leur proposition, pour éviter les malentendus culturels. Pour la plupart, ils ont un style déterminé et une charte graphique définie, auxquels on évite de toucher.
A+E // Après les épisodes d’anciennes fresques artistiques repeintes en blanc durant l’année, quel est votre rapport à l’entourage cette fois-ci ?
S.M// C’est à Casablanca précisément qu’on a eu ce problème-là mais jamais à Rabat. C’est une ville où la publicité est envahissante, et se présente sur toutes les façades. Dans le monde capitaliste ou l’on vit, les habitants privilégient l’argent à l’art, et préfèrent profiter de panneaux publicitaires que d’une toile grandeur nature.
A+E // Comment s’est fait le choix de la ville de Rabat pour ce festival ?
S.M// Le projet est certes né à Casablanca, mais la ville de Rabat nous a invité à en faire la continuité. Lorsqu’une ville respecte le travail des organisateurs culturels, le festival ne peut que bien se dérouler. On a eu un support important, avec l’aide des autorités compétentes. Cette combinaison fonctionne parfaitement, la confiance rajoute encore plus de responsabilité, et ça nous pousse à être à la hauteur de la ville et ses habitants.
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