Myriam Soussan et Laurent Moulin ont signé le projet du nouveau bâtiment du Lycée Descartes, à Rabat. Ils expliquent leur conception d’une architecture semi-enterrée et furtive, ainsi que leur approche bioclimatique globale de la construction.
En observant les abords immédiats du site (terrain en surplomb par rapport à la cour, talus existant, forte pente longeant l’emplacement de l’implantation du projet) et en les confrontant au désir du maitre d’ouvrage d’un bâtiment bioclimatique à forte identité spatiale, nous avons opté pour une architecture semi-enterrée et furtive, en profitant de la déclivité naturelle du terrain.
Le foisonnement volumétrique environnant, marqué par un style moderne caractéristique et les barrières visuelles que génère l’ensemble bâti, nous ont conduit à une approche minimaliste, presque land-art, en libérant les perspectives côté sud. Se déployant sur un seul niveau, de faible hauteur et adossé au nord est et nord ouest à deux buttes de terre, le nouveau bâtiment se lit comme une plaque blanche, massive, flottant au dessus d’un renflement du terrain. Au dessus de cette plaque très statique, se déploieront de grands déflecteurs mobiles basculant au rythme des saisons. Le dispositif apparait comme un sanctuaire du savoir, niché dans la terre, ouvert vers le ciel, centripète et intime. A l’endroit où la pente devient plus forte, le projet émerge de la butte existante et la prolonge sous forme de grandes dalles blanches en escaliers faisant agora et destinées à accueillir les élèves. Un auvent métallique se déploie à l’aplomb de cet espace, protégeant la population du soleil et de la pluie. L’entrée du nouveau Cdi se fera depuis la façade nord est. Une rampe d’accès en pente douce, blanche comme le bâtiment et faisant appel depuis l’entrée principale du lycée, nous guidera à l’intérieur d’un ensemble calme et intime, tranchant avec l’activité régnant dans la cour de récréation.
Ici, tous les espaces s’organisent en anneaux concentriques autour d’un patio planté. Le premier cercle accueille les espaces de lecture et de travail, ouverts sur le patio où l’on trouvera également des assises pour lire en extérieur. En périphérie et sur un second anneau vient la circulation principale, puis les espaces de présentation des ouvrages sur un troisième anneau. Les espaces restants (espace de travail des documentalistes et salles de cour), fermés, s’organisent sur un dernier anneau. Cette articulation autour du patio permet une répartition des espaces allant du plus intime au plus public et favorise une orientation logique au sein de l’espace de consultation. Les trois salles de classe donnant sur le terrain de sport seront protégées des nuisances sonores par un mur anti-bruits.
LE CHOIX DES MATERIAUX
L’approche bioclimatique est ici globale. Ayant déterminé le choix même d’une architecture enterrée, cette solution offre un rapport coûts/performances extrêmement favorable, sans prouesses techniques. Des matériaux disponibles localement ont été choisis, mis en œuvre selon des techniques de construction usuelles au Maroc. Cette dimension est fondamentale pour jeter les bases d’une approche bioclimatique au Maroc, qui saurait se suffire du niveau de technicité existant pour créer des projets pertinents du point de vue du confort thermique. Le choix des murs Trombe et des verrières à volets pivotants va dans ce sens. Concernant l’isolation, nous avons la chance de disposer au Maroc de la « Rolls » des isolants, le liège noir expansé, imputrescible, produit localement. Le choix d’une toiture plantée en couche mince (15 cm de terre) pour une végétalisation extensive type sébums, plantes grasses ou graminées, participe de cette approche très réaliste et de faible coût. Au delà de l’intérêt bioclimatique de cette solution, l’embellissement de la 5ème façade (éternelle oubliée…) n’est pas son moindre avantage, la toiture étant continuellement visible depuis les étages des salles de cours du bâtiment principal en R+2 et depuis le bâtiment de la salle des professeurs.
FICHE TECHNIQUE
MAîTRISE D’OUVRAGE | AGENCE POUR L’ENSEIGNEMENT FRANCAIS |
MAîTRISE D’OEUVRE | MYRIAM SOUSSAN & LAUREND MOULIN |
SITUATION | RABAT – MAROC |
SURFACE COUVERTE | 935 M2 |
LIVRAISON | 2011 |
COUT | 4 000 000 MAD HT |