Saad Dalil est Directeur en charge l’activité béton de LafargeHolcim Maroc. En tant qu’ingénieur, il connaît bien le matériau béton et c’est à double titre, celui de technicien et celui de développeur, qu’il s’exprime sur ce matériau qui n’arrête pas de fasciner les architectes…!
A+E // Pourquoi avoir participé aux YMAA, Young Moroccan Architecture Awards ?
Saad Dalil // Il s’agissait même d’une évidence pour LHM, leader des matériaux de construction au Maroc. En tant que Leader des materiaux de contruction au Maroc, LafargeHolcim Maroc participe à la modernisation du secteur de la construction et l’essor économique du Royaume. Nous voulons être le partenaire de référence contribuant de façon significative au développement national, par notre capacité d’innovation et les savoir-faire apportés au secteur de la construction au Maroc. Notre stratégie repose sur les principes fondamentaux d’une croissance durable, à l’écoute des évolutions de la société, et respectueuse de l’environnement et de toutes les parties prenantes. Le Young Moroccan Architecture Awards est une opportunité pour encourager les jeunes architectes .
A+E //Pensez-vous que l’architecture au Maroc apporte un sang nouveau ?
S.A // Les architectes sont des acteurs essentiels au cœur du monde de la construction. Que ce soit dans le cadre de l’urbanisation des villes, du développement durable ou des ouvrages d’arts et d’infrastructures, l’architecte doit penser et construire aujourd’hui pour mieux vivre demain, intégrer les réalités économiques, sociétales et temporelles des projets. Cet architecte doit être à la fois artiste, équilibriste, parfois même magicien pour proposer et concevoir des bâtiments écoresponsables, des ouvrages de couleurs et de formes quasi- infinies où les seules limites sont celles de l’imagination.
Ne dit-on pas d’un pays que son dynamisme se mesure au reflet de sa jeunesse ? Cela prend encore plus de sens au Maroc au regard de l’ambition de notre pays et des enjeux à venir. Donc oui l’architecture au Maroc apporte une ouverture sur le monde en cours de construction.
A+E //Pensez-vous que le béton à usage esthétique a toujours le vent en poupe ?
S.A // L’histoire de l’architecture moderne est indissociable de celle du béton. Ce concours est une excellente occasion de mettre en évidence les performances particulières de ce matériau, de faciliter le dialogue entre les équipes de conception et de favoriser le développement d’une réflexion architecturale innovante. L’utilisation du béton esthétique est de par nature associée étroitement au paysage, au contexte et à l’histoire des sites.
Pour preuve, quelques projets réalisés par l’Activité Béton de LafargeHolcim Maroc tels que le Pont à Haubans de Sidi Maarouf dont l’intégration architecturale au sein du paysage urbain de Casablanca s’est appuyée sur des bétons répondant à la fois aux contraintes techniques de robustesse et à une demande d’aspect lisse après décoffrage de l’ensemble des parties visibles de l’ouvrage. Pour les finitions, du béton matricé à engravures aux motifs esthétiques prédéfinis a été mis en œuvre, visibles et palpables par le piéton et l’automobiliste.
L’Université Polytechnique Mohammed VI de Benguerir, quant à elle, a exigé un béton blanc et lisse pour les gradins de son amphithéâtre, et de haute performance afin de s’aligner avec l’exigence esthétique du degré d’inclinaison des gradins. Il en a résulté un ouvrage aux caractéristiques architecturales parfaitement adaptées à une mise en valeur variée, par des jeux de reflets et de lumière, anoblissant davantage le lieu.
Aussi, c’est notamment grâce à des bétons haute performance, pouvant aller jusqu’à 70 MPa que l’architecte peut laisser vagabonder son imagination, quitte à défier les lois de la gravitation. La Tour Casablanca Finance City, dont l’édifice émergeant en forme de prisme complexe a été rendu possible grâce aux qualités techniques des bétons (résistance, rapidité du décoffrage), en est le parfait exemple.
Enfin, les bétons décoratifs d’aménagement extérieurs sont toujours plébiscités, comme en témoignent les bétons mis en œuvre au niveau des plateformes, carrefours et passages piétons de projets comme l’Extension de la Ligne 2 du Tramway Rabat-Salé (65 000 m2 sur un linéaire de 7km).
Les bétons esthétiques ont donc toujours le vent en poupe. Ils répondent aux enjeux de croissance de l’urbanisation, de densité des populations, de verticalité des habitats, de tertiarisation de l’économie et de flexibilité des types de mobilités devenus nécessaires, tout en y insérant une note artistique nécessaire à la vie en société. On peut s’attendre à ce que les innovations techniques relatives au béton soient de plus en plus poussées, aussi bien dans le domaine esthétique, que celui de l’éco-responsabilité d’ailleurs.