« Mettre à niveau les chemins de fer marocains » est l’objectif que s’est fixé l’ONCF (Office national des chemins de fer) pour la période allant jusqu’en 2010 en investissant la somme de 17 milliards de dirhams. Parmi les principaux projets, on note la construction de gares multimodales (Marrakech, Fès et Casa-Port) ainsi que la rénovation de plusieurs d’entre elles, notamment celle de Rabat-Ville dont les travaux ont démarré en mai 2008.
Cette dernière qui avait vu le jour dans les années 20, va subir un réaménagement global, conçu par Abdou Lahlou, architecte associé dans le groupe Archidesign.
L’architecte Abdou Lahlou est en phase de réaliser plusieurs projets remarquables qui touchent aux moyens de transport, notamment dans le domaine aéroportuaire. L’aéroport d’Oujda, une oeuvre innovante de par sa forme architecturale, l’aéroport de Dakhla, en cours de finition et l’aéroport de Ben Slimane, en cours de conception et englobant une superficie d’environ 260 ha. Aussi, l’aéroport de Tanger a été dernièrement inauguré après une période de réalisation qui n’a pas dépassé trois ans !
À travers d’autres réalisations dans le cadre du transport ferroviaire, l’architecte s’est forgé une réputation de spécialiste dans les équipements de transport. À part le projet de rénovation de la gare Rabat-Ville, l’architecte est chargé aussi de la gare de Fès qui est en cours de construction, ainsi que de la gare de l’aéroport Mohammed V à Casablanca, dont les travaux de rénovation sont en cours.
LA GARE DE RABAT VILLE
De par sa position stratégique donnant sur une importante artère, celle du boulevard Mohammed V, et formant un îlot de par sa position entre trois rues, la gare de Rabat-Ville constitue un repère lié étroitement à la ville et facile d’accès pour les habitants et voyageurs. De plus, elle se distingue par une architecture authentique et solide qui a d’ailleurs fait l’objet d’une expertise technique prouvant la stabilité de sa structure. Pour Abdou Lahlou, cet édifice a une âme et une présence forte au niveau la ville.
« Il est connu par tous les habitants et les voyageurs. C’est pour cela qu’il n’est pas question de le raser et il n’est même pas question de le changer de l’extérieur », souligne-t-il.
Ce monument du patrimoine de la ville va ainsi être sauvegardé et revalorisé.
Les façades existantes resteront vêtues de blanc avec un renouvellement du revêtement en granit sur les murs bas servant à les protéger. L’architecte affirme aussi avoir retravaillé l’éclairage de tout le bâtiment, notamment à l’extérieur où il a prévu un éclairage au sol qui rende hommage à ce bâtiment le soir. Sans oublier la signalétique qui devait être visible et intégrée dans les façades dans une totale harmonie.
Pour décrire le concept du réaménagement intérieur, l’architecte déclare :
« Nous avons travaillé sur la surprise qu’il y a entre intérieur et extérieur pour que les gens soient agréablement surpris après être passés d’un lieu datant d’une centaine d’années à un espace interne extrêmement moderne, transparente, ses couleurs, ses formes et ses matériaux ».
La nouvelle gare de Rabat-Ville se veut, en effet, être un espace ultramoderne. Toutefois, l’architecte a tenu à rendre hommage à l’artisanat marocain à travers l’intégration dans l’architecture intérieure de quelques références traditionnelles que l’on peut admirer dès l’entrée de la gare, comme le bois sculpté au niveau des garde-corps, ou le zellige revêtant les poteaux. Il a aussi tenu à valoriser la muraille de la ville qui est désormais visible depuis l’intérieur du bâtiment.
RECONFIGURATION ET OPTIMISATION DES ESPACES
Les différents niveaux composant la gare subiront un changement fondamental au niveau du fonctionnement et de l’architecture intérieure. Ainsi, les deux escalators qui étaient situés au centre de la gare seront séparés et déplacés de part et d’autre, créant ainsi un espace complètement ouvert, dégagé et transparent.
Il s’agit d’un hall central de 1200 m² ayant un double rôle, celui de lieu de passage et celui d’espace d’accueil. Au rez-de-chaussée, les changements porteront aussi sur le faux plafond, le revêtement du sol, les couleurs, les matériaux des poteaux et l’équipement d’annonces sonores qui seront renouvelés et intégrés dans la structure du bâtiment. D’autres éléments seront maintenus tels que le sas d’entrée, le porche et les portes métalliques, ainsi que les baies vitrées, initialement cachées par les guichets. Leur revalorisation va créer la liaison avec l’extérieur, notamment les trois rues délimitant la gare, mais permettra aussi, grâce à leur transparence, de faire profiter les usagers de la vue sur la muraille de la ville de Rabat. Le niveau rez-de-chaussée servira en outre à offrir un bouquet de services qui se répandra jusqu’au niveau mezzanine, un espace intégré dans le volume du rez-de-chaussée. On retrouvera ainsi un espace d’information central, des espaces de restauration, des locaux commerciaux, des guichets bancaires, une série de téléphones publics… et des bureaux ONCF qui seront placés au premier étage. Ce dernier reprend la surface de la mezzanine et permet ainsi de doter les bureaux de la vue sur le hall d’accueil. Quant aux guichets de vente, ils seront bien entendu supprimés du rez-de-chaussée et placés au niveau de l’entresol. Ils seront desservis à la fois par des escaliers, les deux escalators sur les côtés, ainsi que par des ascenseurs réservés aux personnes handicapées ou à mobilité réduite.
Le niveau de voies ferrées est lui aussi concerné par un réaménagement qui le mettra, d’une part, en conformité avec les dernières normes de sécurité.
D’autre part, pour le confort des usagers, il sera question de renouveler les locaux annexes liés directement aux voyageurs comme la mosquée, les sanitaires et abris-voyageurs. Pendant les travaux au niveau des quais, un accès provisoire aux voies sera aménagé du côté du siège du parlement. Le volet signalétique intérieur et extérieur n’est pas laissé au hasard : les équipements d’affichage et les panneaux publicitaires seront intégrés au bâtiment.
Les travaux de réaménagement de la gare de Rabat-Ville, dont le coût s’élève à 25 millions de dirhams, permettront de doubler son trafic ferroviaire d’ici 2010, selon les projections de l’ONCF. Ainsi, la gare de la capitale du Maroc devra accueillir en 2010, près de 10 millions d’usagers, alors qu’en 2006 on n’en dénombrait que 5 millions.