Soukeina Hachem designer et entrepreneur, est à l’origine du collectif Houna et de la première Casablanca Design Week. Elle revient pour Archimedia sur cette première édition.
A+E // Casablanca a connu l’année dernière sa première Design Week. Qui sont les porteurs de projet ? Quelle est l’histoire derrière ?
Soukeina Hachem // La réflexion autour de la création d’un événement portant sur le Design date d’il y a bientôt 4 ans. C’était en 2013, en même temps que la réflexion autour de Houna, pensé en tant qu’incubateur de projet à cette époque. Jeune designer et jeune entrepreneur, j’avais moi-même ressenti le besoin d’être accompagnée, mais je ne trouvais pas vers qui me tourner, tant au niveau entrepreneurial que juridique, que créatif. Je ne savais pas comment rencontrer d’autres designers. En fait, c’est né d’une volonté de partager mais aussi d’un agacement de jeune professionnelle qui se retrouvait confrontée à un écart entre ce qu’elle a appris à l’école de Design et la réalité professionnelle. Houna a pris forme grâce aux nombreuses rencontres que j’ai eu et qui ont alimenté ma réflexion. J’ai rencontré plusieurs personnes, dont Asmaa Guedira, qui m’a fait découvrir Ouishare Festival à Paris, festival multidisciplinaire et collaboratif qui explore les émergences et expérimente des nouvelles manières de travailler, d’innover, de collaborer. Cet aspect collaboratif a été fondamental dans l’évolution de la Design Week. J’ai aussi découvert, en 2014, lors d’un voyage personnel au Liban, la Beirut Design Week, et là j’ai compris que c’est ce que je voulais faire. En 2015, curieuse de ce genre d’événements, j’ai été à Paris pour la Paris Design Week avec Malik Sekkat (ndlr :membre fondateur de Houna) ! Je m’étale peut-être un peu… (rires).
Bref, au gré d’expérimentations, de rencontres et de partages, Houna a évolué d’incubateur artistique à plateforme collaborative, pour se spécialiser dans les métiers liés au design. On a gagné le troisième prix de Start-up Morocco en 2015, et là, avant même que l’équipe Houna ne soit formée, on a pu travailler avec l’équipe formidable de Start-up Morocco sur un modèle économique pour la création de l’association. Enfin, en 2016, tout s’est accéléré. Le noyau de l’équipe Houna était formé…
Parmi les objectifs de Houna, il y a la démocratisation des métiers du design auprès du public. Si les Design Talks et les Masterclass sont de bons outils de diffusion et de sensibilisation, il était fondamental d’avoir un grand événement plus grand public et plus international !Aujourd’hui, la Casablanca Design Week est portée par Houna mais aussi ses partenaires !
A+E // Quels étaient les enjeux pour vous ?
S.H // Notre enjeu était de susciter la parole. On l’a ressenti dès le premier Design Talk, en avril 2017. Il fallait aider à fluidifier certains échanges parmi les différents acteurs. Puis, il fallait sortir du jargon du métier pour rendre cela plus accessible. Nos mots et notre langue sont importants. Chacun a sa propre vision et sa perspective. C’est pour cela que nous avons voulu procéder de manière inclusive. Nous ne sommes pas des organisateurs d’événements, nous sommes passionnés et bénévoles. L’enjeu en interne a été de maintenir cette vision et de la partager. Nous avons pu compter sur des acteurs associatifs et des partenaires bénévoles qui nous ont permis de porter le projet. Il était important pour nous que la première édition soit nationale afin de mettre en avant le design et la création au Maroc en valorisant l’héritage culturel et en positionnant le design en tant qu’industrie créative mais aussi en tant que levier économique.
A+E // Quels sont les retours que vous avez eus ?
S.H // Nous avons eu d’excellents retours. Notre objectif était d’identifier les acteurs, les différents intervenants, comprendre l’écosystème et le raconter. On ne peut faire ça qu’en plusieurs éditions et nous sommes très lucides là-dessus. Le bilan est positif en matière d’attente, d’acteurs, de découverte et de mobilisation. Nous avons eu de très bons retours du public, des designers, des enseignants, des industriels, des journalistes, etc. Nous avons d’ailleurs été contactés par plusieurs industriels et deux clusters pour être en contact avec des designers ! On a réussi à mettre le design au coeur de l’agenda médiatique ! Une curiosité a été enclenchée…
A+E // Quel est l’intérêt d’un partenariat avec un groupe comme Archimedia pour vous ?
S.H // On est très heureux d’avoir eu Archimedia comme partenaire média/presse, car c’est un groupe de presse spécialisé, qui met le design au coeur de sa réflexion et il nous fallait un partenaire inclusif. Les échanges avec Fouad et Frou étaient très fluides, et Fouad Akalay s’est montré très inspirant !