Sous le titre évocateur « Geographies of Water and Materiality », Tomás Alía, figure emblématique du design espagnol, a captivé Casablanca avec une conférence où se mêlaient poésie, émotion et réflexion profonde.
Dans son univers, l’architecture d’intérieur devient un cycle perpétuel où la matière se transforme, réinventant sans cesse la frontière entre passé et futur. Ses créations, comme la série en céramique Calypso, rendent hommage aux formes végétales et aux récits culturels puisés aux quatre coins du monde, de l’Égypte au Pérou, de Majorque à l’Alsace, jusqu’aux rivages turcs. Véritables fragments de voyage, elles incarnent une alchimie subtile où les traditions millénaires se conjuguent à l’audace contemporaine.
MAROC ET ESPAGNE, UN DIALOGUE CRÉATIF
Pour Tomás Alía, le Maroc est bien plus qu’une source d’inspiration : il est une terre vibrante où le patrimoine s’épanouit dans une énergie créative rare. Casablanca, en particulier, exerce sur lui une fascination singulière, par son éclectisme architectural où l’Art déco côtoie le modernisme rationaliste et les élégances néo-arabes.
Marrakech n’est pas en reste, avec ses palais majestueux, tel le palais Badia, ou encore la sérénité du bassin de la Menara, où la lumière et l’eau composent un ballet architectural d’une pureté absolue.
Cette conversation entre les cultures se matérialise aussi dans des œuvres communes. Certaines créations en céramique, nées d’une synergie entre artisans marocains et espagnols, ont d’ailleurs été consacrées patrimoine immatériel par l’UNESCO, scellant dans la matière un dialogue d’une rare intensité.

VERS UN DESIGN DURABLE ET ENGAGÉ
Pour Alía, le véritable luxe ne réside ni dans la démesure ni dans l’ostentation, mais dans la main de l’artisan et la force du geste unique. Il évoque la fondation Homo Faber en Espagne, conçue pour préserver ces savoir-faire précieux menacés par l’homogénéité de la production industrielle.
Sa vision du design s’ancre dans une conscience écologique profonde, une ouverture constante à l’innovation et une fidélité aux territoires et aux héritages artisanaux. L’objet, selon lui, doit respirer la nature, raconter une histoire et porter en lui la mémoire d’un lieu.
LE MAROC, PROMESSE D’AVENIR SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE
Tomás Alía est persuadé que le Maroc détient toutes les clés pour s’imposer comme un acteur majeur du design contemporain. Il voit dans la jeunesse marocaine une génération brillante, habitée par le désir de conjuguer modernité et traditions, mémoire et création. Pour lui, la véritable force du Royaume réside dans sa capacité à se réinventer, dans la richesse incomparable de son artisanat et dans l’enthousiasme d’une jeunesse qui porte déjà, dans ses gestes et ses idées, l’ADN de la durabilité et de l’audace.
L’ARCHITECTURE COMME RÉCIT SENSORIEL
Des musées aux lobbies d’hôtels, en passant par des palais privés, Tomás Alía conçoit chaque espace comme une histoire à vivre. Les matériaux traditionnels, qu’il s’agisse de céramiques, de fontaines ou de motifs géométriques, se transforment sous sa main en un langage contemporain, donnant naissance à des lieux immersifs, habités par la lumière et la matière.
UN MESSAGE POUR LES JEUNES CRÉATEURS MAROCAINS
À la jeune génération d’architectes et de designers marocains, il adresse un conseil vibrant : voyager pour élargir son regard, réinventer sans jamais trahir ses racines, cultiver la collaboration entre disciplines, et comprendre que l’innovation naît toujours de l’équilibre subtil entre mémoire, savoir-faire et vision.
Pour Tomás Alía, architecture d’intérieur et design ne sont pas seulement une question de formes, mais l’art de relier l’histoire à la modernité, le local à l’universel.
Ils célèbrent un art de vivre durable et sensible, profondément ancré dans la richesse du patrimoine marocain et méditerranéen.