Fierté nationale et succès architectural, la « Cité Jardin » au Burkina Faso, conçue par Jamal El Karkouri, architecte installé à Kénitra, a récemment remporté le prestigieux IPAX-AWARD à Dubaï et á Londres. Cette reconnaissance internationale souligne l’ingéniosité et la pertinence du projet. A+E a eu l’opportunité de poser quelques questions à Jamal El Karkouri pour en apprendre davantage sur les aspects clés de cette réalisation exceptionnelle.
A+E // Tout d’abord félicitations pour le succès de la Cité Jardin au Burkina Faso au IPAX-AWARD à Dubaï et à Londres ! Pouvez-vous partager avec nous l’inspiration derrière ce projet et les défis que vous avez relevés pour créer une communauté innovante et durable ?
J. E. K. : « La Cité Jardin Ouagadougou, lauréate du IPAX-AWARD à Dubaï et à Londres, incarne une vision urbanistique ambitieuse mêlant modernité, tradition et respect de l’environnement. Inspirée du masque solaire, son architecture favorise la régulation de la lumière naturelle pour un confort optimal tout en réduisant l’empreinte environnementale. Les défis ont été nombreux, notamment concilier les besoins contemporains avec les principes de durabilité. L’intégration de pratiques respectueuses de l’écosystème, telles que l’utilisation efficace des ressources locales et la promotion des énergies renouvelables, a été cruciale. La vision architecturale s’appuie sur deux concepts fondamentaux : le noyau et la symétrie, autour desquels s’organisent les composantes de la cité jardin. Le noyau, représentant le cœur d’un système vivant, guide la circulation et la conception visuelle du projet, avec des artères marquées en rouge vif pour attirer l’attention des utilisateurs ».
A+E // La « Cité Jardin » a été saluée pour son engagement envers la durabilité. Pouvez-vous nous donner un aperçu des initiatives écologiques intégrées dans la conception, de manière à concilier le développement urbain et la préservation de l’environnement ?
J. E. K. : « La « Cité Jardin » est un modèle de durabilité urbaine, intégrant diverses initiatives écologiques pour concilier développement urbain et préservation de l’environnement, dont principalement :
- Conception intégrant le climat : celle-ci s’aligne sur une approche bioclimatique régionale, adaptant les bâtiments à leur environnement pour assurer le confort des habitants tout en minimisant l’utilisation de la haute technologie.
- Contrôle solaire : des interventions architecturales sont mises en place pour réguler l’impact du soleil, notamment à travers l’utilisation de panneaux photovoltaïques, de brise-soleil et de loggias pour protéger les façades des rayons directs.
- Aération naturelle : une ventilation naturelle est privilégiée pour renouveler l’air intérieur, favorisant le confort et les économies d’énergie grâce à des systèmes d’amenée et d’évacuation d’air adaptés.
- Végétation : des bassins d’eau et des systèmes de récupération des eaux pluviales sont intégrés pour préserver les ressources hydriques et favoriser la végétation, contribuant ainsi à un microclimat favorable.
- Isolation thermique : une isolation thermique efficace est mise en place pour réduire les échanges de chaleur entre l’intérieur et l’extérieur, minimisant ainsi les besoins en chauffage et en climatisation.
- Production d’énergie propre : des panneaux photovoltaïques sont installés pour produire une partie de l’énergie électrique nécessaire au projet, réduisant ainsi la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre.
- Gestion des déchets : des mesures de tri sélectif et de valorisation des déchets sont mises en place pour réduire l’empreinte écologique du projet, favorisant ainsi une gestion durable des ressources.
- Transport vert : des bornes de recharges électriques rapides sont disponibles pour les véhicules légers, encourageant l’utilisation de modes de transport plus respectueux de l’environnement.
La « Cité Jardin » illustre ainsi comment l’innovation architecturale peut–elle contribuer à un développement urbain durable et responsable ? ».
A+E // Comment la « Cité Jardin » contribue-t-elle à répondre aux besoins spécifiques de la communauté burkinabé et quels sont les éléments clés qui favorisent une qualité de vie améliorée pour les résidents ?
J. E. K. : « La « Cité Jardin » répond aux besoins spécifiques de la communauté burkinabé en mettant en place des éléments clés qui favorisent une qualité de vie améliorée pour les résidents. Des logements durables et abordables ont été développés pour répondre à la demande locale, contribuant ainsi à améliorer l’accès aux habitations de luxe à un niveau international. Les infrastructures communautaires telles que les espaces de rencontre (le Central Parc), la crèche, la supérette et les infrastructures sportives ont été soigneusement intégrées pour renforcer le tissu social et éducatif. Cela répond aux besoins essentiels de la communauté en matière d’éducation et contribue à une meilleure qualité de vie. De plus, la promotion d’activités économiques locales et de petites entreprises au sein de la Cité Jardin stimule le développement économique, créant ainsi des opportunités d’emploi pour les résidents. Ces initiatives contribuent à répondre aux besoins spécifiques de la population burkinabé tout en favorisant une croissance socio-économique durable. En résumé, la « Cité Jardin » va au-delà de la simple fourniture de logements en intégrant des éléments qui améliorent significativement la vie quotidienne des résidents ».
A+E // En remportant ce prix international, quel message souhaitez-vous transmettre aux professionnels de l’architecture et de l’urbanisme, ainsi qu’aux jeunes talents inspirés par la construction écologique ?
J. E. K. : « En remportant ce prix international, je souhaite passer le message que l’innovation et la durabilité peuvent être des piliers essentiels de la conception urbaine. J’encourage les architectes à intégrer des solutions écologiques dans leurs projets et espère que ce succès servira d’inspiration pour créer des espaces qui allient modernité, tradition et respect de l’environnement.
Aux jeunes talents, je souhaite rappeler que l’avenir de l’architecture réside dans des approches novatrices et durables, contribuant ainsi à un avenir plus équilibré et écologique ».
Propos recueillis par Yasmina HAMDI