Dès le début de son évolution, l’homme a construit son habitat et l’a aménagé suivant ses besoins. Ce n’est donc pas par hasard si l’architecture est considérée comme un art majeur, et la maison comme l’expression la plus affirmée du Moi.
Il existe depuis la nuit des temps une relation intime entre l’espace du dedans et l’espace extérieur. Très tôt, le fœtus vit en harmonie avec sa maman. Même les rêves de la mère et leur rythme sont calqués sur la durée de ceux de son bébé. Il perçoit de l’intérieur le bien-être et l’harmonie de sa mère, auxquels il va aspirer toute sa vie, une fois séparé de sa matrice.
Concevoir et construire sa maison, c’est avant tout créer un lieu de paix, empreint de calme et de sérénité. Un espace sécurisé, à l’image du ventre de la mère, où l’on peut se retirer du monde pour sentir battre son cœur. Il s’agit de créer un lieu où l’on ne risque pas l’agression, un lieu dont on est à la fois l’âme et l’essence. Passé la porte d’entrée, une fois celle-ci bien refermée, c’est à l’intérieur de soi-même que l’on entre alors.
La maison-matrice apparait comme symbole de cette paix intérieure. L’image du lieu révèle l’état d’âme. C’est ce que signifiait Lao Tseu, contemporain du grand Confucius, dans son expression « d’un vide contenant tout ».
Quant au philosophe grec Artémidore de Daldis, un des premiers à s’être penché sur l’explication des rêves, il nous apprend que, dans la vie onirique, la maison est l’image du Moi, qu’elle en reflète l’élaboration dans la psyché et fait donc partie de notre paysage intérieur.
Voilà toute la richesse de l’espace architectural d’une maison individuelle.
Celles que nous vous présentons dans ce numéro ont été réalisées par des architectes pour eux-mêmes. Un exercice profond d’intériorité doublé d’un défi. Car un architecte, avant de construire pour les autres doit montrer et démontrer qu’il sait le faire pour lui-même. Le rôle du bâtisseur de demain n’est-il pas de faire le point avec lui même ?