Mon ami, mon confrère, mon complice Fouad Akalay

Mon ami, mon confrère, mon complice, tu es parti aussi discrètement, avec autant d’élégance que tu as vécue, que tu as donné.

À ce propos, ces mots, de Simone Weil, résonnent avec plus d’acuité dans mon esprit quand je pense à toi, cher et regretté Fouad.
« Il restera de toi… Il restera de toi ce que tu as donné. »


Je te sentais fragile, fatigué lors de nos dernières rencontres mais je pensais que tu avais attrapé un rhume alors que tu souffrais en silence, que tu glissais vers un ailleurs que j’ignorais et pourtant tu prenais la peine de nous recevoir mes confrères et moi, un par un, à l’entrée des lieux où tu organisais tes événements, avec le sourire et la photo souvenir.
Je revois, un matin de septembre 1977,alors que je m’apprêtais à quitter l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles pour aller vers un destin inattendu, ce jeune homme, souriant, aux yeux pétillants qui s’informait sur les études d’architecture et il est entré spontanément et pour toujours dans mon cœur, alors que je ne devais le revoir que presque huit ans plus tard au Maroc.

Depuis lors Fouad Akalay, ce grand homme, cet intellectuel curieux de tout, dévoué à la création architecturale, à nos carrières, nos réalisations, aux grands défis et aux remous que connait notre pays dans l’aménagement du territoire, l’urbanisme, l’environnement…Il nous a accompagnés, souvent précédés et récompensés. Oui récompensés parce que reconnus. Il a fait reconnaître nos œuvres, il a donné ses lettres de noblesse à l’architecture marocaine postcoloniale, en créant le Groupe Archimedia, à un moment où nous n’étions pas visibles.

Comme il savait que j‘étais un redresseur de torts, un râleur invétéré et un critique pointu des dysfonctionnements que connait notre profession, il m’a honoré en publiant pendant des années mes Billets d’humeur incisifs dans les Chantiers du Maroc.

Mon frère, tu me manques et chaque fois que ta chère fille Frou, que tu as préparé, avec ta douceur coutumière, à prendre la relève, m’informe par courriel, de tel ou tel concours, événement, cérémonie, mon cœur s’emballe parce que je crois que c’est toi.
Fouad, tu as redonné espoir à nos jeunes architectes en rendant hommage à leurs talents et tu laisses derrière toi un héritage immense.

Tu vois, j’ai du mal à te quitter même au moment où je t’écris ce modeste hommage posthume.

J’espère et j’appelle de tous mes vœux à la création d’un prix de l’architecture : Fouad Akalay.

El Montacir Bensaid, architecte.


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