Tout comme il existe des bibliophiles ou des cinéphiles, Mounia Radouane est une amatrice des lieux. Les projets qu’elle a choisis illustrent un ensemble de préoccupations qui, quelle que soit la situation, sont reliés par ce fil invisible. À chaque projet, se posent plusieurs questions : « Où se situe notre corps dans l’espace ?», « Est-ce vraiment de l’architecture ? » et enfin, « Est-ce mieux maintenant, qu’avant ? ». Ces questions évoquent la responsabilité des architectes par rapport aux lieux existants.
WHITE DUNE CANYON – DAKHLA
Situé à l’extrême sud du Maroc, à Dakhla, White Dune Canyon est un Kite-camp hôtel en cours de construction. Composé de soixante bungalows, nichés dans une vallée, il offre une vue panoramique sur la dune blanche, le paradis du Kite.
Le site s’ouvre sur un décor des plus majestueux : roches rouges et ocres, falaises, canyons, dunes de sables fin et ciel bleu azur. Autant d’éléments propices à l’émerveillement. Une vraie beauté quand le soleil pénètre à l’intérieur de ces incroyables formations en fente. En face, se trouve une grande dune de sable, d’un blanc immaculé, qui plonge dans la lagune et forme le petit lagon.
C’est au cœur de cette nature extraordinaire et minérale que se trouve ce kite-camp. Son architecture et son design minimaliste intègrent parfaitement le paysage environnant. L’hôtel respecte et épouse le désert, avec des couleurs chaudes et des lignes épurées. Ses blocs massifs, semblent émerger de la terre comme s’ils résultaient d’une érosion naturelle des éléments. L’aspect sobre et naturel du lieu est accentué par les surfaces lisses du béton, qui réfléchissent la lumière du désert, et reflètent même ses cieux nocturnes. White Dune Canyon est un lieu à part un havre de sérénité avec une immensité désertique. Tout est subtilement conçu pour être en parfaite harmonie avec la pureté minérale des paysages environnants, grâce à l’utilisation de matériaux spécifiques, par des tons et textures naturelles choisis avec soin : pierres blanches, bois et béton.
1// VILLA VAAG – RABAT
Avec une nature à perte de vue, située dans le secteur le plus huppé de Rabat, cette demeure autonome en énergie domine une nature flamboyante, peuplée d’arbres majes- tueux. Construire ce rectangle de béton aux lignes épurées, fut une gageure, accentuée par la forte déclivité du terrain de 2500 m2. Cousins, le propriétaire, et l’architecte de ce lieu, sont tous deux obsédés par les volumes et la lumière.
« Seule Mounia Radouane pouvait imaginer, dessiner et concrétiser mes souhaits », s’enthousiasme le propriétaire. Ses plans ont donné naissance à une structure de béton de quarante-deux mètres de long sur onze mètres de large, fermée de part et d’autre par des longues baies vitrées à galandage. « On a la sensation de vivre à l’extérieur », sou- ligne le propriétaire.
Articulée autour d’un patio central, la villa est transpercée par de multiples ouvertures pour profiter pleinement de la nature avoisinante; une forêt omniprésente avec un accès direct.
Mounia Radouane a imaginé un plan longitudinal, orientant la résidence vers la nature. « J’ai décidé de diriger la mai- son vers la forêt afin de proposer aux habitants une relation intimiste avec cette beauté ». La Villa a été pensée en six volumes qui s’imbriquent les uns dans les autres. Depuis l’entrée, un long couloir traverse l’ensemble des espaces : le salon, la salle à manger, la cuisine et l’espace nuit. La composition du salon résume sans doute le mieux le parti pris de l’architecte : pour gommer la frontière entre intérieur et extérieur, les fenêtres pivotantes, réalisées sur-mesure, permettent de ne pas gâcher le paysage avec des châssis trop visibles.
Un hymne glorifiant le béton. L’architecte a souhaité utiliser le moins de matériaux possible à l’intérieur et à l’extérieur. La Villa allie la rigueur du béton brut et la douceur du béton ciré à la force des bois naturels. Elle forme un trait d’union entre la nature et les hommes. La demande majeure des propriétaires était de pouvoir monter sur le toit pour être ainsi, au plus proche de la cime des arbres.
2 // LAMPE QALEB SOUKAR – DESIGN
Mounia Radouane s’attaque au design en travaillant la lumière. Indirectement, la lumière a été une façon pour elle de créer un pont entre un objet dessiné à l’échelle de la main, et son effet, ayant un impact sur tout un espace de vie. Son inspiration vient de l’art et de toutes ses expériences émotionnelles. Ce qui l’a mené vers la voie du design est, tout d’abord, une enfance passée dans la maison de ses grands-parents, dans la vieille médina de Rabat. Mounia Radouane s’est toujours inspirée des souvenirs qui évoquent quelque chose de notre vie pour créer. « Je pense qu’il est important que ces souvenirs deviennent des compagnons de nos vies, des objets qui durent longtemps. C’est cette bienveillance de la lumière que j’aime. Pour moi, la lumière fait partie intégrante de la vie de chacun. On peut presque dire que la lumière, c’est notre vie » souligne-t-elle.
Son ambition pour le design est de rendre la production d’objets du quotidien plus intelligente, valorisant les savoir- faire. Elle s’est orientée vers un produit 100 % marocain, lepain de sucre, un produit de consommation courante, tout à fait intégré dans nos coutumes, qui nous rappelle nos origines et nos histoires. « Je veux montrer les histoires qu’il y a derrière mes réalisations. Tout est fait à la main, c’est très important. Parfois, les gens ne respectent pas assez le savoir-faire. Il est très difficile de réaliser combien de temps les artisans ont mis pour fabriquer chaque pièce. Le savoir-faire est essentiel à notre culture, chaque ville est connectée à un savoir-faire unique. Je considère que les céramistes sont plus que des artisans. La première caractéristique commune à ces professionnels est de faire du matériau d’argile un métier et un mode d’expression à part entière. »
Le travail de Mounia Radouane a été découvert par le grand public lors de la Design Week de Casablanca et au dernier salon Maison&Objet à Paris. Son design a immédiatement séduit le monde de la déco.
A PROPOS DE MOUNIA RADOUANE
Diplômée de l’école d’architecture Paris Val-de-Seine en 2014, Mounia Radouane est connue pour son goût prononcé pour l’art, qui s’allie étroitement a l’architecture. De Paris à Rabat, en passant par Séoul, Mounia a su inscrire son langage à travers le monde toujours avec la même passion des cultures, en la plaçant au cœur de ses réalisations. Parmi les plus emblématiques : la lampe Qaleb Soukar.