Rendre hommage à Fouad, c’est voir le monde avec les yeux de Fouad.
Le monde de Fouad, il l’a bâti sur sa foi entêtée en la capacité des choses et, des gens, à devenir ce qu’ils voudraient réellement devenir.
Le monde de Fouad, c’est un monde de potentiels, où le plus important n’est pas de les réaliser (ces potentiels), mais d’abord d’y croire.
Ce monde, Fouad l’a voulu ouvrir sur ce qui pourrait être là sans l’être encore, un monde ouvert sur le futur.
Et c’est exactement pour cette raison que ce soir, je ne vais pas parler de Fouad au passé.
Lorsque nous vivons la vie comme Fouad, nous ne partons pas : la tendre malice de son regard, questionnant silencieusement nos ombres, nous rappelle, quand nous en avons besoin, que le doute est humain, et même salvateur.
Lorsque nous vivons la vie comme Fouad, nous ne partons pas : l’espoir éveillé dans les consciences continue à défier les limites de ce que l’on nous dit être impossible.
Lorsque nous vivons la vie comme Fouad, nous ne partons pas : lorsqu’on sait faire de sa douceur une arme redoutable, c’est tous les doux de la terre qui se relèvent pour applaudir.
Lorsque nous vivons la vie comme Fouad, nous ne partons pas : car nul ne peut endormir une génération d’architectes à qui l’on a permis de rêver.
Lorsque nous vivons la vie comme Fouad, nous ne partons pas : les pionniers nous ouvrent le chemin pour que nous portions leur rêve à destination.
Lorsque nous vivons la vie comme Fouad, nous ne partons pas : sa vision pour une architecture marocaine fière, nous la portons déjà tous en nous.
Nous ne partons pas, car une fois les esprits ouverts, ils ne se referment jamais.
Alors pour toute cette vie vécue, je te le dis, Fouad, tu n’es pas parti.
Ghita Skalli, architecte.