Pendant cette période de confinement, Archimedia organise pour le compte de KLK Living Group, un concours d’idées au profit des jeunes architectes de moins de 40 ans portant sur l’HABITAT DE DEMAIN.
Entretien avec Fouad Akalay, fondateur et directeur général du groupe de presse professionnel, sur les objectifs de cette démarche.
A+E // Sur quoi porte ce concours d’idées ?
Fouad Akalay : « Le confinement a certes ses mauvais côtés qui sont souvent catastrophiques pour la plupart des personnes, mais le mal étant fait, comment tirer profit de cette situation où les architectes disposent de temps qu’on va mettre à profit. Nous leur proposons de réfléchir sur l’habitat idéal du futur en utilisant une méthode disruptive ».
A+E // Ce qui veut dire ?
FA : « Ce qui veut dire : oublier tout ce qui a été fait jusqu’à maintenant en matière d’habitat. Oublier les règles de densité, de hauteur, de coefficient d’occupation ou d’utilisation du sol, les prospects à respecter… et proposer un nouvel habitat qui répond non pas à des règlements administratifs mais à une promesse de qualité de vie. C’est ça l’habitat vertueux !
Les architectes participants doivent réfléchir sans contraintes et libérer leur imagination. Ils doivent se pencher sur la société marocaine, le mode de fonctionnement de la famille et traduire en espaces et en volumes les distributions extérieures comme intérieures qu’induisent ces comportements.
Mais nous ne leur demandons pas d’imaginer un projet utopique mais un projet nouveau débarrassé de pratiques actuelles, une vision disruptive ».
A+E // Vous avez réservé ce concours d’idées aux architectes de moins de 40 ans, pourquoi ?
FA : « Uniquement les architectes nationaux, mais aussi les étudiants architectes marocains en cycle de diplomation quelque soit leur école, au Maroc où à l’étranger. C’est une grande richesse que d’amener des idées de tous les horizons et d’enrichir la palette des réponses.
Sous le ciel bleu de nos contrées clémentes les décideurs n’ont pas l’habitude de confier des choses importantes aux jeunes. Chez nous, nous préférons confier des responsabilités aux « vieux » car dans nos traditions les jeunes sont discrédités : il n’y a qu’à voir les dictions du genre. « Lli fatek blila Fatek Bhila ! »…etc.
A contrario, en Amérique on croit à l’inventivité et à la créativité des jeunes : Bill Gates, Marc Zukerberg, Jeff Bezos et bien d’autres génies ont révolutionné le monde aux yeux et à la barbe de leurs ainés. Très jeunes ils étaient déjà milliardaires en dollars !
Des investisseurs, des financiers ont cru en eux, tous jeunes qu’ils étaient.
Les jeunes architectes marocains ont, devant eux, une chance historique qu’ils doivent saisir. Nous leur donnons l’occasion unique de repenser nos villes pour le futur et de poser fondements d’un nouveau paradigme urbanistique et architectural. A ma connaissance c’est une initiative qu’aucun pays du monde n’a encore fait et qu’on est pionnier en la matière ».
A+E // Vous avez souvent accompagné le groupe KLK Khayatey Living dans des démarches similaires, comment cela se fait-il ?
FA : « Il ne faut pas voir cette collaboration comme un marché entre deux sociétés : Archimedia et le groupe KLK Khayatey Living. C’est une complicité entre deux personnes moi, architecte et éditeur, et Rachid Khayatey architecte et promoteur immobilier. Ces accointances ont un seul but : améliorer la production architecturale pour une meilleure qualité de vie ».
A+E // Et le Covid-19 dans tout ça ?
FA : « Le confinement avec son lot de conséquences et de précautions comme la distanciation sociale, le télétravail, la désinfection etc. vont déterminer dans les années qui viennent une nouvelle distribution de l’espace. Il faut penser dès maintenant à ces solutions.
Mais il n’y a pas que ça. Il y a l’accessibilité des logements qui est un vrai problème au Maroc qui a signé beaucoup de conventions internationales qu’il ne respecte pas.
Mais le véritable défi est une démarche que nous n’avons même pas entamée : l’adaptabilité des logements. Il y a deux ans nous avons organisé une conférence d’une journée sur cette problématique et invité à cette occasion une architecte finlandaise spécialiste mondiale du sujet : Kirsti Pesola. Elle a donné une conférence et expliqué à l’auditoire comment il était nécessaire de faire dès aujourd’hui les logements des vieillards qu’on sera demain. C’est ce qu’on appelle le design universel.
Le Covid a juste précipité une réflexion qui était latente. Les architectes doivent bien réfléchir à cet habitat du futur dans toutes ces dimensions ».
A+E // Des récompenses sont-elles prévues dans le cadre du concours ?
FA : Oui plus de 200 000 dhs de prix ont été prévus dont 100 000 dhs uniquement pour le lauréat. Tout cela pour environ un mois de réflexion. Il est demandé aux participants de fournir une planche libre de format A0. Cela fait une rétribution de 100 000 dhs pour un m2. Avec ces niveaux de prix, c’est la compétition la mieux payée de l’histoire des concours !
Article publié sur chantiersdumaroc.ma