Pourquoi j’ai fait archi ? Ghali Berrada – Archi Visions

Certains architectes conçoivent des bâtiments, d’autres façonnent des expériences de vie. Ghali Berrada appartient à cette nouvelle génération d’architectes qui interrogent l’espace, le transforment en un territoire d’émotions et de dialogues. Lauréat du Prix des Meilleurs Diplômes de l’École Spéciale d’Architecture de Paris en 2016, il façonne son regard entre Casablanca, Barcelone, Paris et Rio, nourri par des influences multiples où art, nature et spatialité dialoguent avec sensibilité. Son approche, à la croisée de l’architecture et de la photographie, capte la matérialité, les contrastes et l’imperceptible, explorant l’impact de la lumière et du vide sur l’expérience humaine. En 2019, il fonde Archi Visions, une agence où chaque projet est pensé comme une exploration sensorielle, où la forme naît de la rencontre humaine et où l’espace se construit avec justesse et sincérité. Son travail, distingué dans le Collector des Architectes Émergents en 2020, affirme sa place parmi ceux qui redessinent les contours de l’architecture contemporaine, entre radicalité et poésie.


Dans cet entretien avec A+E Magazine, Ghali Berrada partage son parcours vers l’architecture, son regard sur le monde bâti et sa manière de concevoir une architecture à la fois ancrée, et intemporelle.

A+E // Quelle est votre définition du métier d’architecte ?

Ghali Berrada : L’architecture est une danse silencieuse où les formes s’entrelacent, une mélodie visuelle où les courbes murmurent une émotion. En tant qu’architecte, je me considère comme un sculpteur de lumière et un compositeur de matières, portant une responsabilité immense : transformer des idées en structures qui non seulement émeuvent, mais protègent. Chaque décision, chaque détail, engage une promesse d’équilibre entre la créativité, la solidité et la durabilité.

A+E // Quel a été votre leitmotiv vers les études d’architecture ?

G.B. : Mon cheminement vers l’architecture a été guidé par une fascination pour la manière dont les structures façonnent nos interactions sociales et culturelles. Observer comment les édifices symbolisent les valeurs sociétales et reflètent l’essence d’une communauté a éveillé en moi le désir d’embrasser cette discipline. Mon parcours académique et professionnel, riche en voyages et en rencontres multiculturelles, a nourri cette passion et affiné ma vision ou plutôt, mes visions.

A+E // Pensez-vous avoir fait le bon choix, ou auriez-vous préféré exercer un autre métier ?

G.B. : Sincèrement, il n’y a rien dans ce chemin que je changerais tant il m’a enrichi. L’architecture est une discipline qui me permet de conjuguer toutes mes passions et de contribuer à façonner le monde qui nous entoure. Pour moi, choisir cette discipline c’est embrasser un périple créatif où chaque projet laissent une empreinte durable sur le monde qui transcende les époques.

A+E // Quel autre métier auriez-vous aimé exercer ?

G.B. : Si je n’étais pas devenu architecte, j’aurais probablement exploré le monde de la photographie. Saisir l’instant, figer une émotion, raconter une histoire à travers une image, est une forme d’art qui me fascine et qui complète ma vision architecturale.

A+E // Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes futur(e)s architectes ?

G.B. : Observez le monde avec des yeux d’enfants ! Voyagez, lisez, échangez, questionnez, expérimentez. L’architecture ne se dessine pas seulement sur du papier, elle se construit dans l’interaction avec le monde. Ne craignez pas l’échec, il est le meilleur des enseignants. Et surtout, embrassez ce métier avec passion et résilience car il transforme la persévérance en récompenses inestimables.

A+E // Qu’avez-vous à dire aux jeunes architectes diplômés à l’étranger qui hésitent à rentrer exercer au Maroc ?

G.B. : Le Maroc est une terre d’héritages offrant des opportunités infinies pour les esprits visionnaires. Apportez vos idées, vos compétences, vos visions et contribuez à écrire l’histoire de son paysage. Avec détermination et ambition, venez transformer les défis locaux en réalisations extraordinaires, là où vos racines se trouvent.

A+E // Quel changement majeur pensez-vous qu’il serait nécessaire de faire dans le domaine de l’architecture au Maroc ?

G.B. : Une synergie de plusieurs éléments fondamentaux me semble indispensable pour opérer une réelle différence : rationaliser et moderniser les démarches administratives : la bureaucratie, souvent pesante, entrave la fluidité du métier ; sensibiliser les jeunes au patrimoine et à la durabilité : intégrer une pédagogie active autour du patrimoine et des enjeux d’une construction durable et pourquoi pas, créer un réseau international d’échanges entre architectes : l’architecture est clairement un langage universel, et la mise en place de collaborations mondiales pourrait permettre un transfert de compétences et d’expertise au-delà des frontières, et la co-construction de projets visionnaires.

SANS TRANSITION

A+E // Le métier d’architecte en 1 mot ?

G.B. : Compositeur.

A+E // Le métier d’architecte en 1 proverbe ou citation ?

G.B. : « L’architecture, c’est un voyage. C’est un processus d’apprentissage, d’expérimentation, de construction, de déconstruction. » (Renzo Piano).

A+E // Si le métier d’architecte était une personne ou un personnage ?

G.B. : Frank Lloyd Wright : l’homme qui a réinventé l’interaction entre l’architecture et la nature.

A+E // Le métier d’architecte en 1 poème ?

G.B. : « Zone » de Guillaume Apollinaire, qui fait à la fois l’éloge de la tradition et de la modernité.

A+E // Au final être architecte c’est… ?

G.B. : Être un médiateur entre la nature et l’humain, entre le passé et le futur.


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