Le site du projet est constitué de talus assez raides donnant sur l’embouchure de l’Oued Sghir. La vue sur les ruines de Ksar Majaz, la montagne et la Méditerranée y est spectaculaire…
La topographie des lieux et leur exposition littorale constituaient des contraintes importantes pour ce projet. Un risque important s’y ajoutait : la fragmentation des études préalables en partie « architecte » et partie « paysagiste ». Cette situation est malheureusement récurrente dans le domaine de la conception paysagère au Maroc : la tâche du paysagiste se résume souvent à celle du « planteur ».
Cette façon de faire peut donner lieu à des espaces sans âme et sans intégration au paysage plus large. Dans le cas du projet de Ksar Sghir, les différents intervenants ont pu surmonter les difficultés rencontrées. Le résultat global est très agréable : un tableau visible en approchant le centre de Ksar Sghir à partir de l’autoroute.
MAITRISE DES RELIEFS
La pente raide a été stabilisée durablement, essentiellement par les végétaux, tout en créant un espace récréatif au bénéfice de la population. Malgré les dénivelés, les cheminements sont désormais accessibles aux poussettes et aux personnes à mobilité réduite qui peuvent descendre vers l’esplanade basse au bord de l’eau. Couplé aux raccourcis en escaliers, le réseau piéton offre une variété de possibilités d’exploration. Il donne accès à des points de vue intéressants sur le paysage proche comme plus lointain.
Même si les études de l’architecte ont précédé l’intervention du paysagiste, une bonne collaboration entre intervenants a permis de rectifier certains éléments de départ pour répondre aux contraintes physiques du site et ajuster les calepinages au sol au positionnement des plantes, afin de créer un projet unifié et intégré. Vu les conditions hostiles du littoral, la crainte était de ne pouvoir apporter assez d’ombre aux espaces de repos. Souvent, les branches supérieures des arbres se grillent face aux embruns marins, au-delà de la protection locale apportée par les murs et la topographie. La plantation de grands arbres à couronne élargie a donc été exclue. En réponse, le paysagiste a ajouté des pergolas en dur le long des berges de l’oued pour abriter les bancs. Les plantes grimpantes, protégées par les larges poteaux en maçonnerie, peuvent prendre le temps de pousser doucement pour renforcer l’ombre. Les palmiers qui ponctuent les deux esplanades haute et basse, ont été les générateurs des calepinages des pavés au sol, pour assurer la cohérence de l’ensemble.
MOTIFS PAYSAGERS
Des « vagues » aux formes rappelant des gouttes d’eau, de graminées et d’arbustes, se promènent sur la pente forte mais régulière, regardant vers la voie d’accès de la ville à partir de l’autoroute. Les formes fluides des plantes, leurs couleurs et textures variées traversent les cheminements qui descendent vers la mer. Les bosquets apportent le relief, tantôt colorés par des fleurs vives, tantôt d’un vert foncé. La hauteur des espèces et leur positionnement ont été pris en compte dans la composition, afin de ne pas entraver la vue vers l’embouchure, la mer et les montagnes.
Le choix de la palette végétale répond aux contraintes du site : pente à stabiliser pour éviter les éboulements et exposition au littoral (qui fait souffrir les plantes). Une étude floristique de la zone a été réalisée afin de favoriser les espèces autochtones. Le paysagiste a cependant du prendre en compte le manque de disponibilité de ces plantes dans le commerce.
Les essences végétales mise en œuvre sont les suivantes :
Palmiers // Washingtonia robusta, planté en alignement sur les deux esplanades parallèles à la rivière. Bien que le Washingtonia, originaire de Californie, soit étranger aux paysages naturels marocains, la résistance excellente de ce palmier aux conditions du littoral a amené le paysagiste à faire abstraction de ses convictions.
« J’ai horreur de la sur-utilisation des palmiers Washingtonia dans nos paysages locaux, surtout à Marrakech où ils dénaturent totalement le paysage de la ville. Ça devrait être interdit ! Les décideurs d’aujourd’hui sont trop concernés par le présent, on ne plante plus pour les générations futures. Néanmoins, sur les sites balnéaires, je peux tolérer le Washingtonia, quiplait beaucoup aux clients. Il faut quelquefois savoir faire des compromis.»
Arbres plantés en bosquet // Pinus halepensis (espèce trouvée dans les forêts avoisinantes), Cupressus sempervirens (dont un petit groupe existait sur le site) et Callistemon viminalis (résistants aux embruns grâce à leurs petites feuilles coriaces et caractérisés par une floraison estivale rouge vif).
Arbres plantés en alignement // Lagunaria patersonii, parmi les feuillus les plus résistants, disponibles dans le conditionnement et le nombre adaptés pour créer les alignements.
Arbustes // Plantés en massif longeant les murets bas qui structurent le projet : Bougainvillea glabra, Coprosma lucida, Myoporum laetum, Lantana camara, Atriplex halimus. Plantés en vagues dessinées dans la pelouse : Canna indica de divers coloris.
Graminées. Pennisetum setaceum, Pennisetum setaceum « Rubrum », Stipa tenuissima et Festuca glauca, plantées en vagues dessinées dans la pelouse
Le budget a permis l’installation d’un réseau d’arrosage programmé. L’utilisation d’eau est réduite grâce à un arrosage de nuit, lorsque les pertes par évaporation sont minimales. Un forage équipé d’une pompe immergée alimente une bâche à eau, ce qui permet l’utilisation optimale des pompes. Un réseau d’arrosage par aspersion assure le rafraîchissement de l’air et l’humidification légère des pelouses. Les massifs arbustifs bénéficient d’un arrosage complémentaire par goutte à goutte.
MOBILIER URBAIN ET ECLAIRAGE
Le projet a été meublé de pergolas, bancs et corbeilles. L’éclairage public est assuré par deux types de candélabres au design contemporain. Les pergolas sont installées sur la corniche basse, de part et d’autre des issues du jardin. Les incrustations en zellige bleu et blanc des poteaux en béton rappellent les couleurs de la région du Nord. Les bancs sont en granit taillé dans la masse.
FICHE TECHNIQUE
MAîTRISE D’OUVRAGE | PROVINCE FAHS ANJRA |
MAîTRISE D’OEUVRE | MOHAMED HABIB BEGDOURI |
CAREY DUNCAN DESIGN, ARCHITECTE PAYSAGISTE | |
SITUATION | COMMUNE RURALE DE KSAR SGHIR – MAROC |
SURFACE COUVERTE | 16 000 M2 |
LIVRAISON | 2012 |
COUT | 4 671 618 MAD TTC |