Tout le paradoxe de l’architecture figure dans le fait que tout est flexible dans un métier dans lequel on construit en dur et pour que ça perdure; d’ailleurs, la principale trace de l’humanité sur terre est son architecture, l’histoire des civilisations se déchiffre d’abord par ses constructions.
1 // STARTGATE OCP
La situation au cœur de la ville de Benguerir était en elle-même la première contrainte de ce projet, le climat semi-aride de la zone a imposé à l’architecte certaines adaptations dans un projet censé, par sa fonction, être ouvert sur son environnement.
L’essor que connait la ville depuis certaines années connait une accélération que rien ne semble freiner, l’écosystème du Techpark autour de l’UM6P devait se consolider par un grand espace d’incubation de startups.
Pour répondre à ce besoin, l’architecte a proposé une composition volumétrique simple dictée par les contraintes de portée de la charpente métallique et par la nécessité d’un espace complétement ouvert pour l’incubation.
L’ouverture vers l’espace extérieur avec de grandes baies vitrées a été possible grâce à des structures en toile tendue permettant une visibilité vers l’espace vert extérieur, tout en se protégeant des rayonnements directs. Tout cela en respectant la couleur ocre, charte de la ville.
L’espace vert s’est invité à l’intérieur de l’incubateur sous forme d’un patio vitré toute hauteur, ce qui génére un effet magnétique de centralité pour un espace ouvert de 1800 m².
L’effet urbain a été accentué à l’intérieur en premier lieu avec un faux plafond partiel laissant apparaitre les conduites techniques sous la charpente métallique et ensuite avec la mise en place de lampadaires urbains à l’intérieur pour marquer les passages.
Le mobilier a reçu un soin particulier, que ce soit pour le choix du standing, la composition chromatique et l’ergonomie d’utilisation.
Startgate censé être un incubateur provisoire pour le compte de l’université a été réceptionné comme étant l’incubateur définitif de la ville avec l’allure d’un temple de l’innovation.
2 // CEPSA BOUJLOUD
La dualité entre tradition et modernité a toujours et continue à créer le débat au Maroc, et l’architecture n’en fait pas l’exception. Abdellah Laaroui a écrit que « les deux sphères tradition et modernité ne peuvent cohabiter dans un même espace-temps ; les deux concepts, tradition et modernité, ne coexistent que dans les discours, pas dans les faits »
On peut parler d’architecture traditionnelle, d’art traditionnel, mais est-ce possible de parler d’une architecture traditionnelle et futuriste à la fois ? Une architecture pourrait-elle accueillir les deux dans un même espace ? En tous cas, c’est le dilemme auquel Orange Atelier a fait face en dessinant la station de service Cepsa à la porte de l’ancienne médina de Fès. Les stations étant des bâtiments supports de signalétique à la base, dictent une charte, des couleurs et une morphologie. La contrainte de la charte internationale et la limite de son adaptation ont constitué un départ pour le concept de l’insertion par opposition, avec la conviction que la plus grande forme de respect serait de ne pas imiter l’existant mais de le contraster pour le mettre en valeur.
3 // GARE DE TAZA
Le projet de la nouvelle gare ferroviaire de Taza a toujours été un rêve pour les habitants de cette cité multiethnique. Longtemps mise à l’écart, la ville avait besoin d’un centre d’activité autour duquel toute l’économie locale sera redynamisée. La cité est fondue dans un paysage montagnard époustouflant omniprésent dans l’arrière-plan avec tous ses cadrages visuels et spécialement la gare actuelle.
Le concept du nouveau projet est que la silhouette du bâtiment accompagne la skyline tracée par la chaine montagneuse en arrière plan, que la volumétrie culmine du contrebas où se situe et que l’accès vers la gare soit le plus diffus possible pour permettre d’accueillir tous les flux.
Un hommage spécial a été rendu à la pierre de Taza, extraite de la région, devenue une incontournable des matériauthèques des architectes marocains.
4 // ADI NAREVA
L’exercice des plateaux de bureaux est devenu un classique pour les architectes spécialisés dans le tertiaire. Cependant l’aménagement des bureaux de l’ADI a été un challenge spécial. L’accompagnement s’est fait depuis l’ébauche de l’idée chez le maître d’ouvrage. L’architecte l’a accompagné pour la définition de ses besoins, l’élaboration de l’organigramme, le ratio/m² jusqu’au choix du plateau à aménager. L’idée était d’avoir un équilibre entre un open- space et des bureaux fermés, étant donné que l’ensemble des 70 employés étaient habitués, depuis fort longtemps, à des espaces cloisonnés dans leur ancien siège situé dans une villa coloniale. Orange Atelier a proposé un aménagement contemporain, avec un plafond industriel reflétant la vocation du client dans l’expertise industrielle, et un sol représentant une pixellisation d’un champ agricole évoquant la deuxième vocation du client. Les départements administratifs sont restés dans un style institutionnel raffiné. Un effet dramatique a été rajouté avec une mise en lumière ponctuelle, selon le besoin, avec de la végétation suspendue au plafond.
5 // VILLA H
L’orientation d’un projet est un élément important dans sa conception, mais pour ce cas de figure c’était le fond même de la réflexion.
L’orientation plein ouest sur l’océan a dicté l’ouverture en «U» de la volumétrie, l’emplacement des accès et du grand jardin, l’ouverture plein hauteur en mur rideau pour contempler la fin de course du soleil à partir de n’importe quel emplacement de la maison.
Le panorama de l’horizon s’invite à la maison pour devenir un contenu de l’architecture d’intérieur, une sorte de pièce supplémentaire avec des dimensions infinies.
A PROPOS DE SAÂD DEROUICH
Lauréat de l’École d’Architecture de Casablanca en 2011 après un passage de deux ans à l’ENA à Rabat Saâd Derouich a eu l’occasion d’expérimenter plusieurs théories à travers des concours d’idées à l’échelle africaine et marocaine, dans lesquelles il a reçu plusieurs distinctions.
À la direction d’une équipe de 34 architectes et techniciens à Orange Atelier depuis 2015, il a pu accompagner le cabinet dans sa croissance et a participé à la certification de l’Agence sous la norme internationale ISO 9001. La créativité étant un acquis chez l’ensemble, l’équipe a toujours cru en la valeur de l’organisation qui reste le support de tout développement d’une agence d’architecture. Orange Atelier croit en une architecture contextuelle, sensible et évolutive
