Si mon père était une prose, il serait celle qu’on garde précieusement, qu’on relit dans les moments de doute et d’espoir, celle où chaque mot réchauffe le cœur et chaque silence en dit plus qu’un discours. Aujourd’hui, ces vers sont dédiés à sa mémoire, à son esprit lumineux, à son cœur immense, et à la douceur qu’il insufflait. Les mots couvrent les maux. À travers eux, je vous parle de lui, non seulement de l’homme qu’il était, mais de tout ce qu’il continue d’être dans mon cœur et dans mes souvenirs. Ce poème est un hommage, un refuge où je dépose ma peine et mon amour, une manière de le retrouver dans chaque mot, dans chaque rime, comme un écho qui ne s’éteindra jamais.
À RACONTER,
Toujours prêt à égayer, Fouad racontait des blagues à profusion,
Son humour, fidèle compagnon, illuminait chaque discussion.
Mais derrière chaque éclat de rire se cachait une bienveillance discrète,
Car c’est dans son attention à l’autre que son courage se reflète.
À VISITER,
Jamais lassé de l’Andalousie, sa terre de mémoire,
Chaque ruelle, chaque pierre lui semblait pleine d’histoire.
L’Alhambra, chef-d’œuvre de grâce et de lumière,
Dont l’architecte reste un mystère, sans nom à offrir.
Les jardins et les palais, où l’histoire se tisse,
Lui rappelaient que l’art, même anonyme, ne cesse de fleurir.
À SAVOURER,
Le couscous du vendredi était pour lui un rituel sacré,
Mais sa passion pour la cuisine allait bien au-delà d’un plat partagé.
Pour ceux qu’il aimait, il créait avec dévouement,
Chaque recette devenait un acte d’amour, une délicate attention.
Fin gourmet, il trouvait dans la cuisine une douce constance,
Mélangeant saveurs et chaleur dans une danse d’élégance.
Et à la fin du repas, avec son sourire amusé,
Il demandait toujours : « Alors, quelle note vas-tu me donner ?»
MADELEINE DE PROUST,
Un baba au rhum, souvenir de son amour,
Car c’était le dessert préféré de sa femme, chaque jour.
À ÉCOUTER,
« Angie » des Rolling Stones, un doux refrain,
Puis « Have You Ever Seen the Rain », sous un ciel lointain,
Ensuite Chris Rea et son envoûtant « Road to Hell »,
Mystérieux comme la nuit, aux notes éternelles.
Sans oublier « The Year of the Cat », où la grâce féline,
Se mêlait à la mélodie, dans une danse divine.
Dans une autre vie, il se voyait comme ce chat libre et sauvage,
Errant sous les étoiles, indifférent aux rivages,
Silencieux et fier, voyageur sans répit,
Avec l’élégance d’un rêveur, qui jamais ne fléchit.
À LIRE,
San Antonio avait éveillé en lui un amour sincère,
Pour les mots espiègles et les jeux d’esprit légendaires.
Il citait avec malice des phrases pleines d’adresse,
Où l’ironie et le génie trouvaient leur juste noblesse.
AU MAROC,
Patriote et fier, il aimait son pays avec ferveur,
Le Maroc coulait en lui, le remplissant de douceur.
Le Maroc était pour lui plus qu’une terre,
C’était sa fierté, son amour, sa lumière.
À SENTIR,
La bergamote légère, dans l’air suspendue,
Il aimait ce parfum, doux, presque inconnu.
Le matin, c’était l’odeur du pain chaud qui régnait,
Dans l’air flottaient ces souvenirs mêlés,
Des fragments de sa vie, silencieusement gravés.
À LA FAMILLE,
Dans la chaleur des siens, il puisait sa force,
Chaque moment partagé devenait son écorce,
Abritant des souvenirs gravés à tout jamais,
Dans l’antre familiale, il trouvait la paix.
Là, tout prenait sens, tout devenait essentiel,
Sous ce toit de tendresse, son refuge éternel.
À VIVRE,
A choisir c’est dans le silence de Tanger, qu’il s’effacerait,
Ville de ses ancêtres, où l’esprit pouvait se poser.
Car comme dans La Mort du Loup d’Alfred de Vigny, le silence était pour lui un honneur,
Et il rendait hommage à cette force invisible,
Qui continuait de guider chacun de ses pas.
À mon père, Fouad Akalay (1958-2024)