L’hôtel urbain, dans sa forme actuelle, n’est certainement pas un phénomène nouveau.
En Europe, les auberges dont le mot est dérivé du verbe catalan « albergar » « héberger », ont permis pendant des siècles aux voyageurs de sillonner le continent.
Encore récemment les saloons américains, ces bâtisses occupées par les cowboys, ont bercé notre imagination. Ils représentent bien ce que le développement d’une ville doit à ce lieu qui fait office de restaurant, de salle jeu, de réunions d’affaires, de bordel etc.
Au Maroc, à l’intérieur des médinas, nous trouvons encore des fondouks, ces grandes constructions carrées bâties autour d’une grande cour.
Ils permettaient aux voyageurs et marchands de dormir tout en entreposant leurs marchandises et leurs montures en lieu sûr.
A ce jour, toutes les villes ont besoin de ces lieux de haltes pour étrangers de passage.
Le Grand hôtel Villa de France, construit au milieu du 19e siècle, est certainement le plus emblématique du pays. Situé à Tanger, porte du Maroc par excellence, il domine la ville par sa position sur la butte du Grand Socco. Diplomates, escrocs, marchands, artistes…faisaient halte dans ce lieu mythique chargé d’histoire et d’émotions. Eugène Delacroix et Henri Matisse y peignirent leurs plus beaux tableaux.
A Casablanca, l’hôtel Excelsior fût le témoin de la frénésie immobilière et spéculative de la ville. Quant au Balima de Rabat, il a vu séjourner dans ces chambres des personnages mythiques comme Joséphine Baker, Jean Marais, Ernesto « Che » Guevara Mohammed Khaïr-Eddine, Charles Trenet…autant de traces indélébiles de son passé glorieux.
Aujourd’hui encore, cette magie du temps est possible. Petits et grands hôtels urbains peuvent jouer leur rôle. Comme le Barcélo de Fès qui s’est rapidement imposé en tant que véritable repère urbain, ou encore
l’Impérial de Casa qui préserve la mémoire de son grand architecte
Marius Boyer.
Laissons le temps fabriquer leur histoire.