L’architecture, un vêtement. Un vêtement qui se parcourt, qui se scénographie. Une enveloppe pour le corps, qui se démultiplie, et s’accommode des échelles. Un vêtement doté de plusieurs fonctions et de plusieurs programmations, influencé et porteur de références venues des arts, de la culture et des sciences, d’une sophistication évidente, ou d’une simplicité maniérée. Un vêtement durable et respectueux de son environnement, en lien avec sa temporalité. Une emprunte sociale, spatiale et contextuelle.
1// GRIA – GARE ROUTIÈRE INTERNATIONALE D’ABIDJAN
La parcelle se situe à la jonction de l’autoroute d’Abobo et de l’autoroute du Nord, principaux axes de circulation d’Abidjan. De forme allongée, sa longueur s’étend sur un kilomètre à l’arrière et le long de la voie de chemin de fer. Le bâtiment se veut sobre, contextuel et caractériel. Il s’élève sur deux niveaux et s’étend en sous-sol pour s’adapter à la topographie accidentée de la parcelle et optimiser l’espace vide sous l’aile Est. Aussi, le bâtiment se déploie en forme de fourches à trois branches. L’accès principal se situe en tête de fourche donnant accès aux différents quais. La branche du milieu donne accès au quai d’arrivée, le plus proche de la sortie du bâtiment. Les deux autres branches donnent accès aux quais de départ, invitant ainsi le voyageur à déambuler le long des commerces. Ce dernier sera construit en briques de terre cuite comprimée produite sur le chantier avec la terre récoltée du terrassement de la parcelle. L’accès aux quais s’organisant en cascade, se fait au niveau du quai central et du rez-de-chaussée du bâtiment.
La gare a été « sectionnée » horizontalement en deux parties pour former différentes strates. Le sous-bassement qui correspond au rez-de-chaussée a été prévu en brique de terre cuite comprimée, un matériau imperméable, durable, local et écologique. La partie haute du bâtiment sera monolithique teintée en blanc. Le volume haut sera entaillé sur toute la hauteur et morcelé par les cages d’escaliers émergentes du bâtiment, recouvertes de membranes en géotextiles pour un confort thermique et une protection solaire. Pour éclairer les galeries commerciales et le hall de la gare, des décrochements de la toiture ont été prévus faisant écho aux volumes créés par les cages de circulations verticales.
2// LIQUID SKATE PARK – KHOURIBGA
Ce projet de skate park a été conçu pour un concours à Khouribga. L’emplacement de la parcelle se trouve en face de la médiathèque et de l’école de codage 1337. L’idée du projet a été de considérer un amas de gouttes déposées sur une surface à une échelle macro. Une goutte étant une petite quantité de liquide, les plus grosses d’entre elles vont constituer des monticules complétement végétalisées se manifestant comme les poumons verts du projet. Grâce à l’attraction des gouttes, certaines s’unissent pour former une même entité difforme. L’opposé de cette résultante constituera les « bowls » du skate park qui s’articulent en évitant ainsi les différents monticules végétalisés, et se déploient en long de manière désarticulée pour créer un parcours tant pour le skateur que pour les passants. Le parc est aussi équipé d’aires de jeux, de bornes wifi et de kiosques de différentes tailles et de différentes programmations (cafétérias, WC, parkings vélo..) répondant à une démarche durable et passive. Pour bien délimiter le parc, des monticules ont été placées puis découpées le long de la limite de la parcelle.
3//EURONET – CASABLANCA
Le projet du siège d’Euronet se trouve dans le quartier Riviera à Casablanca. Il se déploie sur un rez-de-chaussée, trois étages et un sous-sol de parking. La simple volumétrie du bâtiment sculpte deux volumes parallélépipédiques qui s’intersectent l’un au-dessus de l’autre. Le volume supérieur est habillé d’une maille d’un pattern en losange tandis que le second est totalement opaque hormis les accès du rez-de-chaussée. Cette résille paramétrique s’ouvre et se referme en fonction de son emplacement pour laisse entrer ou au contraire tamiser la lumière et intimiser les espaces de bureaux. Elle permet aussi de brouiller la lecture du bâtiment, et donne à lire un monolithe en lévitation allégé par ces perforations. Cette parcelle étant très profonde, elle nous permet de venir créer des patios auxquels seront intégrés de la végétation au niveau du rez-de-chaussée et de la mezzanine pour mieux éclairer et ventiler ces espaces bureaux. Les espaces extérieurs comme la cour arrière et la toiture sont aussi traités comme des espaces à vivre.
4//TRIGONE HOUSE – CASABLANCA
La Trigone House trouve sa localité à Casablanca dans le quartier Longchamps. La particularité de sa parcelle réside dans sa forme difforme, son orientation, et son enclavement au milieu d’autres parcelles, hormis ses dix mètres de façade sur rue. L’idée d’une maison triangulaire vient aussi du fait de vouloir créer un signal, un obstacle visuel en offrant un parcours scénographique depuis sa petite façade sur rue. Ainsi, le bâtiment se déploie comme un monolithe taillé et sectionné horizontalement. Ce qui donne inévitablement lieu à une stratification du volume, avec une strate inférieure en terrazzo poli, tandis que celle d’en haut est en béton brut de décoffrage, donnant ainsi naissance à une bi-matérialité minérale fulgurante. L’entrée de la maison se fait par l’angle le plus saillant du trigone. Face au plus grand coté du trigone, se trouve la piscine hors-sol, également triangulaire, mais à l’opposé du monolithe. Le nivellement autour du bâtiment est différent et dessert des zones de service, une salle de sport ainsi qu’une salle de cinéma en sous-sol.
A PROPOS DE OMAR BENMOUSSA
Omar Benmoussa a nourri ses influences à travers ses diverses localités, (Paris, Londres, Rio de Janeiro, Casablanca) toutes empreintes d’un caractère et d’une histoire architecturale très forts. Diplômé en 2012 de l’Ecole Spéciale d’Architecture à Paris, et après avoir travaillé au sein d’une agence parisienne, il revient au Maroc en 2014 au sein d’une agence d’architecture casablancaise. En 2016, il crée son studio d’architecture STUDIO BO à Casablanca. Les projets du Studio sont éclectiques et répartis aussi bien au Maroc que dans d’autres pays africains. En 2020, il co-initie un collectif indépendant culturel INTERVAL qui œuvre et participe à la dynamisation de la scène artistique émergente et à la démocratisation de la culture à travers diverses actions culturelles à fort impact social.